L’impressionnante page d’histoire que renferme le site archéologique de la ville de Sour El Ghozlane subie un véritable coup de gomme par diverses agressions tant humaines que climatiques, au su et au vu de tout le monde sans que l’on fasse le moindre geste pour freiner la dégradation galopante des infrastructures encore debout qui peuvent être préservées par de simples opérations d’entretiens et de restaurations. D’entrée, le moins sensible des visiteurs ne peut réprimer un haut le cœur devant le décor des plus repoussants qui l’accueil à l’intérieur de ce site qui a pris les formes d’une véritable décharge publique. En effet, d’incalculables amoncellements d’ordures ménagers nauséabondes enlaidissent et polluent ce vaste espace de ruines jonché de précieuses pièces archéologiques livrées aux vandalismes et aux affres climatiques, étant livré aux quatre vents. Le fait d’être situé en pleine ville n’empêche pas le lieu d’être transformé en véritable foyer d’épidémie et de pollution à cause des accumulations d’immondices qui donnent des frissons. L’aberration est le fait d’être accueilli à l’entrée de l’une des principales portes d’accès par un édifice flambant neuf baptisé exagérément, « maison d’accueil et d’orientation » relevant de la direction du tourisme opérationnel depuis 2008, apprend-on sur place, où ne végètent que six jeunes chômeurs recrutés dans le dispositif du filet social, lesquels ne disposent d’aucun moyen pour remplir la tâche qui leur est confiée. L’un d’eux nous a aimablement accompagné lors de notre tournée à l’intérieur du répugnant site en affichant un gène fort apparent devant ce lamentable décor peu honorable. Car, en plus des dépotoirs sous formes de dunes, des édifices encore debout sont transformés en toilettes à ciel ouvert dont les puanteurs embaument désagréablement l’atmosphère et l’environnement des lieux. A cela s’ajoute une véritable nappe de hautes herbes sauvages, du genre chiendents épineuses, qui gênent tout déplacement à l’intérieur des espaces nus, et qui donnent au site l’aspect d’un lieu sauvage, au moment où il devrait être un lieu attractif pour les touristes, de loisir et de recréation pour les riverains. L’abandon et la négligence de cet endroit, qui renferme un considérable pan de la mémoire collective, mérite d’être souligné et signalé. Un bref retour sur l’histoire de Sour El Ghozlane, baptisée en arabe du fait que les murs d’enceintes qui entourent ce site sont dotés d’alignées de meurtrières dénommées El Ghizlane, en arabe. Donc, l’on attribue la fondation de cette ville à l’ère phénicienne ensuite occupée par les romain aux environs de 63 avant Jésus Christ, sous le règne de l’empereur August et baptisée Auzia du nom du dieu Auzius, selon des inscriptions gravées sur pierres découvertes lors des fouilles entamées par les français durant l’occupation coloniale sur des ruines d’environ 800m de long sur 350m de large. Les organismes concernés, qui sont les Directions de la culture et du tourisme, doivent réagir et sauver ce qui pourrait l’être encore de ce site d’une inestimable valeur sur le volet historique, d’autant plus que la plupart de l’architecture, encore debout, peut être sauvée.
Oulaid Soualah
