Slimane Azem, 30 ans après

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Vingt-huit janvier 1983, 28 janvier 2013. Voilà trente ans, Slimane Azem nous quittait à jamais. 30 longues années, et l’artiste fait toujours parler de lui. 

Ses chansons bercent encore et toujours des plus âgés aux plus jeunes. L’œuvre de Slimane  est tout simplement impérissable. Il jouit de l’estime d’un très large public comme s’il faisait partie de l’actuelle génération d’artistes. L’enfant d’Agouni Gueghrane est indétrônable sur la scène artistique kabyle. Certes Slimane Azem s’en est allé mais il a laissé derrière lui une oeuvre qui le maintiendra éternellement dans la mémoire collective. Pour tout le monde, Slimane a légué un trésor qui n’a nullement besoin d’être préservé.  Il se protège lui-même. Qui n’a pas apprécié Ma tedduḍ a nruḥ, Aṭas i sebreɣ, Nekk akk-d kemm, Nekk d lmir, Akagugi di fagh lexbar ou Amek a nilli susta, pour ne citer que ces chansons qui ont marqué à jamais la société kabyle d’une manière générale? Slimane n’a pas marqué seulement sa génération, il continue à bercer les plus jeunes trente ans après sa disparition. Il a inscrit son nom en lettres d’or sur la scène artistique. Il fait partie des maîtres spirituels de la chanson. Son nom seul impose le respect. Slimane Azem est parti en laissant derrière lui un riche répertoire. L’on a recensé en fait pas moins de 173 titres.  Durant sa carrière, le chanteur a traité tous les thèmes relatifs à la vie quotidienne des Algériens et des émigrés de son époque. Il est connu pour être le chanteur de l’exil. Il a consacré plusieurs de ses chansons à la société kabyle, dont il évoque l’évolution des mœurs et mentalités, comme lorsqu’il évoque « Zik » (autrefois) en opposition à « Tura » (aujourd’hui). Il parle également du règne du «ventre» (aɛbûd) c’est-à-dire des intérêts bassement matériels, de l’argent (Idrimen), de l’égoïsme (…), au détriment de l’honneur (Nnif), de la solidarité agnatique (Tagmat). Cet éclatement charrie tout son cortège de maux, de misères dont : la paupérisation, l’alcool (« A hafid a settâr », « Berka yi tissit n ccrab »). Slimane Azem s’est également initié à la politique à travers notamment (« Amek ara nili sustâ ? » (Comment pourrions-nous nous sentir bien ?) et « Terwi tebberwi » (tout est sens dessus dessous). Il faut préciser que Slimane Azem, puisant dans le vieux patrimoine berbère, a fait ‘’parler’’ les animaux, arme subtile mais à peine voilée d’une critique politique acerbe. Ses chansons sont d’une valeur historique et sociologique indéniable. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que ses disque ont été interdits en Algérie durant les années 1970 et même au delà.  Slimane qui a vécu toute sa vie en exil est mort en exilé un certain 28 janvier 1983 en France. L’auteur, compositeur et poète est né pour ceux qui ne le savent pas, le 19 septembre 1918. Dès son jeune âge, il n’a pas caché sa passion pour la musique et pour tout ce qui est relatif au domaine de la chanson. Il débarque en France vers la fin des années 1930. Quelques années plus tard, il laisse exploser son talent d’artiste. Durant sa carrière il a travaillé avec plusieurs chanteurs tels que Cheikh Nourdine, Nouara, Bahia Farah, Mohamed Hilmi et autres. 

M.O.B 

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