Ahmed Ouyahia, qui a animé, hier, un meeting à Tizi-Ouzou au profit du candidat Abdelaziz Bouteflika, a fustigé ceux parmi les candidats qui appellent leurs sympathisants à sortir dans la rue, en cas de défaite le 17 avril prochain.
Dans une salle de la Maison de la culture Mouloud Mammeri pleine comme un œuf, Ahmed Ouyahia, très décontracté s’est adressé à un auditoire acquis à 100%, dans un kabyle châtié qui fera rougir de nombreux montagnards, tellement l’enfant de la région, comme il ne cessait de se qualifier, a fait appel au riche répertoire de sa langue maternelle, en évoquant, tantôt les Isfra de Si Moh U M’hand, tantôt les histoires racontées par sa grand-mère. «Anerez Wala Ankenu (On se brisera mais on ne pliera jamais)», lança, d’emblée, Ahmed Ouyahia à l’adresse d’une assistance surchauffée, dès les premières heures de la matinée. «Je suis ici parmi vous sur la terre des hommes et des femmes qui ont longtemps souffert. Je suis ici chez des hommes sur lesquels Si Moh U M’hand a composé des vers. Sur la terre pour laquelle Fatma N’Soumer, Ahmed Oumerri et les Chouhada ont donné leur vie pour que l’Algérie obtienne son indépendance». Ahmed Ouyahia, qui a tenu à transmettre les salutations du candidat Bouteflika à tous les citoyens de Tizi-Ouzou, n’a pas omis de rendre hommage à une wilaya qui a enfanté dira-t-il, huit colonels durant la guerre de libération. Il rendra également hommage au chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed, ainsi qu’aux martyrs de 1963. «Je rends hommage à Amirouche, Krim Belkacem, Zammoum, Dhiles, Ali Mellah, Said Yazourene, Amar Ouamrane, Didouche, Amara Rachid et Hocine Aït Ahmed que Dieu lui accorde longue vie».
«Anerez Wala Aneknu»
Ahmed Ouyahia, qui a eu droit à un accueil des plus chaleureux, a tenu à rappeler à l’assistance la fameuse phrase prononcée par Bouteflika, lors d’un de ses discours à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou : «Il n’y a pas d’Algérie sans la Kabylie ni de Kabylie sans l’Algérie». Il tiendra également à rendre hommage aux militants du FFS, morts en 1963 : «Ces hommes étaient de vrais patriotes. Même s’ils s’étaient opposés au pouvoir de l’époque, ils n’ont pas hésité un instant à répondre à l’appel de la patrie, menacée aux frontières», dira-t-il à l’adresse des présents, parmi lesquels d’aniciens maquisards et des enfants de chouhada. Enchaînant les hommages, le chef de cabinet du Président Bouteflika a tenu à saluer la mémoire de Matoub Lounès : «un Chahid du devoir national qui s’est sacrifié pour le pays, lui qui a été blessé en 1988 alors qu’il appelait au calme avant d’être assassiné par les terroristes en 1998. Je saisis cette occasion pour demander aux citoyens de Béni Douala, ici présents, de transmettre mes chaleureuses salutations à la mère de Lounès, Nna Aldjia, à qui je souhaite un prompt rétablissement», lancera-t-il. Ouyahia, apparemment très contrarié par l’interprétation donnée à sa dernière sortie sur la chaîne BRTV, a tenu a remettre les pendules à l’heure. Rendant hommage aux victimes du Printemps noir de 2001, l’ancien Premier ministre a tenu à préciser qu’il n’avait jamais insulté la mémoire de Guermah Massinissa, le jeune lycéen tué en avril 2001 dans une brigade de gendarmerie : «126 jeunes sont tombés durant le Printemps noir, un peu partout à travers la Kabylie, parmi lesquels Guermah Massinissa que je considère comme mon fils», assènera-t-il. Ouyahia évoquera également les animateurs du Mouvement citoyens des Archs, «avec lesquels nous avons trouvé suite à une série de discussions, une issue à la crise qui a secoué la Kabylie», a-t-il ajouté.
