La nouvelle ligne ferroviaire en débat

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La nouvelle ligne ferroviaire Thénia-Bordj Bou Arreridj, traversant le territoire de la wilaya de Bouira sur une distance de 90 kilomètres, a fait l’objet d’une présentation, hier matin, au niveau de la salle de l’APW. Le DG de l’ANESRIF (Agence Nationale d’Etudes et de Suivi de la Réalisation des Investissements Ferroviaires), accompagné d’experts du bureau d’étude Dessaut France, ainsi que des représentants du groupement d’entreprises, chinoise et turque, chargé de réaliser ce tronçon, ont exposé les grandes lignes de ce mégaprojet. Ainsi, après avoir égrené les 90 kms du tracé entre Ath Mansour et Lakhdaria, en mettant en évidence les 07 tunnels et les 27 passages à réaliser, le responsable de l’ANESRIF sera questionné par le wali, qui dira, par ailleurs, qu’il s’agit là d’un chantier immense pour lequel il faut consacrer beaucoup d’énergie, construire des ouvrages d’arts et qui coutera énormément d’argent.  De son côté les directeurs de l’exécutif ont mis l’accent sur la nécessité de réfléchir aux levées des nombreuses contraintes pour permettre le passage de cette ligne électrifiée à deux voies. En premier lieu, c’est le directeur de la subdivision agricole de Bouira qui commencera sa « plaidoirie » en énumérant, commune par commune, les superficies agricoles qui seront englouties dans ce projet. « En tout, pas moins de 214 hectares seront inutilisables pour l’agriculture, dont des domaines relevant du privé des EAC, des EAI et des fermes pilotes. A M’Chedallah, des terres très fertiles seront touchées sur 13 kilomètres, dont une bonne partie du périmètre irrigué ».  Le DSA n’omettra pas de souligner qu’il y aura une emprise de 20 à 25 mètres sur tout le long de ce tracé.  Le DG d’ANESRIF, ainsi  interpellé répondra d’abord à la question du wali qui l’avait interrogé sur la possibilité de dédoubler la voie existante. « La ligne électrifiée répond à certaines normes et à des paramètres spécifiques qui n’existent pas sur l’ancienne voie. De plus, les trains à une vitesse de 160 km/h doivent rouler sur une voie rectiligne… » Concernant les terres agricoles, le DG de l’ANESRIF préconisera l’installation d’un groupe de travail pour étudier l’impact technique et économique engendré par ce tracé.  Il affirmera, par ailleurs, que des discussions avec la Sonelgaz, via son PDG, M. Bouterfa, ont été menées récemment, de même qu’avec le GRTE, et que les interférences suscitées par ce projet se règleront au fur et à mesure. « Le chemin de fer Est-Ouest apportera un rendement économique non négligeable, il s’agit d’une ligne mixte, avec fret, et rien que pour le transport des personnes, 06 trains sont prévus par heure, sans parler du transport de marchandises », dira-t-il. Le wali interviendra pour dire que « ce tracé n’est pas le Saint Coran, tout est modulable, mais à des degrés », invitant ainsi le bureau d’étude à revoir sa fiche technique, suite aux interventions de certains directeurs de l’exécutif.

Le chef de daïra de Bouira prendra également la parole, pour dire que les mêmes observations avaient été faites en 2008 et en 2010, lors des sessions de l’APW de l’époque, et s’interrogera si le bureau d’étude avait réellement pris en considération les doléances soulevées.  De même, il évoquera l’extension de la ville de Bouira, pour laquelle près de 400 hectares ont été dégagés pour différents programmes, dont ceux des logements sous plusieurs formules. Le chef de daïra émettra, également, le souhait de voir le Maître d’ouvrage recruter au niveau local la main d’œuvre non spécialisée. Le DRAG, lui, interviendra pour souligner l’incohérence au niveau de ce couloir électrifié sur le périmètre irrigué. « Le couloir électrifié passe par le périmètre irrigué projet déjà déclaré d’utilité publique, il n’est pas évident de recourir une deuxième fois à ce procédé ce serait incohérent… », dira-t-il. Le wali invitera les présents (élus locaux et directeurs de l’exécutif) à intervenir pour exposer d’éventuelles contraintes, ce à quoi, M Slimani, élu du MPA, demandera s’il y aurait la possibilité de délocaliser le tracé au nord de la RN05, là où le relief est plus accidenté et où les terrains touchés seraient de moindre valeur. 

Le wali recommandera à l’ANISREF de minimiser les désagréments rencontrés, car le projet est capital. « Certains points ont été pris en considération, d’autres pas encore, et l’entreprise chargée de réaliser ce tronçon est installée. Nous devons donc prendre en considération tous les paramètres avant de lancer les travaux. Nous sommes disposés à vous aider dés que vous nous fournirez les plans de ce tracé avec les documents y afférents, pour installer un comité pilote et, ainsi, nous travaillerons ensemble ». Les autorités de wilaya et les responsables de l’Anisref se retrouveront dans un mois pour étudier ce dossier, qui demeure visiblement délicat, et se pencher sur les contraintes qu’un tel projet ne manquera pas d’occasionner.          

Hafidh B.

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