Un regroupement des enseignants de la langue amazighe de la wilaya de Béjaïa a été abrité par le lycée d’Ihadadden les 4 et 5 du mois courant. L’objectif est de rechercher le meilleur moyen possible d’enseigner tamazight à des apprenants de la quatrième année primaire dans les conditions actuelles.Aussi, sous la houlette des deux inspecteurs de tamazight, MM. Bellil et Beldjoudi en l’occurrence, ces encadreurs ont, dans un premier temps, abordé la problématique de l’enseignement au primaire, dans sa globalité, sur les plans pédagogique et didactique, pour ensuite tenter de situer l’enseignement de tamazight sachant que celle-ci est la langue maternelle de l’élève.Le programme de l’enseignement de la langue de Mammeri à la quatrième année primaire et la méthodologie de projets, en vogue à l’école algérienne, ont été explicités. Pour exploiter à souhait ces renseignements théoriques, M. Ikhloufi, enseignant de tamazight, a tenu à présenter pour sa part, une unité didactique modèle. En outre, une certaine terminologie usitée à l’école primaire est arrêtée et une brochure contenant toutes les orientations a été distribuée aux enseignents pour leur permettre d’accorder un tant soit peu leurs violons.Enfin, toutes les communications ont été suivies de débats, parfois contradictoires vu que l’expérience est inédite et qu’elle fait face à moult problèmes.
“Nous sommes livrés à nous-mêmes”Les enseignants de tamazight du primaire n’ont pu contenir leur colère lors de leur regroupement pour dénoncer les multiples obstacles d’ordre pédagogique et professionnel auxquels ils sont confrontés. Outre le manuel qui “est en totale inadéquation avec le niveau des élèves de 4 AP”, certains directeurs d’écoles primaires n’ont pas facilité la mission à ces enseignants. Ces responsables, par paresse et par mépris, refusent de refaire les emplois du temps afin de tenir compte de l’enseignement de tamazight. Aussi, le cours de tamazight est souvent dispensé aux dernières heures de la journée, en dehors des heures habituelles de l’élève. Quelques-uns de ces enseignants exercent dans quatre écoles, avec un nombre d’élèves de plus de 200, d’où la difficulté de suivi et dévaluation. Il y a encore des chefs d’établissements qui sont allés jusqu’à endosser la responsabilité du retard effectué par l’administration. A entendre les protestations des uns et des autres, on saisirait tout le marasme dans lequel se débattent ces enseignants qui se disent livrés à eux-mêmes !A cet effet, ils comptent réactiver leur association et lancent un appel pressant à tous les concernés pour se mobiliser autour de cette idée.Enfin, les responsables de l’éducation qui n’ont de cesse d’afficher leur volonté pour régler tous ces problèmes, réagiront-ils pour soulager ces enseignants ? Ils ont besoin d’actes et non de discours ou de promesses en l’air.
Massy F.