Virée avec des amoureux de la bleue

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C’est une véritable confrérie que constituent les petits pêcheurs sur la côte béjaouie. 

Sur les deux cent membres de cette communauté la majorité active sur la côte Est, entre Boukhelifa et Melbou. Plus d’une centaine possèdent des embarcations, des barques et tout l’arsenal nécessaire pour faire de la pêche leur gagne-pain. Il est à signaler que la rentabilité n’est pas la même à longueur de l’année. Elle varie selon les saisons. Si en été la pêche est parfois très bonne, pouvant atteindre une cinquantaine de kilogrammes par jour, elle peut être de deux à trois kilos, peut-être moins, en cette période automnale. Un petit tour, en cet après-midi de vendredi, du côté de la belle plage de la station balnéaire d’Aokas, nous a permis de faire le constat sur place. Ils étaient une dizaine de pêcheurs à se remuer dès 15 heures. Se prêtant aide et assistance comme une véritable confrérie, ils embarquent les filets de pêche et les ancres de fortune, constitués de parpaings, dans leurs embarcations et, une heure plus tard, ils prennent le large. Une flottille de cinq barques prend le large pour installer les filets et faire, par la même occasion, la pêche à la ligne. Les filets ne seront retirés que le lendemain matin avec l’espoir de les trouver pleins de poissons. Karim, l’un des pêcheurs, était pessimiste avant même de commencer sa journée. « Nous n’avons aucune chance devant les chalutiers qui ne respectent pas la réglementation. Ils s’approchent trop du bord et raflent tout le poisson », dira-t-il d’un air dépité. Il expliquera que ces derniers, devant pêcher dans des profondeurs de plus d’une cinquantaine de mètres, profitent de l’obscurité de la nuit pour pêcher dans des zones de moins d’une dizaine de mètres de profondeur. Karim n’a pas eu tort. Le jour même, la pêche à la ligne n’a rapporté pour l’ensemble de ces pêcheurs, que quelques kilos de pageots et autres petits poissons alors que les filets n’avaient « attrapé » que quelques soles et merlans. D’après ces pêcheurs, le merlan et le rouget ne représentent qu’un dixième de la pêche totale, évaluée annuellement à près de cinq milliers de tonnes. Une quantité très minime qui fait que les prix s’envolent et caracolent en haut du tableau. A titre d’exemple, la sardine, très prisée à Béjaïa, maintient son prix de vente dans la fourchette de 200 à 300 dinars le kilogramme. Que faut-il faire pour booster la pêche à Béjaïa ? Ce qui est sûr, c’est qu’il faut construire plus de ports de pêche plutôt que ces fameuses stations d’échouage dont on parle et qui n’ont jamais vu le jour et donner plus de moyens aux petits métiers qui seront d’un grand apport aux professionnels.

A. Gana

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