La fin du drame des artistes est un droit fondamental

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Par Abdennour Abdesselam

Plusieurs articles de presse ont été publiés pour alerter l’opinion publique et étatique sur le triste sort dans lequel se démènent nos artistes. Encore à ce jour, leur situation perdure dans les dédales de l’indifférence et de l’oubli lorsque ce ne sont pas tout simplement les lourdeurs administratives qui les accablent. Aussi devrions-nous encore et bien plus encore revenir sur le sujet tellement la dramatique qui les touche semble s’éterniser. Nombre d’entre eux ayant contribué à la grandeur de la chanson kabyle et algérienne dans son ensemble et de l’art en général succombent sous le poids de problèmes sociaux et/ou de santé. Avons-nous le droit de les abandonner à leur triste et tragique sort alors que eux nous ont tenu compagnie dans des moments presque impossibles par leur voix, leurs textes et leur musique pour que notre langue, notre pensée et notre culture, aussi plurielles soient-elles, soient aujourd’hui dans leur droit d’existence. Le seul cas de Mohammed Issiakhem, qui s’est éteint dramatiquement, rappelons-le, dans un hôpital d’Alger, est en soit l’image la plus insoutenable qui dévoile l’indifférence des autorités du secteur. Ils sont nombreux ceux qui ne cessent de subir les pires contraintes de la survie. D’autres encore sont cruellement éprouvés. Nos artistes souffrent tous, seuls et en silence, car ils sont taillés dans une dignité implacable. Voilà la triste destinée encore davantage aggravée par les autorités qui n’accordent toujours pas ou n’applique pas les textes traitant du statut particulier pour protéger ces hommes et ces femmes de culture. Combien sont-ils ces artistes qui, dans un cri de désarroi et de détresse, continuent à s’en remettre au président de la République pour leur venir en aide par presse interposée? Pourquoi faudrait-il qu’un président intervienne pour sauver ces valeurs inestimables de la culture du pays ? Quand l’Etat doit-il comprendre qu’être un artiste, un comédien ou plus classiquement un homme de culture c’est une grandeur, une élévation, un statut de noble intervention. C’est un métier à part entière qui a droit d’accéder à une couverture sociale et professionnelle comme cela se passe dans plusieurs pays. La culture n’est pas divertissement. Elle est l’âme qui porte tout peuple. Elle est le socle qui prémuni le plus la pérennité des nations. Elle est tout ce que l’homme ajoute à l’homme. Alors à quand la fin par décision institutionnelle de ce terrible drame ? Il est vrai que certaines institutions locales, comme la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, tentent de louables initiatives, mais elles ne sont que ponctuelles et palliatives un temps soit peu malgré toute la bonne volonté des initiateurs. Il faut une décision étatique de droit, forte, canonique et rationnelle. Elle est impérative. Elle est un droit fondamental des artistes.

A. A.

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