Cependant, l’agriculture est loin d’être l’activité prépondérante dans cette municipalité au relief accidenté constitué de collines, de coteaux et de précipices. Seule l’oléiculture tient le haut du pavé, talonnée de loin par la culture maraîchère. La population est estimée à 20 000 habitants. 14 villages et 5 hameaux sont affiliés à cette municipalité. Les chemins qui y mènent sont goudronnés. Ils font un total de 31 km. Le chemin de wilaya 43 passe par Guindouz.Aït R’zine a élu son édile en la personne de M. Amghar Abdennour, d’obédience FLN, le 24 novembre dernier.Sur les 9 sièges qui étaient convoités, 4 revinrent au FLN, 3 aux Indépendants, 1 au FFS et 1 au RND. Ce dernier s’est allié à l’ex-parti unique pour former la majorité au sein de l’APC qui s’est d’ailleurs réunie le 11 décembre passé pour installer les commissions et désigner des adjoints et délégués spéciaux pour les antennes administratifs. “L’assemblée, nous dit-on, n’a souffert d’aucun conflit ni blocage à l’instar de quelques autres APC en Kabylie.” Les élus ont fait prévaloir, selon les dires de la même source, l’intérêt de la population à ceux partisans.“Les gens n’ont pas voté pour tel ou tel parti, mais pour les personnes. Maintenant, il ne subsiste plus de vote partisan sauf, bien sûr, pour les militants de partis. Les citoyens cherchent des gens qui travaillent, qui répondent favorablement à leurs doléances”, nous dira le premier vice-président d’Aït R’zine.Pour une rétrospective, lors des élections municipales de 1997, ce fut le FFS qui eut la majorité absolue avec 5 sièges.En 2002, ce fut le boycott et le rejet total prônés par les archs et les dernières joutes électorales ont carrément changé la carte politique-partisane de la commune, où le parti d’Aït Ahmed, si on considère que celle-ci était “son fief” eu égard aux résultats de 1997, a été battu à plate couture par le parti de Belkhadem, qui a “réalisé une percée” inattendue.La commune compte 10 écoles primaires dont 9 sont dotées de cantines scolaires. 4 d’entre elles furent des logements d’astreinte désaffectés reconvertis ensuite en demi-pensions, permettant ainsi aux élèves des villages lointains de manger correctement à leur faim.Le chauffage est disponible, fort heureusement, quoique ce sont des poêles à mazout, vétustes et laissant échapper la fumée, rendant l’air à l’intérieur des salles de classes irrespirable. L’APC approvisionne ces établissements à raison de 200 litres tous les deux jours et par école, ce qui, en fin de compte, constitue une enveloppe non-négligeable en se chauffant à plus de 1 million de dinars le trimestre, soit l’hiver entier… Le problème de surcharge des classes se pose avec acuité à Guindouz où, à l’unique école que compte ce chef-lieu de commune, il est recensé 677 élèves au lieu des 250 comme limité.En matière de logements, contrairement aux communes voisines (Ighil Ali, Tazmalt), Aït R’zine n’a pas bénéficié d’un nombre important. Seuls 18 logements sociaux (10 logements sociaux locatifs et 8 évolutifs) ont été réalisés, lesquels d’ailleurs sont revenus aux familles démunis.Des projets de construction de logements sociaux sont d’ailleurs consignés. Ainsi, 18 LSP sont en instance de réalisation au lieudit Boumegga, la liste des bénéficiaires étant déjà arrêtée et 20 LSL (Logements sociaux locatifs) seront construits et achevés en 2007 au lieudit Bouabdallah. Les familles nécessiteuses qui seront recasées sont soumises préalablement à des enquêtes réalisées par la commission communale. l’aide