Le Centre national des loisirs sportifs de Tikjda, dans la wilaya de Bouira, a abrité hier, la première journée d’étude sur la montagne, initiée par le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et de la Ville.
Des experts, des enseignants chercheurs et des cadres de différentes institutions ont présenté des conférences et autres exposés autour du thème « Aménager les zones de montagne pour un développement durable : situation et perspectives». Dans le but de diagnostiquer la situation et de définir les perspectives, les nombreux participants ont, à l’unanimité cité le rôle « crucial » du schéma national d’aménagement du territoire (SNAT). Ce schéma a, pour rappel, été élaboré suite à un audit des ressources du territoire et des écosystèmes, du littoral, de la steppe, des hauts plateaux et oasis, en essayant de déterminer la durée de vie de ce patrimoine en relation avec l’évolution démographique et les systèmes urbains, dans une première évaluation. Le premier intervenant, M. Mohand Saïd Benmerad, directeur général de l’Aménagement et de l’attractivité du territoire au niveau du ministère de l’Environnement, soulignera que les zones de montagne sont une « richesse intarissable» et que l’Etat, les autorités locales et les citoyens doivent travailler avec comme seul objectif celui de redonner à ses zones leur rôle de vecteur économique. Par la suite, ce même responsable s’inquiètera de la « disparité » des territoires et des zones de montagne, en indiquant qu’il y a une « iniquité entre les différentes zones à l’échelle du pays et que cette disparité joue en défaveur de la relance des différents plan d’aménagement engagés », a-t-il souligné. La seconde intervention a été faite par une représentante du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. De prime abord, l’intervenante a indiqué que les élus ont un rôle très important à jouer. « Les élus locaux sont le lien entre nous et les zones touristiques et de montagne. De ce fait, ils ont un rôle à jouer dans l’essor du développement », a-t-elle dit, avant d’ajouter que « les zones de montagne sont un parterre de richesses ». Sur le volet des carences, l’oratrice a pointé du doigt le manque de concertation et de dialogue entre les différentes partenaires. « La concertation fait défaut !», a regretté cette responsable du département de l’Agriculture et le Développement rural, pour qui les jeunes peuvent investir les zones de montagne et créer des emplois et donc des richesses. « Nous ne le répéterons jamais assez, nos zones montagneuses sont une véritable richesse pour le pays, dans tous les secteurs …», a-t-elle martelé avant de donner un chiffre significatif sur cette richesse. « La moitié des communes algériennes, soit plus de 750 municipalités, couvrent des zones de montagne. Le potentiel est là il faut juste l’exploiter !», s’est-elle exclamée, avant de céder la parole à Mme Benkouider Khadidja, directrice d’étude au ministère de l’Environnement. L’intervenante notera que les villes et les campagnes algériennes ont connu de profondes mutations, sous l’effet de la croissance démographique et des évolutions socio-économiques des dernières décennies. Par conséquent, selon elle, les tissus urbains se sont distendus et dégradés, ne permettant pas aux villes d’assumer l’ensemble de leurs fonctions et de développer les services et équipements nécessaires à leur bon fonctionnement et à leur rayonnement. Ce constat, d’après l’intervenante, rappelle « la profonde mutation » de la société dans son ensemble et aussi, la nécessité d’y remédier. Pour ce faire, Mme Benkouider soulignera l’importance de passer par « une politique fondée sur l’équité et la solidarité ». Viendra le tour de Mme Adjali Samia, architecte et enseignante chercheur à l’université de Blida. Selon cette dernière, certaines zones doivent être classées en montagne, comme c’est le cas dans les Aurès. Cette chercheuse mettra également en évidence les disparités entre les zones montagneuses, partout en Algérie, et plus précisément en Kabylie et dans les Aurès, et soulevera la « complexité » de la définition de la zone de montagne. « De nos jours, on voit des zones urbaines qui sont des zones dites de montagne et inversement ! Il faut clarifier tout cela… Le découpage des communes ne met pas en relief les zones de montagne » dira-t-elle. Et d’enchainer, en soulignant le fait que l’eau est un élément déterminant de toute expansion des zones de montagne et que sans aménagement, ni une prise en charge sérieuse, ces zones vont finir par se perdre dans l’oubli. Pour sa part, M. Harroun Mohamed Salem, consultant superviseur à la direction générale des forets (DGF), dira, en substance, qu’il faudrait impérativement protéger les ressources de notre environnement, à savoir l’eau, la terre et la végétation. « Sans ces ressources et une réelle prise de conscience collective quant à l’obligation de les préserver, nous courons directement à notre ruine », lâchera-t-il d’un ton alarmiste. Pour ce qui est de la séance de débats, plusieurs intervenants ont mis l’accent sur le fait que les pouvoirs publics manquent de « réactivité » dans le domaine et qu’il faudrait mettre plus de moyens afin de réanimer les zones de montagne. C’est dans ce sens que le P/APC d’Akfadou, relevant de la wilaya de Béjaïa, fera une intervention qui n’a pas manqué d’interpeller l’assistance. « Nous sommes là à faire de belles paroles ! Il faut agir, et agir tout de suite ! L’argent est le nerf de la guerre, on a créé des fonds pour tout et son contraire, pourquoi ne pas créer un fond pour la sauvegarde des zones de montagne », a-t-il proposé.
Ramdane B.

