Après Abou Zeid, donné pour mort vendredi dernier, l’armée tchadienne a annoncé avant-hier, avoir tué au Mali, l’autre chef terroriste, Mokhtar Belmokhtar.
«Les forces tchadiennes au Mali ont détruit totalement la principale base des djihadistes dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, plus précisément dans la vallée d’Ametetai », affirmait dans la soirée de samedi l’armée tchadienne dans un communiqué précisant que « plusieurs terroristes ont été tués, dont le chef Mokhtar Belmokhtar dit le borgne ». L’information n’a cependant pas été confirmée, hier encore, ni par la France, ni par l’Algérie ou le Mali. L’organisation terroriste qu’il dirige (les signataires par le sang) n’a néanmoins pas démenti l’information, à l’instar d’ailleurs des autres groupes terroristes. Alors, effet d’annonce ou coup double pour l’armée tchadienne ? La question reste posée, d’autant que même la mort d’Abou Zeid n’a pas non plus été confirmée. Le moins que l’on puisse dire c’est que, si l’élimination de ces deux chefs terroristes se confirme, ça sera un véritable coup dur pour les djihadistes. Né en 1972, Mokhtar Belmokhtar était l’un des principaux chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). De l’Armée rouge à l’Armée française Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas, a successivement combattu en Afghanistan, en Algérie puis dans le Sahel. Pour les services de renseignements occidentaux, « cet Algérien est un brigand de grand chemin, un voyou islamisé partagé entre la défense de ses intérêts et un fanatisme débridé. » Il part à l’âge de dix-sept ans pour l’Arabie Saoudite, le pays de transit des candidats au djihad en Afghanistan, où il passe par des camps d’entraînement et participe à des combats. Touché par un éclat d’obus, il perd un œil et gagne un surnom : «le borgne». Dans une rare interview, accordée en 2007 à un forum salafiste, l’Algérien affirme avoir été captivé dès l’adolescence par le récit des exploits des moudjahidine afghans et avoir trouvé sa vocation dans la rudesse des maquis. Il revient en Algérie au début des années 1990. En 1992, il rejoint le GIA, devenu le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), dont il est l’un des fondateurs. Il a créé à Ghardaïa, sa ville natale, la katibat Echahada, la «brigade du martyr». En 1993, il tue 13 policiers. Un acte qui demeure, d’après les comptes rendus de ses procès par contumace, son principal fait d’armes de la guerre civile. En 1996, il rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dont il est membre fondateur. . L’expérience acquise par Mokhtar Belmokhtar lui permet d’accéder au statut d’émir. Il est le chef de la zone 9, le Sud algérien. Le djihadiste a pris l’habitude d’effectuer des séjours au Mali pour se procurer des armes et des munitions, provenant des stocks de l’armée de Bamako, et pour s’adonner à la contrebande. En 2003, il est mêlé avec le groupe d’El Para à la prise d’otage de 17 motards allemands et autrichiens en virée dans le sud du Sahara. Les touristes sont libérés contre le versement de cinq millions d’euros selon la télévision publique allemande. Belmokhtar s’installe alors au Mali pour développer le business des otages. Il est mêlé à l’enlèvement de deux jeunes Français à Niamey. L’affaire finit mal. Les forces spéciales interviennent contre un de ses commandos mais ne parviennent pas à sauver Antoine de Léocour et Vincent Delory. Durant les neuf mois d’occupation par les islamistes du nord du Mali, il s’est rapproché du Mujao et se montre plus souvent à Gao qu’à Tombouctou, son ancien fief d’où s’est fait éjecter par Abou Zeid, lui aussi prétendument tué. Écarté de l’Aqmi, le tristement célèbre sanguinaire créa son propre groupe, appelé : ‘‘les signataires par le sang’’. Mokhtar Belmokhtar est le commanditaire de la prise d’otages du complexe gazier algérien de Tiguentourine en janvier dernier, au cours de laquelle une soixantaine de personnes, dont 37 otages étrangers, ont été tuées. Il a également à son actif plusieurs actes terroristes et plusieurs prises d’otages. Il est notamment soupçonné d’être impliqué dans l’enlèvement de 32 Européens en 2003. Il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité par la justice algérienne, après le meurtre de 10 gardes-frontières algériens en 2007. Il aurait également fait partie des négociateurs lors de la libération de deux Autrichiens en 2008 et de deux Canadiens en 2009.
M.O.Benmokhtar

