La 10e édition des Journées cinématographiques de Béjaïa a débuté samedi soir avec la projection du dernier film documentaire de Malek Bensmail, « La Chine est encore loin », en présence d’un public fort nombreux. L’œuvre, dont le titre n’évoque pas le contenu, retrace le vécu d’un village des Aurès, celui de Ghassira en l’occurrence, et met en avant les rapports de ses habitants avec l’histoire, la langue, la religion, la place faite aux femmes, etc. Sans trame réelle, l’auteur ouvre une multitude de sujets sans en traiter aucun, préférant laisser la parole à ses protagonistes, pour dire simplement leur vécu, leur déception et leur rêve. Le premier coup de projecteur, s’ouvre sur la mort d’un couple d’enseignants et d’un caïd, à Ghassira, la nuit du 1er Novembre 1954, et s’éteint, en 2010, sur une excursion d’écoliers vers une plage de Skikda. Le fil conducteur, entre les deux scènes, reste l’école, du village qui, un demi-siècle après l’indépendance, est toujours là prodiguant toujours le savoir, mais avec une conception éducative différente. La langue française y a perdu de sa superbe et les potaches ne s’y intéressent plus au grand désarroi du maître d’école, qui peine à trouver la bonne méthode pour son enseignement. Par un curieux hasard, l’histoire s’invite dans l’établissement à cause des circonstances de la mort de ses anciens occupants. Plusieurs versions y sont colportées, et les anciens du village peinent à livrer une approche unique, supposée pourtant être un fait de guerre majeur, en cette nuit de la Toussaint. Ainsi va le film, égrenant les sujets mais pour dire une seule chose : l’intérêt de la connaissance et du savoir, qu’il faut ramener, conformément au hadith du prophète (QSSL) y compris, d’une contrée aussi lointaine que la Chine. L’œuvre en fait pose plus de questions qu’elle n’en résout. Elle pose, en deux heures de projection, tout le débat sociétal post indépendance et augure déjà de la suite du programme de cette manifestation qui, à l’évidence, va soulever des questions analogues. S’étalant jusqu’au 15 juin prochain, l’événement organisé par l’association locale « Project-heurts », est adossé à une trentaine d’œuvres, alternant le long et le court métrage ainsi que le documentaire, dont un grand nombre sera diffusé en présence de leurs auteurs. Ouvertes en 2003, ces rencontres constituent un lieu d’échange entre les producteurs et les amateurs de cinéma, « ceux qui font des films et ceux qui les regardent », selon l’expression consacrée, assorties, durant tout leur déroulement, d’ateliers d’apprentissage, notamment en matière de montage ou d’écriture de scénarios. Plusieurs pays y prennent part, notamment la Tunisie, le Maroc, la France, la Belgique, et l’Iran.
