Les prix des fruits et légumes flambent !

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La dernière tempête de neige, qui a balayé le nord du pays, n’a pas été sans conséquences sur l’approvisionnement en fruits et légumes dont les prix ont connu une hausse vertigineuse, au grand dam des consommateurs qui ont toutefois le privilège de vivre dans les chefs-lieux. En haute montagne, c’est la grande pénurie. Faute de marchés, les magasins détaillants sont en rupture de stocks.

Face au désarroi des consommateurs, les commerçants ont justifié cette hausse des prix par le manque d’approvisionnement à partir des marchés de gros, ainsi que par l’absence de récoltes en raison des conditions climatiques exécrables. Une situation qui s’est immédiatement répercutée sur les prix des quelques produits encore disponibles sur les étals. En résumé justifient, les vendeurs, c’est la loi de l’offre et de la demande qui a subi un dérèglement, avec une demande en hausse et une offre en baisse. Hier, les quelques rares vendeurs de fruits et légumes qui avaient encore de la marchandise à proposer aux clients au niveau du marché couvert du centre ville de Tizi-Ouzou, affichaient des prix qui donnent tout simplement froid au dos. C’est le cas de la pomme de terre qui a vu son prix atteindre les 75 DA le kilo, alors qu’il y a à peine une semaine, elle se négociait autour des 40 DA. Le prix de la courgette a dépassé la barre des cent dinars pour se vendre, hier, à 130 DA, tout comme le poivron, cédé à 120 DA le kilo. La tomate n’a pas été en reste puisque son prix a atteint 80 DA, tout comme la carotte affichée à 60 DA. Les fèves vertes, très prisées en cette période, ont vu leur prix atteindre 75 DA, soit une hausse de 20 DA en l’espace de moins d’une semaine. La hausse a atteint parfois 30% et, selon les dires de certains commerçants, les prix de certains produits peuvent atteindre une hausse de 50% si le mauvais temps persiste encore dans les prochains jours. Malgré cette hausse sensible des prix, les citoyens étaient nombreux à faire leurs emplettes, nous rappelant parfois les scènes de bousculades lors des fêtes religieuses. Une situation qui fait le bonheur des rares marchands qui ont réussi à s’approvisionner en produits, dont la majorité provient des chambres froides, à l’instar de la pomme de terre et des oignons. « Tout ce que vous voyez ici provient des chambres froides, à part la tomate et les poivrons cultivés sous serres », explique un marchand de fruits et légumes qui a tenu a nous préciser qu’en raison de la fermeture des routes, la récolte en provenance de Biskra et ses environs n’a pas pu être acheminée vers les marchés de gros du centre du pays. Ajouter à cela, les difficultés rencontrées par les agriculteurs pour accéder à leurs champs pour la récolte des légumes, à l’instar de la pomme de terre, en raison des intempéries. « Les stocks ont presque été tous épuisés et si le mauvais temps persiste, on risque de se retrouver sans rien proposer à nos clients », ajoute notre interlocuteur qui n’a pas caché sa crainte de voir une pénurie de certains produits de large consommation. Une pénurie qui a déjà touché les régions situées en haute montagne où les fruits et légumes se font rares dans quasiment tous les étals. La population des ces régions, qui ont l’habitude de s’approvisionner au niveau des marchés hebdomadaires, ont vite déchanté. En effet, depuis une semaine, tous les marchés sont fermés. C’est le cas de ceux de Larbaâ Nath Irathen, Souk El Had, Iferhounene, Bouzeguene, Ain El Hammam… Même les habituels marchands ambulants, qui sillonnaient quotidiennement les hameaux et bourgades les plus reculés de haute Kabylie, se sont mis au repos forcé en raison des routes coupées. Les quelques rares commerçants disposant de véhicules tout terrain n’ont pas pu satisfaire la demande de leurs clients.

Quand la spéculation fait des ravages

L’autre phénomène qui a fait envoler les prix est celui de la spéculation. Si les commerçants ressassent à qui veut les entendre que la hausse des prix est due seulement à des contraintes climatiques et à l’absence de l’offre face à la hausse de la demande, les consommateurs n’hésitent pas à pointer du doigt la voracité de certains spéculateurs qui ne se font pas prier pour afficher des prix largement à la hausse, à chaque fois que l’occasion se présente devant eux. « Si on parle des conditions climatiques, pourquoi alors certains produits qui ne sont pas concernés par la récolte ces jours ci ont vu leur prix augmenter, à l’instar de certains fruits », s’interroge un père de famille faisant allusion au prix de la banane affichée à 160 DA, alors que son prix était de 130 DA il y a moins de cinq jours, précise-t-il à la face du commerçant qui n’a pas trouvé de réponse. S’il est vrai que le consommateur est toujours la victime face à la hausse des prix, la disponibilité de denrées alimentaires de première nécessité reste, aujourd’hui, sa première priorité face à cette catastrophe naturelle. C’est le cas du pain, du lait et des légumes secs, devenus de plus en plus rares chez les commerçants. Même le lait en poudre n’est plus disponible dans certaines régions et dans certaines localités, il se vend sous le manteau. Les rares boulangeries qui fonctionnent encore grâce à des groupes électrogènes, suite aux coupures de courant électrique, ont vu des files de plusieurs centaines de citoyens se former dés les premières heures de la matinée afin de s’approvisionner en pain. L’autre souci majeur des citoyens est celui de l’absence de bouteilles de gaz butane. Le centre enfûteur de Oued Aissi ne désemplit pas. Chaque jour, des centaines de camions ravitailleurs, venus des quatre coins de la wilaya, s’entassent devant le portail de Naftal. Certains camions ont été contraints d’y passer la nuit afin de pouvoir arracher un hypothétique chargement en bonbonnes de gaz. Certains distributeurs se voient arrêtés en pleine route par des citoyens munis de leurs bonbonnes vides, tellement tout le monde court derrière ce produit devenu une denrée rare. Face à cette situation de crise sans précédent, le prix de la bouteille a atteint dans certaines localités 1000 DA l’unité. C’est le prix de la spéculation qui semble coller désormais aux mœurs des algériens qui ne ratent aucune occasion pour profiter du malheur de leurs concitoyens.

Ali C.

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