les journalistes et correspondants fêteront la journée mondiale qui consacre la liberté de dire.
Une fête si terne, pour ceux qui rapportent l’information, bien qu’elle soit célébrée au mois du Muguet. Pas un brin de cette fleur aux clochettes de bonheur pour les confrères qui doivent, toujours et encore, conjuguer avec le dur exercice du métier. Combien sont-ils à Tizi-Ouzou et ailleurs, ces correspondants qui trimbalent les pieds munis de carnets de notes à remplir ? Jouissent-ils de conditions favorables à même de pouvoir collecter les informations ; ont-ils les moyens pour sasser, trier et se fixer sur l’info à transmettre aux lecteurs ? Ont-ils réellement la considération qui sied avec leur statut, quoi que ce dernier n’existe encore nulle part. Ils sont, au moins, une cinquantaine, entre journalistes permanents et correspondants, à exercer au chef-lieu de Tizi-Ouzou. Ce chiffre est multiplié par deux, concernant les correspondants qui transmettent quotidiennement l’information de leurs villages et communes, vers les rédactions centrales ou vers les bureaux des quotidiens qui en possèdent. Tous ne sont pas égaux dans le climat de travail, quoi que la quasi-totalité évolue dans la fragilité. « Les conditions de travail des pigistes sont vraiment lamentables. Ils sont très mal payés. Pourtant, ils fournissent un travail considérable, et pour ceux qui n’ont pas de bureaux, les choses ne sont pas si reluisantes pour eux », estime Arezki Ibersiene, correspondant à Tizi-Ouzou. Bien plus que de la sinécure, être journaliste ou correspondant, et être femme de surcroît, accroît justement la pénibilité et les risques liés à la profession. « Comme pour toutes les femmes actives, celles qui exercent dans le domaine de la presse font face à des difficultés supplémentaires, en plus de celles que rencontrent les hommes. Le premier d’entre ces obstacles, c’est la crédibilité d’une femme journaliste qui travaille loin des rédactions. Aux yeux de certaines personnes et personnalités, une femme journaliste, notamment débutante, n’est pas si crédible, elle est mal perçue, s’étant incrustée dans un domaine, jadis, réservé aux hommes », croit savoir Thanina Benamer, journaliste dans un quotidien à Tizi-Ouzou. Déhanchés à tout coin de rue, mal vu par certains et méprisés par d’autres, les journalistes et correspondants de presse savent mieux que quiconque pourquoi leur métier est classé parmi les cinq métiers les plus stressants, sur une liste exhaustive de 17 professions génératrices de maladies psycho mentales. C’est qu’il y a des coups tordus et d’autres faciles à retordre dans une corporation qui avance très péniblement pour se protéger, pour recouvrer, peut-être, ses droits et avoir un peu de dignité en dehors de toute forme de pression, de chantage ou de tentation. Si tout n’est pas « blanc », pour ce métier qui ne se parfume que l’espace d’une journée à longueur d’année, tout n’est pas si sombre, non plus. « Nous ne sommes, certes, plus dans le contexte où le journaliste est menacé dans son existence, même du fait du terrorisme ou de la mafia, mais ceci dit, beaucoup reste encore à faire », dira notre confrère de Liberté Samir Leslous, président de l’association des journalistes et correspondants de Tizi-Ouzou (AJCTO). Pour lui, « même si de nombreux médias font de plus en plus l’effort d’assurer de meilleures conditions de travail à leurs correspondants, de nombreux journalistes sont encore dans la précarité soit sans couverture sociale ni un minimum de moyens matériels, donc ne disposant même pas d’un local ». Cette situation rend ces journalistes vulnérables à la tentation, selon le président de l’AJCTO, qui n’a pas manqué de relever, par ailleurs, les difficultés liées à l’accès à l’information, quoi que, reconnaît-il, « depuis l’interpellation du wali, l’année dernière, des efforts sont consentis. Mais cela reste très insuffisant, notamment dans les administrations publiques ». L’errance des journalistes et correspondants de Tizi-Ouzou, en vue de transmettre l’information, devra, néanmoins, bientôt avoir son épilogue, à la faveur de l’achèvement de la Maison de la presse, « l’un des chantiers prioritaires du wali », devant être livrée l’an prochain.
M.A.T.