Le combat identitaire entre mirages et réalités

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Aujourd’hui nous célébrons le 34ème anniversaire du Printemps berbère. Que s’est-il passé depuis cette date repère du 20 avril 1980 ?  Quel parcours a franchi Tamazight, langue, culture et histoire de tous les Algériens, et quels acquis peut-on comptabiliser en amont et en aval du recouvrement plein et entier de l’identité nationale ? De prime abord, un constat s’impose. A l’époque où Tamazight était à peine tolérée et n’avait pratiquement aucune existence légale, les créateurs, dans les différents genres d’expressions, littéraire, théâtral, poétique et scientifique, étaient prolifiques, tant en qualité qu’en quantité. Et aujourd’hui que tous les moyens sont à disposition et qu’aucun interdit n’entrave la créativité multidimensionnelle dans cette langue, on voit que le terrain, à quelques rares exceptions de gens qui travaillent dans la discrétion féconde de leur magister,  est abandonné aux bricoleurs et aux usurpateurs de tous acabits, pour grenouiller, à qui mieux-mieux, pour pervertir et corrompre ce pourquoi des Algériens visionnaires, clairvoyants, ont lutté becs et ongles pour l’imposer depuis les années 40. Certains ont survécu, d’autres l’ont payé de leur liberté et parfois de leur vie. Ces derniers attendent toujours leur place au panthéon de notre mémoire à défaut de tombes où ils reposeraient en paix, réhabilités au rang de martyrs de l’identité retrouvée, puisque aujourd’hui ce n’est plus qu’une question de temps de voir Tamazight recouvrer son intégrale  reconnaissance. Et ceci est l’œuvre de plusieurs générations d’Algériens . Toutefois, sur le plan politique, le MCB, qui était un et indivisible, menait le combat sans rien attendre en retour, sinon la reconnaissance de la dimension nationale de la langue amazighe, d’Alger à Tamanrasset et de Bordj El Khadra à Zouj Bghal, par delà les différences phonologiques, rien de plus, des parlers berbères. De reconnaissances timides, dans le préambule de la constitution de Liamine Zeroual de septembre1996, à l’introduction de Tamazight dans l’école en tant que matière optionnelle, puis à celle  plus tranchante de Bouteflika à travers l’article 3bis de la constitution reconnaissant à Tamazight le statut de langue nationale, beaucoup d’acquis ont été réalisés en faveur de cette langue. Cependant, entre temps, de nombreuses divisions ont surgi pour atomiser cette revendication cardinale. Le MCB, jadis uni et fédérateur, a éclaté en plusieurs tendances, MCB coordination nationale, proche du RCD, le MCB commissions nationales, proches du FFS, et peu de temps après est venu s’ajouter aux deux structures une 3e tendance qui s’appellera MCB rassemblement  de Ferhat Mehenni. Dès lors, ce mouvement, en principe transcendant les partis, a été pris en otage par ces derniers, revendiquant chacun, selon sa chapelle, la primauté et la justesse de sa vision quant au devenir de l’identité. Ce qui entraîna le combat identitaire dans une impasse où le débat byzantin prit le dessus sur l’essentiel. Ce qui était le petit dénominateur commun des Imazighen, quelles que soient leurs différences idéologiques, est devenu, à cause des égoïsmes partisans et politico politiciens des uns et des autres, le point nodal de leurs divergences, le champ de bataille de leur guéguerre des tranchées. Que reste-t-il aujourd’hui de ces 3 MCB ? Rien ! Absolument rien ! Il reste, cependant, l’évocation de ce mouvement de masse fabuleux, à chaque échéance calendaire, non pas pour le revivifier mais pour s’en servir comme faire-valoir de militance, d’héroïsme et de combativité réels ou usurpés, pas plus.

Sadek A.H

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