Le scandale du Watergate

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Celle-ci survient et arrête cinq personnes. Que cherchent-elles ? on s’aperçoit que quatre des cambrioleurs ont des caractéristiques communes : Il ont travaillé auparavant au service de la CIA et ils appartiennent au milieu anticastriste de Miami, le chef de cette expédition nocturne s’appelle Barker.On découvre qu’il a récemment retiré de sa banque la somme de 114 000 dollars. Une partie de la somme provient des fonds recueillis en vue de la campagne électorale de M. Nixon qui a été élu président des Etats-Unis en 1969 et qui se représente dans quelques mois.Un chèque a donc été remis au chef des cambrioleurs par un certain M. Dahlberg, responsable financier de la campagne de M. Nixon pour le Middle West. Lors de l’arrestation, et parmi toute une panoplie de gadgets d’espionnage électronique, on tombe sur une note portant le nom de M. Hunt et une adresse : La Maison-Blanche. L’immeuble cambriolé abritait l’état major du parti démocrate, adversaire du parti républicain de M. Nixon. Cet immeuble portait un nom : le Watergate.Ainsi commença, en cette nuit du 16 au 17 juin 1972, l’affaire la plus retentissante de l’histoire politique des Etat-Unis d’Amérique. Quand on sait l’habileté parfois diabolique déployée par Richard Nixon tout au long de sa carrière, on reste confondu devant la maladresse qui devait provoquer sa chute. Pourquoi avait-il besoin d’espionner le parti, démocrate ? de toute façon, les spécialistes s’accordaient sur un point : Il serait facilement réélu. Sans doute faut-il chercher les raisons de cette erreur dans la personnalité même de Nixon, son goût maladif du secret, des manoeuvres ténébreuses, des opérations menées dans les coulisses.Quoi qu’il en soit, dès le lendemain de l’arrestation de ces “plombiers de la Maison-Blanche”, le porte-parole de M. Nixon déclarera : “Je me refuse à tout commentaire sur un cambriolage de troisième ordre”.Le président lui même crut bon de préciser dans une conférence de presse : “La maison-blanche n’a rien à voir dans cet incident”. C’était sans compter sur la fureur et la détermination du parti, démocrate, et aussi l’obstination de deux journalistes.Howard Huni, dont le nom figurait sur la note saisie sur le lieu du cambriolage, étant effectivement un conseiller de la Maison-Blanche. C’était aussi un curieux personnage.Il avait appartenu à la CIA pendant vingt ans et, à ses moments perdus, il écrivait des romans d’espionnage.Cependant sous la pression des démocrates, le FBI est obligé de mener l’enquête jusqu’au bout. Tandis qu’à sa conférence de presse du 27 juin, Nixon avait assuré ne rien savoir de cette affaire, on apprit, mais bien plus tard, quand le président fut aux abois, qu’en réalité, dès le lendemain il avait donné des instructions à son collaborateur Haldeman pour que l’enquête du FBI soit arrêté par tous les moyens, on le saura deux années après. Le peuple Américain, stupéfait apprendra même que, sur les instructions de Nixon, des sommes d’argent furent remises aux hommes arrêtés au Watergate afin d’acheter leur silence. C’est cette duplicité formidable que les Américains ne pardonnèrent jamais à leur président, voila donc Nixon, à quelques mois de l’élection présidentielle en mauvaise posture avec son entourage immédiat. Parmi cet entourage figure son conseiller juridique John Dean, consacrant de longues heures à cette affaire, alors qu’en public il affecte de se situer bien au dessus de la mêlée.Le 29 août, il déclare que personne à la Maison Blanche n’est responsable de cette sordide affaire et qu’il tient cette certitude des résultats d’une enquête qu’il a lui même supervisée. En fait, il ne songe qu’à une chose :Etouffer le scandale, au moins jusqu’à l’élection. Le 15 septembre, un grand jury fédéral inculpe les cambrioleurs ainsi que leur chefs présumés : Hunt et un certain Liddy, membres du comité constitué pour la réélection du président. Et le 20 septembre, la presse annonce que deux membres de ce comité ont détruit des dossiers concernant l’affaire du Watergate. Pendant ce