La ville d’Akbou est l’une des plaques tournantes du marché de change parallèle.
Flairant le filon, une pléthore de spéculateurs s’est reconvertie en cambistes de fortune, s’adonnant, chaque jour que Dieu fait, au jeu d’anticipation du cours de la devise européenne. Ce commerce interlope, mais néanmoins toléré met quotidiennement en jeu des sommes d’argent colossales, échappant à toute imposition. Avec une étroite marge bénéficiaire découlant du différentiel entre le cours à l’achat et à la vente, certains marchands de devise avouent empocher de juteuses plus-values. A fortiori quand le marché est dopé par un volume consistant de transactions. Valeur vedette de cette bourse informelle, l’Euro consolide, chaque jour davantage, sa place de valeur refuge. L’Euro se négocie, depuis quelques jours, sur la place d’Akbou autour de 148 dinars. Un niveau jamais atteint depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 2002. «La parité de l’euro est invariablement orientée vers la hausse. Cela dure depuis plusieurs mois. C’est une tendance lourde qui se confirme de plus en plus», nous explique un marchand de la devise à Akbou, non sans conjecturer sur la poursuite de ce mouvement haussier. Ce taux de change parallèle, qui n’est pas très éloigné du cours officiel pratiqué par les banques commerciales, est de l’avis de bien des experts de la finance, l’un des indicateurs fiables de l’état de l’économie nationale et, par ricochet, de la véritable place du Dinar sur le marché financier. Ainsi, lentement mais surement, le Dinar poursuit sa lente dérive et perd progressivement de son pouvoir d’achat. «Une monnaie faible est le principal symptôme d’une économie grabataire», résume un banquier d’Akbou.
N. Maouche

