Les dessous d’un blocage

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Une année après les élections locales de 2012, la mairie d’Agouni Gueghrane, à l’extrême sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, demeure toujours bloquée. 

Aucun exécutif installé aucune délibération, aucun vote… Lors du mandat précédent, cette APC avait déjà connu ce même scénario, ce qui avait alors lourdement pénalisé les citoyens de cette localité dont le développement reste, à ce jour, au point mort.  Lors des dernières élections communales, le RND, le RCD et les indépendants avaient obtenu, chacun, quatre sièges dans une assemblée qui en compte 13. Le siège restant a été remporté par le FLN. Ces résultats ont finalement maintenu le statut quo qui prévalait durant l’ancien mandat. La cohabitation est des plus difficiles au sein de cette assemblée. En effet, lors de la première réunion ordinaire de l’assemblée, à l’effet de désigner les membres de l’exécutif communal, qui s’est tenue le 25 décembre 2012, le maire, d’obédience RND, M. Amor Beddek, avait proposé que son exécutif soit constitué des élus RND et du seul élu FLN. Le maire avait également bénéficié du vote des quatre élus indépendants. Mais ces derniers n’ont pas tardé à se retourner contre lui, après qu’ils se soient sentis écartés par l’édile lors de la constitution de l’exécutif. Les indépendants ont fini par nouer une alliance avec les quatre élus du RCD, formant ainsi une majorité de blocage qui fait, depuis, barrage à toutes les initiatives du P/APC. Deux autres tentatives du maire d’installer son exécutif ont échoué en raison du vote de cette nouvelle majorité qui s’était constituée. Celle-ci, regroupant 8 élus, se dressait comme une véritable muraille devant toutes les propositions émanant du maire. A ce titre d’ailleurs, les deux séances extraordinaires, convoquées le 30 mai et le 6 juin, pour le vote du budget primitif de 2013, illustrent on ne peut mieux ce blocage. Le vote du budget en question, fut ainsi confronté à l’opposition de cette majorité.   Un élu RND nous indiquera à l’occasion que « le blocage est un fait récurrent dans cette localité étant donné que l’APC d’Agouni Gueghrane a déjà été bloquée lors du précèdent mandat en 2009, seize mois seulement après son installation, faute d’une majorité », il poursuivra : « Certaines personne ne supportent pas la percée du RND dans cette partie de Kabylie et font payer aux électeurs leurs choix légitimes». Un autre élu RND nous confiera le fond de sa pensée en ce qui concerne ce blocage. « Je vais vous dire très exactement ce que les sept élus (4 RCD et 3 indépendants) souhaitent, ils veulent que l’administration, à sa tête le wali, reconnaissent qu’il y a disfonctionnement au niveau de l’APC d’Agouni Gueghrane et proposent sa dissolution tout simplement», dira l’élu tout en laissant entendre que « ce blocage incombe aussi, quelque part aux électeurs, qui ont renouvelé leurs confiance aux mêmes personnes qui avaient bloqué l’APC, les cinq années précédentes, en plus des mauvais calculs politiques de certains élus… ». Il ajoutera que « la majorité de cette composante qui bloque l’APC est animée d’un esprit revanchard, et rien d’autre, au détriment des électeurs qui les ont portés aux postes de responsabilité ». 

À l’origine, le revirement des indépendants qui avaient voté pour le maire

L’élu FLN a, pour sa part, indiqué que « pour l’heure, nous cherchons une solution pour débloquer cette situation qui perdure depuis une année déjà. Je suis prêt à travailler avec celui qui peut apporter un plus et en finir avec cette situation qui s’aggrave de jour en jour et met en péril le développement de notre localité». Mais visiblement, ça n’a pas suffi pour arranger quoi que ce soit à la situation. Et c’est la population locale de cette région montagneuse, au relief très accidenté qui continue de souffrir grandement de cette situation qui perdure. En effet, le raccordement au gaz naturel n’a pu être réalisé dans cette partie de la Kabylie, au même titre que d’autres projets qui restent bloqués juste parce que des élus refusent de voter le BP-2013.  Il y a lieu de souligner que même l’informatisation des documents d’état civil à la mairie d’Agouni Gueghrane n’a pu se faire, pour indisponibilité de fonds, non encore votés au niveau de l’assemblée. La route qui conduit vers cette localité est, elle aussi, dans un état lamentable, au même titre que toutes les infrastructures publiques qui enregistrent des insuffisances multiples. Par ailleurs, il faut noter que l’APC d’Agouni Gueghrane n’a fonctionné durant les quatre dernières années, que grâce à la budgétisation d’office des différentes opérations d’équipements par arrêté du wali.                        

Karima Talis

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