Les souris aussi peuvent apprendre à chanter…

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Des chercheurs américains affirment que le rongeur est capable de moduler les ultrasons qu’il émet et de s’accorder avec ses congénères. 

Deux souris mâles vivant dans une même cage accordent les ultrasons qu’elles émettent pour chanter dans le même ton. 

C’est une étude qui pourrait faire entrer les souris dans un cercle très fermé celui des animaux capables de moduler leur chant et d’apprendre de nouvelles « mélodies ». Jusqu’ici, hormis l’homme, seuls quelques oiseaux comme le perroquet et certains mammifères (des primates, les cétacés ou encore les éléphants, les lions de mer et les chauves-souris) étaient supposés avoir cette rare faculté. 

Pourtant, en observant les ultrasons émis par des souris mâles faisant la cour à des femelles, jusqu’ici considérés comme innés, des chercheurs de l’université de Duke aux États-Unis ont fait une étonnante découverte. En plaçant deux mâles dans une même cage, toujours en présence d’une femelle, les scientifiques ont constaté que les animaux adoptaient progressivement le même chant composé de sifflements plaintifs oscillant entre des fréquences de 50 et 100 kHz kilohertz, comme s’ils accordaient leurs violons pour parvenir au même ton. Un processus qui, selon les résultats de ces travaux publiés dans la revue scientifique PLoS One, prendrait environ huit semaines. Précisément, c’est le mâle le plus frêle des deux qui chercherait à imiter la sérénade de son colocataire plus robuste… 

En étudiant de plus près l’encéphale des souris, les chercheurs ont mis en évidence l’implication de différentes zones du cerveau, notamment d’une aire motrice, ainsi que des connexions neuronales permettant un contrôle des muscles du larynx. Des caractéristiques présentes chez toutes les autres espèces concernées par cette aptitude. De là dès que les scientifiques altéraient leur cortex moteur, les rongeurs devenaient incapables de reproduire le chant de leurs congénères. Même résultat lorsque les souris étaient rendues sourdes, preuve que l’ouïe et la capacité à décoder et à mémoriser les sons étaient elles aussi en cause… 

« C’est une découverte excitante, car elle démontre la présence d’un contrôle direct du cerveau antérieur sur les neurones vocaux, ce qui est l’un des aspects les plus déterminants dans l’évolution du langage humain », affirme l’auteur principal de l’étude, tout en estimant que les possibilités des souris restent toutefois limitées au regard de celles des perroquets et des quelques autres oiseaux capables d’apprendre des phrases musicales. Certains biologistes restent encore sceptiques face à cette étude qui bouleverse les connaissances actuelles sur l’espèce, invoquant notamment un trop petit nombre de souris étudiées. Il faudra donc mener de nouvelles expériences pour parvenir à valider définitivement la découverte. Mais, si tel est le cas, la souris pourrait se révéler un bien meilleur modèle que prévu pour la recherche sur certaines maladies, comme l’autisme ou les troubles de l’anxiété.

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