Un projet de 26 milliards pour rien !

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Exaspérée, la population de la commune d’Aït Yahia Moussa, notamment celle du versant ouest n’arrive plus à comprendre la raison de cette pénurie d’eau potable.

D’ailleurs, pour ce seul manque, la quasi totalité des villages recourent à la fermeture de la mairie, de la daïra de Draâ El Mizan et la RN 25. De Tachtiouine, en passant par Hellil, par Tifaou, par Tafoughalt, par Ath Rahmoune, c’est la même revendication. « Nous avons soif. Où sont les vingt-six milliards de centimes engloutis par le projet de Oued Bougdoura? », s’interroge tout le monde. Et personne ne répond. « L’idée remonte à la fin des années 2000 quand les représentants des villages avaient pris en otage l’exécutif communal durant presque une semaine. Et c’est à partir de là que le projet est inscrit », nous raconte un élu à l’APC. Avant de nous rappeler toute la genèse du projet : « Une étude a été engagée pour non seulement creuser les forages à Oued Bougdoura, mais aussi réaliser une conduite sur trente- cinq kilomètres avec bien sûr la complication du relief très accidenté et escarpé ». Notre interlocuteur se pose cette question : « Comment une étude pareille a-t-elle été acceptée ? L’eau n’arrivera jamais au dernier village de la chaîne, à savoir Tafoughalt. C’est un projet qui ne peut alimenter que deux villages, à savoir Tachtiouine et Ath Attella à la rigueur « . Et l’erreur commise, selon lui, est de l’avoir réalisée en PEHD. « C’est plein de fuites. Je vous citerai l’une d’elles à Ighil Mouhou. Cette fuite peut alimenter une ville de la taille de Draâ El Mizan. Malheureusement, à chaque réparation, la conduite éclate un peu plus loin. Pour une seule réparation, il faudrait attendre tout un mois, voire plus », enchaîne le même responsable. Ce dernier nous dit que pour remplir un réservoir d’eau de 500 mètres cube pour Tafoughalt, à l’extrême de la chaîne, il faudrait dix-huit heures de pompage. Du côté d’Iâllalen, d’Ighil El Vir, de Tizra Aïssa et des hameaux environnants, la crise n’est pas aiguë. Alimentés à partir des forages de Kantidja, les habitants de ces villages ne vivent pas le même manque. Mais, il faut le dire quand même que cette eau laisse tout de même un arrière-goût. Les citoyens recourent à l’eau de source. « Nous n’avons pas de problèmes comme les autres habitants de la commune. Peut-être avec la réalisation du barrage d’Assif N’Tletta, nous en serons alimentés », pense un habitant d’Ath Houalhadj. Et les solutions ? Notre interlocuteur propose une feuille de route. « Vous savez, ce n’est pas facile de convaincre tout le monde, mais il faut quand même oser proposer des solutions. D’abord, il faut se mettre à la table des négociations avec, d’une part, tous les représentants des comités de villages, et d’autre part, l’APC, l’hydraulique et l’ADE. Chacun doit prendre en charge son volet. Par exemple, l’hydraulique va s’occuper des forages, de la conduite, des motos pompes, et l’emplacement des compteurs. L’ADE, la gestion de l’eau en quantité suffisante et l’APC avec les moyens qui lui seront demandés », avance cet interlocuteur. Et de continuer : « Une fois la feuille de route adoptée par tous, il faudrait passer à l’action. Chacun sera responsable de la mission qui lui sera dévolue. S’il y a un manquement quelque part, il faut trouver rapidement celui qui a failli. C’est une affaire qui nous concerne tous pour que nos concitoyens ne vivent plus de telles crises. Et puis, il faut que nos concitoyens fassent la part des choses. Est-ce l’APC qui paie toute seule les frais?». Dans cet ordre d’idées, notre interlocuteur nous a fait savoir que l’APC règle trois cents millions de centimes par trimestre sans que les citoyens ne soient satisfaits. En tout cas, telle est la situation qui pousse les habitants d’ Aït Yahia Moussa à exprimer leur colère surtout en cette période estivale où l’eau n’ a pas coulé des robinets dans des villages par exemple à Tafoughalt, le plus touché par ce manque, depuis une quarantaine de jours. « Depuis quarante jours, nous n’avons pas eu une goutte d’eau », se lamente ce fonctionnaire du CEM Chahid Rabah Meddour. On croit savoir qu’après avoir fermé le siège de la daïra de Draâ El Mizan et la mairie d’Aït Yahia Moussa, à trois reprises, il a été décidé d’alimenter ce village à partir de Draâ El Mizan avec l’eau qui arrive du barrage de Koudiet Acerdoun. Nous avons appris que l’opération d’une réalisation d’une conduite autonome vers ce village a été confiée à une entreprise et que les travaux vont être lancés incessamment. Serait-ce la fin du calvaire pour ces cinq mille habitants ?

Amar Ouramdane

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