La nouvelle de décès de la poétesse Fatma Tilikète est tombée tel un couperet à Tigzirt. Elle a rendu l’âme, hier, dans un hôpital à Alger, après avoir lutté longuement contre la maladie. Née en 1931, au village Tifra, relevant de la commune de Tigzirt, Fatma a fréquenté l’école primaire du village en 1941. Elle voua, dès son jeune âge, un amour viscéral pour la poésie d’expression française. Fatma était parmi les premières femmes Kabyles, à s’initier dans la poésie en langue française et en Kabyle. La disponibilité d’une école, dans cette région montagnarde de la Kabylie, était une chance pour elle de s’instruire, ce qui était rare à l’époque d’ailleurs. Fatma a édité deux recueilles de poésie intitulés « Le bout de miel pour elle et le fond du puits pour lui» et «Les déracinés ». Ils ont été préfacés par Ferhat Cherkit, originaire lui aussi de Tifra, journaliste, assassiné en 1994, à Alger. Elle a vécu une bonne partie de sa vie à Paris. L’exile l’a perturbé. Fatma a tant souffert loin de son village natal. Privilégiant la belle parole et des vers très courts, les rimes de la poétesse de Tifra sont de connotation musicale magnifique. La tristesse et la nostalgie « hantent » les poèmes de Fatma. Elle a raconté les déchirements qui ont marqué sa vie et a dénoncé certains ordres établis dans sa société. Son style unique a émerveillé plus d’un. Son vœu de revenir pour vivre encore à Tifra, le village qu’elle a cité à plusieurs reprises, dans ses poèmes, n’a pas été exaucé. C’est d’elle… La Kabylie mon pays, Tifra mon village… L’Ecole des filles, la rivière à côté. J’ai tant parlé j’ai tant pleuré. Quand les hommes m’ont mariée… Celui qui m’a achetée Et celui qui m’a encaissée…
S. Sahaf