Comment relancer les investissements et la compétitivité ?

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La Direction de l’Industrie de la Petite et Moyenne Entreprise et la Promotion de l’Investissement de Bouira, organise les journées d’Investissement et Jeunes entrepreneurs. Hier, lors de la première journée, une conférence débat a été organisée à la maison de la culture Ali Zaamoum, dans le but de mieux comprendre ce secteur, qualifié de stratégique par les autorités publiques, et de diagnostiquer les maux et y apporter les remèdes adéquats. En effet, c’est en présence de nombreux acteurs de la scène de l’investissement et autres experts en la matière, que cette conférence présidée par le directeur des PME/ PMI à Bouira, que différents intervenants se sont exprimés sur le sujet en apportant une analyse parfois critique sur ce secteur. Le premier intervenant, était M. Boukrif Moussa, docteur en économie et professeur à l’Université de Béjaïa, a axé son intervention sur l’environnement socioculturel de la création d’entreprise en Algérie et son impact sur la compétitivité de ces dernières. Cet expert à souligné : « Les PME algériennes sont loin d’être compétitives, pis encore, elles souffrent d’une durée de vie très limitée que nous avons estimé à 3 ans au grand maximum ». Ce fait est, selon M. Boukrif, lié à la culture socioéconomique des investisseurs algériens : « Chez nos jeunes entrepreneurs, la création d’entreprise est une idée à défaut, ou bien faute de mieux ! Nos jeunes, n’ont pas cette culture entrepreneuriale, loin de là ils choisissent de créer une entreprise pour survivre et travailler et non pas dans le but de créer et d’innover », a souligné ce spécialiste. A titre de comparaison et d’après les statistiques établies par cet économiste, en Tunisie le taux de pénétration des PME/ PMI est évalué à 350 entrepreneurs/100 000 habitants, tandis qu’en Algérie, il est de seulement 70 entrepreneurs/ 100 000 habitants. « Ces chiffres parlent d’eux-mêmes ! C’est toute une culture de l’entreprise qu’il faut réétudier », a préconisé M. Boukrif. Un autre chiffre a été mis en exergue par le conférencier, celui relatif au ‘’ taux de mortalité’’ des PME/PMI algériennes. Selon ce spécialiste, il est situé aux alentours de 50%. Autrement dit, sur un échantillon de 100 entreprises créées, seuls 50 d’entre-elles, ne disposent pas le bilan au bout de trois ans d’activités. « C’est un constat effarant et inquiétant à la fois », a noté l’orateur. Toujours selon M. Boukrif, cette ‘’ faillite’’ de l’entreprise et l’esprit d’entreprendre dans notre pays, est essentiellement due à l’absence de trois facteurs de base, à savoir : l’absence d’études de marché le manque d’expérience et l’amateurisme qui caractérisent les jeunes entrepreneurs et enfin le manque de savoir-faire. « Ces facteurs sont des éléments clés pour l’émergence d’une réelle culture entrepreneuriale, sans leur prise en compte, toute initiative de création d’entreprises viables, est vouée à l’échec », a-t-il encore martelé. Au terme de son intervention, M. Boukrif a incité les Universités algériennes à « investir d’avantage, dans la promotion et l’enseignement des techniques de managements et à inculquer aux étudiants, qui sont de potentiels entrepreneurs, l’esprit de compétitivité et surtout les méthodes à suivre pour réussir un projet ». Par la suite, c’est M. Djouimaâ Lamri, expert-comptable et commissaire aux comptes, qui a pris la parole pour expliquer les étapes et les démarches à suivre dans le processus de la création d’entreprises. Selon cet expert, il existe dix (10) étapes incontournables dans le mécanisme de la création de PME/PMI viables et compétitives : « Une idée adéquate, bâtir et concevoir un projet réaliste (trouver un marché porteur, études de marchés, analyse de la clientèle), établir une prévision financière, trouver des aides financières, choisir un statut juridique qui sied au domaine d’activité et enfin, faire un bilan à court terme de l’entreprise ». Selon M. Djouimaâ, ‘’la faillite’’ enregistrée dans le secteur des PME/PMI résulte : « du non suivi de ces étapes élémentaires, dans le cursus des jeunes entrepreneurs ». Concernant le choix du statut juridique de la société ou l’entreprise par les entrepreneurs, ce spécialiste a constaté qu’il est fait ‘’au hasard’’, avant de citer un exemple sur ces choix ‘’ fortuits’’ : « Quand nos entrepreneurs vont chez le notaire pour avaliser leur contrat, à la question : quel est le statut juridique de votre entreprise ? La quasi-majorité des jeunes répondent naïvement : faites comme bon vous semble !», avant de préciser que : « le nombre de Sociétés par actions (SPA, ndlr), est très réduit en Algérie, comparativement aux sociétés à responsabilité limitée (SARL), pourtant, les SPA ont l’avantage de la souplesse et l’adaptation aux changements économiques ». Enfin, les derniers intervenants de cette conférence sur l’Investissement et Jeunes entrepreneurs, en l’occurrence M. Temam, directeur des engagements et des suivis au niveau du Fond de garantis et aide en ressources (FGAR) et M. Aït Ouhamou directeur des engagements à la CGMIPME ont expliqué les modalités de financement et d’aides octroyées aux jeunes désireux de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Notons enfin que ces journées d’études se poursuivront aujourd’hui, avec la lecture des recommandations des experts dans le but de bâtir des PME/PMI compétitives et la remise des actes de concession aux profits des investisseurs.

Ramdane.B

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