En pareille période de chaque année, les marchés informels de vente de moutons apparaissent de manière sporadique à travers les cités de banlieues, où les maquignons s’adonnent tranquillement à la vente d’ovins, en dépit des arrêtés d’interdiction de vente en ces lieux par les services vétérinaires de la wilaya d’Alger. C’est ainsi qu’il n’est ni rare ni étonnant de voir des trottoirs, des parkings ouverts, des garages et de nombreux locaux commerciaux transformés, l’espace de quelques semaines, en étables de fortune et ce, au mépris des autorités partagées entre le devoir de sévir et la permissivité sachant que cette situation connaîtra son épilogue, au plus tard, la veille de l’Aïd El Kébir, prévu le samedi prochain. Pourtant, la faute n’incombe nullement aux services chargés de réguler les marchés de bétails, qui, selon M.Omar Yousfi, inspecteur vétérinaire, ont instruit la wilaya pour mettre à la disposition des maquignons pas moins de 110 sites de vente de moutons. De cette façon, le contrôle vétérinaire devient systématique et l’anarchie s’estompera inéluctablement. Mais les moutons ne se vendent pas exclusivement en ces lieux. Ce qui a conduit à voir la capitale se muer en une véritable étable géante, où les maquignons dictent leurs lois. Dans les quartiers populaires, comme Bab El Oued ou Hussein Dey, la situation est à la limite du burlesque. Les rues sont, chaque année, complètement envahies par les béliers et les bottes de foin, entravant la circulation des piétons et des véhicules. De plus, eu égard à la prolifération de la fièvre aphteuse chez les bovins et qui a tenu en haleine les citoyens ces dernières semaines, rares sont les revendeurs qui présentent les documents vétérinaires certifiant la bonne santé de leurs bêtes, ce qui représente une menace pour la santé des consommateurs. Certes, il a été tout ressassé que le mouton n’a pas été touché par cette maladie, mais avec la multiplication de ces marchés informels, on est en droit d’en douter. De plus, selon les services vétérinaires de la wilaya d’Alger, « Le déplacement et le transfert du cheptel ovin entre les wilayas ne peut se faire sans la présentation du certificat du vétérinaire attestant l’absence de la maladie ». Alors, quand on voit des maquignons, venus de l’intérieur du pays , non porteurs de ces documents, il y a lieu de se poser des questions sur les itinéraires empruntés pour échapper à la vigilance des services de contrôle.
Ferhat Zafane
