Le manuel scolaire de Tamazight au centre des débats

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Le Haut Commissariat à l’Amazighité a organisé en fin de semaine dernière, deux journées d’étude sur le manuel scolaire en tamazight. Cette rencontre vise, selon les propos des responsables du HCA, à rassembler les chercheurs et praticiens qui travaillent autour de la question de ce support pédagogique.

Intervenant en premier, R. Boukherouf, de l’université de Tizi-Ouzou aborde la question de la didactisation ou / et aménagement dans les manuels scolaires. C’est la problématique de la confection de ces manuels qui a été mise en exergue, sachant que les confectionneurs de ces supports avaient été chargés d’un travail colossal qui consiste à didactiser une langue non aménagée. Le conférencier n’a pas omis de rendre hommage aux concepteurs des manuels mais a, tout de même, tenu à souligner les lacunes qu’il a lui-même relevées. Ces dernières ont été justement répertoriées par B.Kebir, inspecteur de tamazight à Tizi-Ouzou. Dans son intervention, cet éducateur a pris soin de dresser un tableau de comparaison entre les manuels confectionnés pour le cycle moyen et les orientations officielles contenues dans le programme de chaque niveau. Ce sont les textes proposés dans les différents manuels qui sont passés en revue par l’orateur en les classant selon leur type ainsi que leur origine. L’expertise réalisée sur ces supports relève le surnombre des textes fabriqués sur celui d’authentifiés. C’est ce qui suppose, sans conteste, une certaine démotivation du lecteur et surtout l’absence d’une cohérence, pourtant soulignée dans les orientations, entre les séquences. Beaucoup d’autres lacunes ont été également repérées, que ce soit au niveau de la démarche qu’à celui de la conformité. Cela a été appuyé par H. Mansouri, en sa qualité d’inspecteur de tamazight à Tizi-Ouzou, dans un exposé sur l’enseignement du lexique comparativement à celui proposé dans les manuels scolaires. L’intervenant a, d’emblée, tenté de développer trois points fondamentaux, à savoir les objectifs que s’est tracés le Ministère de l’Education Nationale pour l’enseignement du lexique, puis la structuration des séances de lexique dans les manuels scolaires et enfin l’ébauche la plus adéquate à même de structurer l’enseignement du lexique selon les deux approches. Le sujet traité révèle une difficulté capitale, chez la grande majorité des enseignants de tamazight, pour qui la compréhension n’est guère facilitée, surtout que le glossaire préconisé est incomplet. D’autres intervenants comme M. Tidjet de l’université de Béjaia et Y. Zidane, enseignant dans cette même ville, ont insisté sur les manuels de la 4ème année primaire et la première année moyenne. De la forme au fond, les deux supports ont été soigneusement décortiqués par les conférenciers qui ont d’abord souligné les lacunes, pour ensuite proposer des esquisses à même de répondre aux attentes des apprenants. La question de la culture dans le manuel scolaire a été abordée par Tidjet qui a souligné l’importance de celle-ci dans la construction de la personne. Démarche longuement développée par A. Nabti, de l’université de Tizi-Ouzou. Spécialiste en didactique, cet enseignant a présenté sa communication en se référant à une riche bibliographie qui traite de l’élaboration des manuels scolaires, et plus précisément de ceux de la langue amazighe, où il voit la nécessité absolue de lier le contenu aux réalités sociales et au patrimoine culturel du public visé. Plusieurs indications ont été apportées par le conférencier sur la motivation, il a cité Annie Couedel, l’une des enseignantes universitaires de Paris 8 qui est à l’origine de la mise en œuvre de la démarche de la pédagogie de projet et qui a, avec le concours du HCA, formé beaucoup d’enseignants de tamazight ici en Algérie. Lui succédant à la tribune, sa fille K. Nabti a apporté une expérience sur l’élaboration des manuels dans le domaine du français sur objectifs spécifiques. L’oratrice a posé la question de la possibilité d’élaboration des manuels de tamazight en tant que langue d’enseignement. Dans un autre registre, H.Halouane, de l’université de Tizi-Ouzou, a abordé la question de la place de l’universalité et son ouverture sur le monde dans les manuels scolaires. Pour que DJ.Sekhi, enseignant de tamazight en France apporte son témoignage. Une communication fort intéressante qui nous renseigne sur l’état d’avancement de tamazight au sein de l’émigration ainsi que la place qu’occupe cette langue auprès des personnes étrangères qui viennent assister aux cours et affichent une envie et une volonté de l’apprendre.

S. M.

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