«Guermah Massinissa est mon fils»
Ahmed Ouyahia parlera ensuite des années de braises qui ont secoué l’Algérie, durant la décennie noire : « C’est grâce aux efforts des patriotes, des GLD, des services de sécurité des gardes communaux et des éléments de l’ANP que l’Algérie est restée debout. L’Algérie ne tournera jamais le dos à ses enfants », assurera- t-il sous un tonnerre d’applaudissements. Ouyahia qui s’est attardé sur les fruits de la politique de la réconciliation nationale, prônée par Bouteflika depuis son accession au pouvoir, a tenu également à lancer un appel à ceux qu’ils qualifient d’«égarés» de se rendre, car pour Ouyahia le danger vient aujourd’hui de l’extérieur : «Vous avez le droit de vous opposer au pouvoir, mais vous n’avez pas le droit de vous opposer à la patrie», a-t-il lancé. «Souvenez-vous de l’affaire de Tiguentourine. Parmi les quarante terroristes qui ont attaqué la base pétrolière, deux seulement sont algériens, les autres sont de onze nationalités différentes», précisera-t-il, avant de d’avertir : «ce qui se passe dans les pays de la région n’est pas un printemps mais un complot. Regardez ce qu’on a fait du Yemen, du Soudan, de la Syrie et de l’Egypte. Aujourd’hui, il faudra rendre hommage à nos milliers de soldats qui se trouvent aux frontières pour préserver la sécurité et l’intégrité de notre pays». A propos de ceux qui appellent au boycott de l’élection, Ouyahia, qui insistera sur le fait qu’il respectait le choix de chacun, quand celui-ci est exprimé dans le cadre de la démocratie, n’a pas mâché ses mots en évoquant ceux qui appellent à investir la rue au lendemain du 17 avril : «Ils parlent, un peu partout à travers le pays, que ce soit dans le sud ou dernièrement à Béjaïa, que dans le cas où ils ne gagnaient pas l’élection du 17 avril, ils investiraient la rue pour dénoncer la fraude. Nous leur disons : Barakat. Le peuple Algérien est fatigué. Barakat les larmes. Les Algériens ne sont pas prêts à revenir aux années de larmes et de sang», avertit-il, en direction des candidats incriminés. Revenant sur l’état de santé de Bouteflika, Ahmed Ouyahia n’est pas allé par trente-six chemins, en adressant un message aux pourfendeurs du Président candidat : «Ils disent qu’il est malade et qu’il a osé se présenter pour un quatrième mandat. Je leur réponds : Khemsa fi Inikoum (cinq dans vos yeux). Ils disent que c’est une momie. Je leur réponds qu’une momie ne pourra jamais recevoir en audience de hauts responsables étrangers sans que cela ne se fasse ébruiter à trvaers les quatre coins du monde. Je vous rassure, Bouteflika se porte comme un charme et vous allez bientôt le voir et l’entendre à la télévision». À ceux qui parlent de clan de Bouteflika, Ouyahia a répondu sur un ton ironique : «Ils parlent de clan, alors je leur dis que ce clan compte 18 000 élus et 4 millions de citoyens qui ont apposé leurs des signatures pour la candidature de Bouteflika».
«Bouteflika est l’ami des démunis»
Abordant le volet économique et social du programme du candidat, Ahmed Ouyahia, qui s’est longuement attardé sur les nombreux projets réalisés dans la wilaya de Tizi-Ouzou durant les trois derniers mandats en matière de logement, d’éducation, de gaz naturel et d’alimentation en eau, a tenu à rassurer les citoyens, notamment les jeunes, que le prochain quinquennat, dans le cas où Bouteflika était réélu, sera consacré au développement, à tous les niveaux : «Je vous annonce que la wilaya de Tizi-Ouzou va encore bénéficier de nouveaux projets. Déjà Mabrouk un nouveau CHU qui sera bientôt opérationnel. 60 000 nouveaux foyers à travers la wilaya seront raccordés avant la fin de cette année au réseau de gaz naturel. 8000 logements LSP seront bientôt attribués, 27 nouveaux lycées sont en chantier, 48 communes sont actuellement desservies en eau potable et dans deux ans on atteindra les 67 communes de la wilaya. Le dispositif ANSEJ ne sera jamais abandonné mais mieux encore, il sera amélioré afin de permettre au maximum de jeunes d’en bénéficier», promettra Ouyahia sous les applaudissements nourris des jeunes présents dans la salle. Les retraités et les émigrés n’ont pas non plus été oubliés dans le discours d’Ouyahia qui a maintes fois répété : «Bouteflika est l’ami des démunis ». Un clin d’œil bien capté par une assistance acquise au Président sortant.