à l’auto-construction d’une valeur pécuniaire de 500 000 DA vient en appoint aux familles désireuses de faire des extensions dans leurs habitations.Cependant, cela répond à des conditions d’éligibilité, ceux qui sont bien logés, ayant un salaire supérieur à 40 000 DA, les chômeurs et ceux qui ont déjà bénéficié de cette assistance, sont exclus de cette formule.Néanmoins, la condition primordiale demeure incontestablement l’acte de propriété que le prétendant doit présenter.Dans le cadre de la politique de la résorption de l’habitat précaire (RHP), l’APC d’Aït R’zine a rasé en 2000, pas moins de 16 taudis, des familles ont été recasées dans 8 logements évolutifs, d’autres sont retournées sur leurs lieux d’origine. A présent, ils subsistent quelques bicoques à l’aspect moins désagréable. Il faut dire qu’à Guindouz, la majorité de la population compte beaucoup sur ses propres moyens pour construire. Des signes d’opulence, ne trompant pas, résumés en villas qui pullulent d’ailleurs à la sortie, en bas du village. Ce qui par contre pourrait accentuer la crise du logement, c’est l’exode des populations des villages et même des communes avoisinantes à la recherche d’habitat et d’une vie décente. Concernant les commodités de vie, il existe 2 chaînes d’AEP qui alimentent toute la localité et un projet d’installation d’une troisième chaîne de renforcement en cours de réalisation qui va alimenter les villages de Boucheffa, Tighilt, Tizi Tegrart, cependant l’eau ne coule pas chaque jour à Guindouz : Elle est distribuée un jour sur trois dans le meilleur des cas.L’assainissement ne pose pas problème puisque tous les patelins sont raccordés au réseau d’évacuation. Seul problème, l’extension que connaissent ces villages. Alors l’APC est contrainte d’y accorder les nouvelles demeures. Malgré son statut de commune, Aït R’zine ne possède qu’un seul centre de santé réceptionné en juin 1983 et qui ne répond pas aux exigences de la population allant crescendo. La proportionnalité prêterait à s’y méprendre à l’hilarité : 20 000 habitants pour un seul centre de santé.2 médecins, 2 dentistes, 3 infirmiers et une infirmière : c’est le personnel médical qui y travaille. L’ambulance, un véhicule éminemment important dans ce genre de structure y est inexistant. “Nous restons impuissants devant des cas d’extrême urgence en l’absence d’une ambulance et d’un chirurgien. Il nous faut absolument un service d’urgence assurant les activités 24 heures sur 24”, nous a dit un médecin dudit centre. Pour l’anecdote, un patient blessé et qui a eu la main sectionnée a été acheminé vers ce centre. Malheureusement le personnel médical n’a rien pu faire pour lui. Conséquence : il perdit sa main à défaut d’être recousue à temps. Une demande de création d’un service d’urgence a été formulée par le premier vice-président de l’APC à la direction du secteur sanitaire d’Akbou, sans toutefois que celle-ci ne réserve de suite, selon le même responsable communal.Le centre culturel, achevé en 2002 est resté clos, depuis, bien qu’il soit équipé de tout (mobilier et matériel nécessaires) et raccordé au réseau d’AEP clôturé, fin prêt.Selon le secrétaire général de l’APC, le problème résidait, en première instance dans le fait que du 10 octobre 2002 au 23 novembre 2005, la commune est restée sans maire, donc il n’avait pas de prérogatives pour faire fonctionner ce centre. Toutefois, ce dernier ouvrira ses portes, selon les dires du même responsable, dans, au moins, un mois et sera géré par les autorités municipales.
