La saline d’Ighil Ouantar en voie de disparition

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La saline d’Ighzer L’mellah, sise sur le côté Est du village Ighil Ouantar, offre aujourd’hui l’aspect d’un site en voie de disparition, quoiqu’une partie est toujours exploitée, alors que dans un passé récent, elle constituait une source substantielle de revenus pour 5000 habitants du village.

Le site Tamellahth est niché entre deux montagnes, comme son nom l’indique en berbère « Ighzer L’mellah ». Pour gagner ce lieu magique, il suffit de se rendre au village Ighil Ouantar, situé à 3 km du chef-lieu de la commune de M’Cisna et à 9 km de celui de la daïra de Seddouk. C’est au pied de la colline de Tamellahth, dans un creux de montagne, que Dame nature nous offre sa splendeur par des relief digne des tableaux de grands artistes peintres, et où une source d’eau salée jaillit comme un cadeau du ciel permettant, ainsi, de faire pousser des bassins tout autour. Ce village est réputé depuis la nuit des temps, pour la production artisanale du sel. Il s’agit d’un métier ancestral, transmis depuis une lointaine époque, de père en fils, par les villageois d’Ighil Ouantar.

Un site touristique impressionnant

Les habitants de ce village se sont battus corps et âme, à l’époque coloniale, afin que cette carrière saline leur revienne de droit. La bataille a été longue et ardue pour les sages du village de l’époque afin d’avoir gain de cause. Des pièces administratives que détient Alloun Elhacene, fils de l’un des Moukadmines du village, attestent que le courage était de mise chez les citoyens de ce village, puisqu’il s’agissait d’apprivoiser l’administration qui, elle aussi, voulait exploiter le site. Il faut dire que l’histoire ressemble à celle d’un vieux combattant. D’après des villageois, le gain de cause est dû au gardien mythique des lieux « Aâssasse N’Ighzer », une légende que les villageois continuent de colporter. D’après eux, la saline a un surveillant qui la protège de tout acte maléfique et qui veille sur elle jour et nuit. Dda Youcef, un vieux de 85ans et saunier au site, justifie cette thèse, ajoutant que les villageois sont reconnaissants à ce protecteur, preuve en est, chaque Louziaâ, un rituel qui se tient chaque en chaque fête du Mouloud, « l’on égorge sept bœufs, six au village et le septième, de couleur noire, au logis d’Aâssasse qui se trouve en plein milieu de la saline ». Cette version, malgré son aspect surnaturel, est assumée par la majorité des villageois. Il faut savoir que la saline est exploitée comme à l’époque de nos ancêtres. C’est dans des bassins, construits à l’aide de pierres, appelés (Iguwelmimène) d’une contenance moyenne de 50 hectolitres chacun, que l’on verse les eaux salées, laquelle, après évaporation, donne naissance à des blocs de sel.

La légende “Aâssasse N’Ighzer”

Ce sont les femmes qui s’occupent de la récupération, selon la tradition et les mœurs du village, l’homme s’occupe uniquement de la commercialisation de cet « or blanc » au niveau des localités de la vallée de la Soummam. Rien ne se fait au hasard dans l’exploitation de cette saline, un programme et des rites y afférant sont mis au point depuis l’existence de cette source salée, disait Dda youcef . A l’orée des périodes des grandes chaleurs, les villageois s’affairent aux préparatifs de la campagne de production, en organisant des volontariats. Pour la remise en l’état des lieux, on remet les digues à leur état initial, on nettoie les étangs et les bassins de séchage. Puis, on s’entend sur un partage équitable permettant à chacun d’avoir sa part. Cette saline, qui a jadis fait la réputation du village Ighil Ouantar, est aujourd’hui en voie de disparition. Une dizaine de bassins, seulement, sont exploités, le reste des eaux se déversent dans le l’oued Soummam. La situation dans laquelle se trouve cette saline suscite de la peine chez tous les citoyens d’Ighil Ouantar.

À cet effet, une association culturelle dénommée Tamellahth a été créée pour préserver ce patrimoine culturel le remettre au goût du jour, c’est-à-dire l’exploiter en usant des moyens les plus modernes. Le président des sages du village, Si Abdelkader, dans son allocution à l’assemblée générale de l’association, parle déjà des bienfaits que pourrait engendrer la valorisation du site, notamment par le tourisme culturel, conditionnant cela par la nécessaire volonté des autorités locales compétentes à savoir la direction de la culture et le wali.

Tahar Bouallak

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