temps, que fait le président ? Les conversations de Nixon enregistrées sur magnétophone et qui le conduiront à sa perte en 1974, nous révélent ce qu’il faisait et ce qu’il disait en septembre 1972. Dans l’après-midi du 15, il tient conseil avec Haldeman et Dean. Le grand jury vient d’inculper les cinq espions et Nixon est furieux. “Je veux des rapports le plus détaillés possible, fulmine-t-il sur tous ceux qui ont essayé de nous impliquer. Ils l’ont fait délibérement, alors ils n’auront que ce qu’ils méritent. Nous n’avons jamais utilisé le pouvoir durant les quatre première années, ni le FBI, ni le département de la justice, mais les choses devront changer maintenant”. Les intentions de M. Nixon sont déjà claires : Il fera tout pour étouffer l’affaire. C’est alors qu’au mois d’octobre, le New York Times et le Washington Post annoncent que le cambriolage du Watergate ne représente qu’une partie d’un vaste plan de sabotage et d’espionnage de la campagne électorale du parti démocrate.Malgré cela, Richard Nixon est réélu président des Etats-Unis, le 7 novembre avec l’une des plus forte majorité qu’on ait jamais connue dans une élection présidentielle américaine.Le 8 janvier 1973, s’ouvre le procès des cambrioleurs. Ils affirment n’avoir été payés par personne. En ce début d’année Nixon met fin à la guerre du Vietnam. Sa popularité atteint un score, vertigineux. Le couple qu’il forme avec Kissinger est respecté, redouté et parfois admiré.Mais le 2 février, le juge Sirica affirme que les accusés n’ont pas dit toute la vérité au procès. Est-ce qu’un misérable cambriolage va empêcher de gouverner un président si bien élu, si populaire ? Il faut le croire, car le 7 février 1973 le puissant Sénat vote la création d’une commission d’enquête, menée par le pouvoir judiciaire et par le pouvoir législatif. Elle est dirigé par le sénateur Sam Ervin, cette affaire commence à énerver sérieusement Nixon qui ne sait comment se défaire du piège. Lui et son entourage accumulent alors les erreurs. C’est ainsi qu’ils décident de discréditer la commission sénatoriale. Ce jour là, Nixon discutera avec ses collaborateurs des moyens appropriés, qui pourraient inciter au silence Hunt. L’enregistrement de ces conversations est accablant. “Si jamais cette histoire éclate, dira Dean, alors nous serons complètement à découvert. Je pense que ce serait très grave pour vous”.“C’est sur, répondra Nixon, c’est toute l’idée que l’on se fait de l’honnêteté des pouvoirs publics”…Le 30 avril 1973, les premières démissions surviennent à la Maison-Blanche. Elles concernent les deux plus proches collaborateurs du président : John Eruchman et Robert Haldeman. John Dean fut renvoyé, ce jour-là Nixon reconnaît pour la première fois qu’il a pu être trompé. Les Américains croient encore que le président est innocent.En mai, la commission sénatoriale commence ses auditions. Le 29 juin, Dean entendu par les sénateurs, révéle que Nixon était au courant des tentatives d’étouffement de l’affaire depuis le 15 septembre 1972.Le scandale grandit et le filet se resserre autour du président. Le 16 juillet une révélation formidable secoue l’Amérique. Depuis 1970, les conversations du président Nixon sont automatiquement enregistrées sur des bandes magnétiques. Nixon refuse de les donner.Le 14 août, l’indice de popularité de Nixon chute.Le 10 octobre, le vice-président Agnew démissionne. Gerard Ford le remplace. Dès lors, les évènements ne cesseront de se précipiter. Le 30 octobre la commission judiciaire entame la procédure “d’impeachment” qui peut mettre le président en accusation. Le 13 juillet 1974, la commission publie son rapport. Il est accablant. Le 5 août Nixon avoue. Le 9 août, il démissionne. Le 8 septembre il exprimera son regret et son chagrin devant l’angoisse que ses fautes ont infligé à la présidence et à la nation. Ainsi se termine une affaire qui avait débuté une nuit de juin 1972, dans un immeuble nommé Watergate. Elle a de quoi faire réfléchir non seulement les Américains, mais tous les peuples du monde.

M. Ouaneche

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