Taddart, le point de départ de GuindouzAvec notre cicéron, Sofiane, un jeune chômeur de 21 ans, nous pénétrâmes dans Taddart, le cœur de Guindouz. C’est de là que partit le village. Nous marchons “piano, piano” dans la ruelle principale un peu étroite. “Nous avons côtisé pour bétonner cette venelle. Autrefois, elle était pleine de cailloux et de cratères”, nous dit Sofiane. Des maisons multi-séculaires construites en pierre sèche, s’offrent à notre vue. Les portes en bois témoignent encore de la dextérité des menuisiers de Tabouânant, très connus jadis dans la région pour la fabrication de portails et fenêtres. Les motifs ne trompent pas, des signes géométriques, des “x”, “=” et des petits cercles. La plupart des demeures sont abandonnées, tombées en ruines, aux faîtes étêtés. Des plants ont poussé, témoins d’un délaissement de longue date. Dommage ! Elles sont pourtant solides et peuvent tenir encore des siècles. La majorité des habitants est descendu habiter plus bas, dans le nouveau Guindouz et dans le “brouhaha” du béton et des parpaings. Nous arrivâmes devant l’ancienne mosquée. Un homme prétendait qu’elle fut construite vers le 17e siècle. Celle qui se tenait devant nous a, apparemment, connu des travaux de confortement. Juste à proximité de ce lieux de culte se dresse un émetteur-récepteur d’un opérateur de téléphonie mobile. L’ancien et le moderne, côte à côte. La religion et la science en frères siamois. Qui dit mieux ? Notre virée s’arrête à quelques pas de cette Djamaâ. Une bourrasque soufflait. Nous rebroussâmes chemin : les ruelles sont presque vides. Il est 12 heures 47 minutes. Nous croisâmes un passant qui nous salua et reprit son “apnée” dans ses pensées. Sur notre chemin, nous vîmes quelques habitants de Taddart qui utilisent encore des bêtes de somme pour leurs déplacements. Les ruelles étant étroites, celles-ci ne permettent pas aux voitures de passer. Un mauvais calcul des aïeuls ! Qui d’entre eux pouvait imaginer une halte chez le forgeron, isolé dans son local vétuste et antédiluvien, à en juger par le plafond constitué de poutres et poutrelles en bois et noircies de fumée, les murs décrêpis et tâchetés, des outils, des morceaux de fer, des barres posées pêle-mêle : un véritable capharnaüm.Au milieu se trouve l’enclume. Dans une encoignure, un plateau à charbon, éteint ce jour-là. “Ce métier s’est transmis de père en fils dans notre famille. Nous sommes forgerons depuis des générations”, nous dit M. Heddad, 57 ans. A la question de savoir s’il a choisi ce métier ou si cela a été une contrainte, il répondra : “J’aime, parce que c’est un héritage. C’est une contrainte, c’est le pain. J’ai commencé ce métier à l’âge de 8 ans”. Nous écarquillâmes les yeux. Un jeune homme passe devant le local, à vive allure, nous aperçut et revint sur ses pas. Il entra. “C’est mon fils Zakir, il a 19 ans”, nous dit le forgeron. “Il est soudeur-apprenti”, continua-t-il. Nous demandâmes : “Pourquoi n’est-il pas comme vous ?”. Zakir répondit : “C’est fatiguant et puis ça ne travaille pas”. Alors, ce métier cessera d’être “héréditaire” ? “Aucun de mes enfants ne travaille avec moi, ce travail disparaîtra de notre famille”, dit Aheddad Gouzzal qui utilise du charbon qu’il achète de la CAPS d’Akbou au prix fort de 5 000 à 6 000 DA le quintal. Il dit user jusqu’à 10 kg par jour. Avec qui travaille-t-il ? Que fabrique-t-il ? “Je travaille sans arrêt, avant, les gens me ramenaient, qui son mulet, qui son âne pour ferrer leurs sabots. Maintenant, toutes ces bêtes sont remplacées par les automobiles et puis, je suis fatigué. Lorsque j’étais jeune, je travaillais de l’aube au crépuscule…”, dit Aheddad. “De la prière du Sobh à celle d’el Maghrib”, renchérit, se gaussant, son fils.Notre forgeron aiguise et fabrique les hachettes, les poinçons, les bêches, les marteaux, les poignards, les lames des araires, etc… Ces derniers sont encore utilisés dans les villages juchés sur des collines abruptes, comme Taourirt ou Abla ou encore Mirane. Comme les tracteurs ne parviennent pas à rendre la terre plus meuble, le relief a “forcé” la population de ces villages à garder cette tradition millénaire. Une guimbarde, somme toute, des siècles en arrière. Nous remerciâmes le forgeron et le quittâmes. Quelques instants après, nous nous retrouvâmes en bas, à la sortie de Taddart où le temps semble avoir été “kidnappé” et “surgelé” par cette partie de ce grand village (tout est intact, ou presque, à l’ancienne). Nous revînmes au centre du patelin où… 2006 nous attendait.
Micipsa Y.