«Méfiez-vous de ceux qui veulent vous pousser à la dérive»
Ahmed Ouyahia, a animé également, hier à Boumerdès, en milieu d’après-midi, un meeting de campagne électorale pour la présidentielle du 17 Avril, en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika. Fortement applaudi dès son arrivée à la salle omnisports du chef-lieu de wilaya, Ahmed Ouyahia a salué les saints de la région, à l’instar de Sidi Amar Chérif dont il a demandé la bénédiction (Baraka). Il a ensuite rendu un vibrant hommage à ses valeureux moudjahidine de la guerre de libération, les éléments des forces combinées de sécurité et les patriotes, avant de passer en revue les importantes réalisations du chef de l’Etat durant ses trois derniers mandats. «Ces réalisations se traduisent par un mieux-être social pour la majorité de la population, alors que le programme de Bouteflika, leur initiateur, ne s’est pas encore achevé», a-t-il expliqué. Il citera comme exemple les grands efforts déployés par l’Etat dans le cadre du raccordement des foyers des zones rurales au gaz de ville. « Et vu l’importance de ce projet et sa particularité en Afrique et dans le monde arabe, Bouteflika le qualifie de gaz de Rif», a-t-il ajouté en souriant. Abordant les progrès industriels, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika, l’orateur a annoncé que la première voiture algérienne sera construite, cette année, à l’usine Renault d’Oran. D’autres constructions de voitures auront lieu, simultanément, à Rouiba et Tiaret, a-t-il ajouté. Il exhortera ensuite les jeunes, très nombreux dans la salle, à prendre garde face aux opposants au programme présidentiel : «Ceux-là veulent vous duper et vous pousser à la dérive, en prétendant que de nombreux bénéficiaires du programme d’aide au lancement des micro entreprises en 2011 ont été déjà sommés de rembourser leurs dettes, sous peine d’être traduits devant les tribunaux. C’est un pur mensonge, puisque les contrats de remboursement avec l’ANSEJ et d’autres organismes étatiques similaires ont une échéance plus longue». Il rassurera encore cette frange juvénile, en expliquant que l’Etat algérien, qui a remboursé sa dette extérieure sous la présidence de Bouteflika, est toujours pour le soutien de certains produits alimentaires de base. Ouyahia citera également les aides octroyées aux familles démunies, avec pour exemple la somme de 3 000 DA à chaque rentrée scolaire, l’aide à l’auto-construction dans les douars dont le montant est de 700 000 DA, alors que les habitants des villes ont eux droit au logement social dont le prix de location est fixé à 800 DA, bien que son prix réel est en perpétuelle augmentation. Ripostant à ceux qui menacent de faire sombrer la rue dans la violence, si Bouteflika est élu pour un quatrième mandat, il dira tout simplement : «nos mères, tant en Kabylie, à l’ouest, au sud et au fin fond de l’est du pays, sont fatiguées de pleurer leurs enfants, durant les années de terrorisme. Celui-ci a été vaincu par l’armée et grâce à la politique de réconciliation nationale qui reste toujours ouverte. Mais nous faisons face aussi à un autre terrorisme qui vient de l’extérieur, à l’exemple de l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine où l’on comptait 40 terroristes dont seulement quelques-uns sont de nationalité algérienne. Dans ce contexte, il notera que »le printemps arabe » ne fut en vérité qu’un ensemble de complots graves, ourdis contre les Arabes, à commencer par le Soudan qui a été finalement morcelé. De cette wilaya, où il annoncera au nom du chef de l’Etat, la construction d’une autre zone industrielle, précisément à Zâatra, Ahmed Ouyahia réitérera son appel pour un vote en masse au profit de Bouteflika le 17 Avril prochain.
A.C. et S.H.

