Le président français, François Hollande, est attendu aujourd’hui à Alger pour une visite de deux jours qui doit le mener jusque dans la capitale des Zianides, Tlemcen.
Selon Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, cette visite qui revêt un cachet particulier, vu la nature des liens qui lient les deux pays, « pourrait créer les conditions favorables à une réappropriation de notre mémoire », tout en n’excluant pas le fait que les « questions mémorielles soient abordées, bien qu’elles ne figurent pas à l’ordre du jour ». Le chef de la diplomatie algérienne poursuit, à ce propos, par affirmer que « ces questions (mémorielles) n’intéressent pas uniquement les gouvernements, mais aussi les opinions publiques », avant de confier que « nous n’avons jamais perdu espoir, même au plus fort des malentendus avec Paris ». C’est ainsi qu’il faudra, probablement, s’attendre à des déclarations phares et en rapport avec la mémoire, que certains souhaitent vivement et d’autres contestent, lorsque le président français s’adressera au peuple algérien devant les deux chambres réunies du Parlement (Sénat et APN). Par ailleurs, le premier Ministre, Abdelmalek Sellal, a fait savoir dans un entretien accordé au journal du soir de France 3 que l’Algérie souhaite, à la faveur de la visite en Algérie du président François Hollande, bâtir avec la France une relation résolument tournée vers l’avenir, expurgée de “concepts éculés”. « Nous attendons de cette visite l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations entre l’Algérie et la France, basé sur l’amitié et la coopération ». À une question de Christian Malar de savoir s’il n’est pas temps de faire table rase du passé et de faire de l’Algérie et de la France, en Méditerranée, ce que la France et l’Allemagne sont à l’Europe, le chef du gouvernement a affirmé que les deux pays sont dans une « phase historique où nous sommes prêts à ouvrir un chapitre nouveau ». C’est dire que les autorités algériennes ne tiennent absolument pas à conditionner cette visite par un quelconque repentir de la part de la France, mais au contraire, envisager d’ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays. En attendant, « Alger la Blanche » s’est faite une beauté à tel point qu’il suffit de suivre les travaux pour connaître le trajet que devrait emprunter le président français. Si l’opinion publique est partagée, entre ceux qui voient en cette visite un nouveau départ des relations entre l’Algérie et la France, et ceux qui disent que seul l’aspect économique primera, il est clair que cette visite restera dans les annales.
La visite qui fera aboutir le projet Renault
Pas moins d’une quinzaine d’accords, parmi lesquels figure le projet d’implantation d’une usine Renault en Algérie dont la signature est prévue ce soir, seront conclus entre les deux pays, à l’occasion de la visite de François Hollande. Selon la même source, « cet accord avec Renault devrait constituer, en fait, la finalisation de l’accord cadre signé après deux ans de négociations, entre Renault et les autorités algériennes, en juin dernier, pour l’installation d’une usine dans le pays, mais qui avait buté jusque là sur des détails, le constructeur français privilégiant une localisation près d’Alger, pour avoir accès à un bassin de main d’œuvre qualifiée, tandis que le gouvernement algérien avait dans le temps plaidé pour des raisons d’aménagement du territoire, en faveur du port touristique de Jijel ». Finalement ce serait Oran qui en bénéficiera.
Ouvrir une nouvelle ère
Les autorités algériennes ont fait savoir que la visite du président français sera l’occasion, tant espérée, de tourner la page Sarkozy dans les relations entre les deux pays, tant sur le plan commercial que relationnel. En tout état de cause, la capitale algérienne est fin prête pour recevoir son illustre invité qui a fait savoir, pour rappel, que «le 17 octobre 1961, des Algériens, qui manifestaient pour le droit à l’indépendance, ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits ». Un grand pas avant d’autres, probablement à l’occasion de cette visite qui promet.
Ferhat Zafane