«1 041 projets inaboutis depuis l’an 2000»

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Abdelhamid Merouani, actuel P/APC de Béjaïa, issu du FLN, a à son actif plusieurs mandatures au sein de cette même APC où il a d’ailleurs occupé le poste de vice-président chargé des sports. Dans cet entretien, il parle de la situation catastrophique dont il a hérité notamment les 1041 projets qui n’ont pas abouti.

La Dépêche de Kabylie : Un peu plus d’un mois après votre élection à la tête de l’APC de Béjaïa, vous avez sans doute dressé un état des lieux ?

Abdelhamid Merouani : le constat que nous avons fait, concernant notre commune, est des plus catastrophiques. Tout reste à faire. L’état des routes, la VRD, l’hygiène, l’éclairage public, le gaz. C’est une réalité que personne ne peut nier. Et tout le monde est responsable de cette situation, y compris moi, puisque j’ai fait partie de la précédente assemblée en tant que vice-président. Des élus proposaient des projets, mais ils les sous-évaluaient, ce qui fait que des appels d’offre restaient souvent infructueux. L’argent n’est pas dépensé et les projets tombent à l’eau. Depuis l’an 2000 à ce jour, il y a au total 1O41 projets qui n’ont pas abouti, ce qui représente quelque chose comme 600 milliards de centimes qui n’ont pas été dépensés. 

Maintenant que vous êtes élu président de l’APC, quels sont les projets que vous voulez réaliser en priorité ?

Notre priorité actuelle, ce sont les routes, l’éclairage, les ordures, les trottoirs et les espaces verts.

Les routes des quartiers périphériques de Béjaïa, comme Ihaddaden, Imahdiene, Taklait, Tala-Merkha ou Taghezouith, sont devenues, faute d’entretien, de véritables sentiers de chèvres. 

Pouvez-vous donner un délai, même approximatif, quant à leur réfection ?

On ne peut donner de date, parce que des entreprises sont actuellement sur place, à Tizi, à Takait et à Ihaddaden-Ouffela, et sont en train de retaper les routes ou de refaire l’éclairage public. Et pour aller vite justement, M. le wali a autorisé les élus de la précédente mandature à donner 21 marchés de gré à gré. Dès notre installation, nous avons appelé le directeur de la SNTP, l’entreprise qui a bénéficié de la plus grande part des marchés pour la réfection des routes, en commun accord avec le contrôleur financier et la DTP. Il y a d’autres projets que nous allons relancer très prochainement, comme à Tala Merkha et Boukhiama par exemple. Il y a de l’argent. Nous allons voir avec M. le wali s’il y a possibilité d’avoir d’autres marchés de gré à gré. De toute façon nous ferons toujours de notre mieux pour améliorer les conditions de vie des habitants de Béjaïa.

En matière d’hygiène et de propreté Béjaïa croule sous les ordures, comment comptez-vous vous y prendre pour lui redonner son visage d’antan ?

En 1984, elle était classée ville la plus propre du pays. Mais la situation s’est malheureusement dégradée et nous en sommes tous responsables, y compris les citoyens. Maintenant, nous sommes en train de faire de notre mieux pour améliorer les choses. Tous les jeudis et vendredis, avec les ouvriers de la DAS, les associations de quartiers et les entreprises locales qui ont les moyens, parce que ceux de l’APC sont insuffisants pour y faire face, nous organisons des campagnes de nettoyage quartier par quartier. Et je crois que ça commence déjà à donner des résultats. Mais pour une ville de 200 mille habitants, il reste encore beaucoup à faire. Il y a lieu par exemple de sensibiliser les citoyens au fait qu’ils doivent sortir à l’heure convenue leurs ordures et les commerçants à ne plus jeter leurs emballages et autres déchets sur les trottoirs alors qu’ils ont les moyens de les transporter à la décharge. Avec le budget de 2013, c’est à dire d’ici février à mars, nous allons sous-traiter une bonne partie de la collecte des ordures avec des entreprises privées pour soulager les services de l’APC.

Concernant les zones rurales que des habitants fuient faute de commodités, quels sont vos projets pour fixer ceux qui s’y trouvent encore et pourquoi pas inciter ceux qui les ont quittées à les réintégrer ?

Abdelhamid Merouani : Pour ce qui est des zones rurales, il faut voir sur le terrain quelles sont les actions à entreprises. Certains villages ont besoin de routes ou d’éclairage public, d’autres d’assainissement et de bétonnage des ruelles. Pour améliorer le ramassage scolaire, problème qui se pose à chaque rentrée des classes, l’APC prévoit l’acquisition de cinq bus pour la prochaine rentrée scolaire. Pour ceux qui habitent dans les villages ou ceux qui veulent y retourner, en matière de logement, l’APC peut toujours, s’ils la sollicitent, les aider financièrement à retaper et réaménager leurs maisons. 

S’agissant des terrains pour la construction de logements, est-il vrai que Sidi Bouderhem est déclaré non constructible ?

Non. Nous n’avons rien reçu en ce sens. Ce que nous pouvons dire sur Sidi Bouderhem, c’est que j’ai signé un arrêté de création d’une commission dite des constructions illicites. Elle a pour mission de signaler toute construction illicite. Sans cela les terrains de Sidi Bouderhem seront vite squattés et on aura un deuxième Tizi. Cette commission veillera en permanence à signaler tout début de terrassement, aucun camion de gravier ou de ciment ne montera à Sidi Bouderhem. Les matériaux seront saisis et les camions seront envoyés à la fourrière. Sans ces mesures les 4500 logements inscrits pour la commune de Béjaïa seront perdus.

Vous venez de dire que la commune de Béjaïa dispose d’un reliquat sur les budgets antérieurs d’une somme de 6OO milliards de centimes. Qu’allez vous en faire ?

Cette somme provient des projets infructueux. Elle sera toujours destinée aux travaux. Nous avons mis sur pied une commission qui reprendra ces projets et qui dira pourquoi ces projets n’ont pas abouti. Si c’est juste une affaire de manque d’argent, ils seront réévalués et relancés.

Entretien réalisé par B. Mouhoub

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