6 ans de prison requis pour séquestration

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Le procureur général près le tribunal criminel de Tizi Ouzou a requis six ans de prison ferme contre T.Kamal, âgé de 35 ans, T.Lounés, âgé de 38 ans et H.Ali, 36 ans, pour enlèvement et séquestration de K.Boussad. L’affaire a tout l’air d’un fait divers peu ordinaire, puisque les trois prévenus étaient victimes d’une «escroquerie» tissée par la victime, selon les propos de l’avocat de la défense. Mais avant qu’ils déposent plainte, ils ont découvert que la gendarmerie est à leur cavale pour séquestration illégale d’une personne, pendant quatre jours. Selon l’arrêt de renvoi, rendu par la chambre d’accusation, les faits remontent au mois de février 1999 lorsque les deux frères, Lounès et Kamel, ainsi que H. Ali ont décidé de commercialiser de l’huile d’olive à l’étranger, ils ont fait appel aux services de K.Boussad. Ce dernier prétendait avoir des tuyaux en Espagne et au Mali. Les associés ont chargé alors la victime d’acheter l’équivalent de 73 millions de centimes. L’achat a été effectué en deux tranches, une première fois à raison de 5 600 litres d’huile d’olive et la deuxième est de 10 000 litres. Au bout d’une année,les associés ont rencontré l’homme qui devait vendre la marchandise en Espagne. Ce dernier les a informés que la marchandise ne lui a été pas remise par K.B. Pour le punir, les accusés ont séquestré la victime dans une maison inoccupé à Maâtkas, où il a été tabassé. Cette version a été réfutée en bloc par les trois inculpés. «Celui qui se présente maintenant comme victime a trahi notre confiance», dira T.K, qui a relaté une autre version des faits. Il dira que « K.B a usé de ce stratagème pour se débarrasser de nous après avoir pris de l’argent». S’agissant des charges d’enlèvement et de séquestration,le prévenu a déclaré que « la victime, contrairement à ce qu’elle raconte, a été bien traitée »,avant d’ajouter que la raison pour laquelle ils sont partis à sa recherche et pour se disculper vis-à-vis de leur troisième associés H.Ali. «Il nous a dit qu’il a vendu tout l’huile à une société à Oran et il ne reste que l’argent qu’il faut récupérer le plus vite possible ». La même version est soutenue par le frère du premier accusé qui a déclaré «que nous l’avons laissé tout seul pour aller chercher un peu d’argent,les frais du voyage à Oran ». « Il a saisi l’occasion de notre absence pour aller à la gendarmerie et inventer une histoire faite de toutes pièces»,enchaîne t-il.Dans son bref réquisitoire, le représentant du ministère public a déclaré que les faits sont clairs et culpabilisent les trois inculpés. Il a demandé ainsi l’application de l’article 261 du code pénal qui punit ce genre d’actes. Ce à quoi les avocats de la défense ont violemment réagi, en brandissant le manque de preuves matérielles.M. Tadjer qui a assuré la défense a déclaré que «le dossier est vide et même le certificat médical de la victime indique qu’il n’a subi aucun coup». «La présumée victime »,selon la défense «a créé tout ce scénario pour ne pas répondre de ses responsabilités». Les termes de l’article cité par le ministère public, soutient la défense s’applique aux terroristes qui kidnappent et séquestrent les personnes. «L’insolite dans cette affaire est que l’escroc a envoyé ses victimes au banc des accusés», a conclu la défense. Dans cette audience, où la victime a brillé par son absence, le jury répondra aux questions d’enlèvement et de séquestration, maintenus contre les trois accusés. Quant à l’escroquerie, celle-là est une autre affaire.

M.Ait Frawsen

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