Au dernier jour, dans un restaurant Rahma…

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Même si leur nombre a diminué par rapport aux années précédentes, les restaurants Rahma ont été cette année encore nombreux à ouvrir leurs portes pour recevoir des centaines de personnes en difficulté, durant le Ramadhan.

Le ministère de la Solidarité en a enregistré pas moins de 700 à l’échelle nationale. Un peu moins que l’année dernière, où on en avait comptabilisé 783. Ces restaurants ont été initiés soit par les pouvoirs publics à travers divers canaux, soit par d’âmes charitables, des particuliers ou des associations. Dans le centre-ville d’Alger par exemple, plusieurs établissements ont été transformés en restaurants Rahma durant ce mois de ramadhan. On y rencontre des personnes très démunies n’ayant pas d’autres choix. Mais on y croise également des fonctionnaires respectables qui résident loin de la capitale. Des étudiants aussi ont pris l’habitude de fréquenter ces restaurants, à l’image de ce Malien, Dakit Ibrahim, qui nous a confié fréquenter, depuis le début, un restaurant tenu par le Croissant rouge. « Afin d’économiser de l’argent pour l’hôtel et mes dépenses quotidiennes, je préfère manger ici. Et puis comme je suis loin de ma famille, je me sens entouré », a-t-il dit. Un jeune, en rupture avec sa famille, fait également partie des abonnés à ce restaurant : « J’ai un toit et une famille, mais comme je me suis disputé avec mon père, je viens manger ici », a-t-il confié. Un autre habitué des lieux est, lui, médecin dans une clinique des brûlés dans la rue Pasteur, sise en plein centre d’Alger. Il dit se diriger, chaque soir, vers un des restaurants de la rue Mulhouse. « C’est tout à fait normal que je mange en ce lieu. La nourriture est bonne, propre et surtout gratuite », dira-t-il. Il nous précisera que plusieurs de ses collègues font pareil et ce sans aucun complexe. C’est dire que ces restaurants, censés assurer un repas chaud aux plus démunis, deviennent le réceptacle de cadres à la recherche d’un repas dans un restaurant où la caisse n’existe pas.

«Un menu très varié et riche est proposé chaque jour»

À Bab El-Oued, c’est l’école primaire Kamel Aberkane qui a été transformée le temps d’un mois en restaurant, tenu par le directeur de l’établissement lui-même. « Nous le faisons depuis dix ans. Nous sommes financés par une  banque qui offre de la nourriture sans compter», nous a-t-il déclaré. Les repas sont distribués dans deux salles. En huit jours, 1 000 personnes ont à peu près mangé ici, soit 150 plats servis par jour. En dehors de ces cas isolés, il faut savoir que de  nombreuses femmes y viennent aussi se ravitailler. « La plupart des chefs de famille ont honte de venir ici. Ils apportent discrètement des boîtes dans lesquelles nous leur servons le menu du jour »,  témoigne un des bénévoles. Ces derniers, secondés par des scouts, travaillent de 9h à 23h, sans répit. Un menu très varié et riche est proposé chaque jour. Sur l’avenue du 1er-novembre, un particulier a prêté son restaurant au Croissant rouge. Grâce aux dons récoltés par le comité auprès de sociétés et de particuliers, 200 personnes ont la possibilité de prendre un repas complet sur place. Les bénévoles effectuent 2 à 3 services.

La demande dépasse, de loin, l’offre…

Mais au delà de l’aspect organisationnel et du contenu des plats proposés, il faut savoir que la demande dépasse souvent l’offre. En effet, selon un des habitués des lieux, très au fait de l’engouement que cette solidarité a suscité chez les nécessiteux, il y a toujours un manque de places pour les retardataires. Ces lieux qui accueillent des familles démunies, des sans abris et autres voyageurs de passage, pendant ce mois sacré ont assuré des repas au quotidien durant ce mois.  Aussi bien à Alger que dans les autres grandes villes du pays, ces lieux  sont devenus le refuge de ceux qui n’ont pas où rompre le jeûne. Mais les 700 restaurants recensés par le ministère de la Solidarité nationale ne pouvaient satisfaire qu’une infime partie des demandeurs. Chaque soir, les derniers arrivés ont dû se contenter d’une baguette de pain et d’un fond de bouteille de limonade…

Ferhat Zafane

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