Il faut vraiment voir pour croire ce qu’il est advenu de la gare ferroviaire de Takrietz dans la wilaya de Béjaïa. Une gare qui rassemblait autrefois les voyageurs des daïras de Seddouk, de Beni Maouche et de Chemini. Même le grand chanteur Amouche mohand lui a consacré une chanson durant les années 1940, mettant en exergue le jour où il avait pris le train de cette gare vers Alger, fuyant la misère du bled dont le titre était : «Athakrietz inas ivava thidhets». Aujourd’hui, elle est tout simplement abandonnée à son triste sort et livrée aux délinquants de tout bord qui trouvent en elle un lieu de prédilection pour siroter paisiblement des gorgées d’alcool et laisser par la suite les bouteilles vides sur place. Une situation des plus déplorables pour une gare ferroviaire dont la bâtisse est fermée depuis belle lurette et les alentours colonisés par des bouteilles vides de vin et de bière, des tessons de verre, des bouteilles en plastic vides qui jonchent partout où le regard se pose : sur les quais, la voie ferrée, le parking s’ajoutant aux immondices et aux herbes folles. Pourtant la petite bâtisse flambante neuve, a été récemment construite. On pourrait même la qualifier d’un joyeux architectural agréable à voir de loin, car elle attire le regard des nostalgiques. Une bâtisse entourée d’une clôture sans portail laissant libre cours d’entrée à l’intérieur de la gare et dotée de sanitaires qui n’ont jamais servi. Comment peut-on donc imaginer la construction depuis des années d’une gare ferroviaire à coup de centaines de millions, pour l’abandonner ensuite à son triste sort. Déjà elle commence à se dégrader avec les crépis des façades qui tombent avant même qu’elle n’ouvre ses portes aux pauvres voyageurs, qui ne trouvent même pas de bancs pour s’asseoir ou un abris pour échapper à la pluie et au soleil durant l’attente de l’arrivée d’un train. Sur l’une des façades de la bâtisse on peut y lire et s’est écrit en noir et en gros caractères : «gare fantôme». Le train rapide ne s’arrête pas dans cette gare où plane l’insécurité. Le parking pour taxieurs est constamment occupé par les camions lourds, qui trouvent en l’endroit un lieu de stationnement pour longue durée. Si dans cette gare déserte souffle le vent, le motif est à rechercher dans les prestations qui ne répondent pas souvent à l’attente des voyageurs du rail. La SNTF a certes considérablement amélioré le transport par des acquisitions de locomotives modernes neuves et la rénovation de la voie ferrée. Pour qu’elle redore son blason de première entreprise nationale de transport de voyageurs de ligne intérieure dans la wilaya de Béjaia, il faudrait qu’elle complète ces investissements en mettant en service les gares ferroviaires fermées depuis longtemps. Nous citerons à titre d’exemple : Takriets, Akbou, etc.
L. Beddar
