«Waâd Sadek» rouvre à… El Hachimia

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Après une chute aussi fracassante qu’attendue, ayant ruiné des centaines de citoyens, le concept d’El Waâd Sadek séduit toujours et fait même des émules, qui profitent de la crédulité mais aussi de la cupidité de certains.

Ces dernières quarante-huit heures, le tout Bouira est sur le qui-vive. «Moulay est de retour», chuchote-t-on. Mais une donnée est certaine, le marché de voitures est délocalisé. Il n’est plus à Sour El Ghozlane, ville où le fondateur de feu «La Sarl El Waâd Sadek» est honni de la population, car accusé d’avoir «vendu du rêve» à des citoyens désespérés et en mal d’avenir. Cette fois-ci, c’est la commune d’El Hachimia, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya, qui fait l’objet de tous les intérêts. Afin d’en savoir plus sur ce qui s’apparente à une «résurrection» d’El Waâd Sadek, nous nous sommes déplacés dans la matinée d’hier, sur les lieux du nouveau «marché» de véhicules.

60 véhicules vendus en 48h

A 8h 30, la petite place qui sert d’esplanade à ce nouveau «souk» était déjà noire de monde. Ouvert aux quatre vents, l’espace est bien «exposé», puisque il est aussi situé en face de la mairie d’El-Hachimia et aux abords de la RN 08, traversant le centre-ville. Déjà un fait étrange. Comment peut-on implanter un marché illicite, à un jet de pierre du siège de l’APC, sans que les autorités ne s’aperçoivent de rien ? Le mouvement des véhicules, l’afflux de nombreux citoyens mais aussi les deux jeunes «parkingeurs», probablement mineurs, qui essayaient de réguler, difficilement, la circulation automobile, nous rappellent l’ambiance du «souk» de Sour El Ghozlane. En effet, le modèle d’organisation du marché automobile d’El Hachimia a été calqué sur celui de SEG. Deux négociateurs, se présentant comme des proches de Moulay Saleh, parlent en son nom. D’après certaines indiscrétions sur place, en l’espace de 48 heures seulement, pas moins de 60 véhicules ont été déjà vendus. Ces voitures ont été immédiatement revendues à des prix nettement plus bas, par rapport aux tarifs des achats, et ce, alors que les «vrais» propriétaires n’ont reçu que des bons non signés, engageant les deux gérants à payer les sommes de leurs véhicules en l’espace de 30 jours. En constatant ces faits, plusieurs questions nous sont venues à l’esprit. Qui sont réellement ces deux gérants qui parlent au nom de Moulay ? S’agit-il réellement de l’entreprise «El-Wâad Sadek», ou bien est-ce une nouvelle arnaque ? Pourquoi ont-ils choisi cette commune pour l’installation de leur marché et pourquoi en ce moment précis ? Parce que la presse d’une manière générale et la DDK tout particulièrement sont considérées comme persona non grata, nous avons alors opté pour la stratégie d’immersion. Nous nous sommes fait passer pour des clients alléchés. Notre premier contact fut l’un des gérants. Emmitouflé dans sa kachabia et enfermé dans une voiture, cette personne, vraisemblablement très occupée à négocier la vente du véhicule qu’elle occupe, nous a orientés vers son collègue. Ce dernier était à bord d’une Dacia Logan. L’accueil était, pour le moins, ’’chaleureux’’. Notre interlocuteur nous proposa même de monter à l’intérieur de la voiture. Ce que nous avons fait. Une fois à l’intérieur, notre vis-à-vis n’a pas hésité à se présenter comme étant M.A, un proche parent de Saleh Moulay. Chose que nous avons pu vérifier ultérieurement. Il s’agissait de son oncle maternel. D’emblée, ce monsieur nous affirme qu’il travaille pour le compte de la SARL Waâd Sadek. «Vous n’avez pas à vous inquiéter, votre argent vous sera versé en l’espace de 30 jours. Je vous en donne ma parole», dira-t-il, avant d’ajouter : «Toutes les dettes de Moulay seront réglées avant la fin de ce mois, c’est pour cela que nous avons décidé de reprendre l’activité ici même à El-Hachimia, la terre natale de Moulay». Voulant en savoir davantage sur les modes de fonctionnement et de financements de ce nouveau Souk, notre interlocuteur nous expliquera : «C’est le même mode que celui adopté à Sour El-Ghozlane».

Trois véhicules saisis en 15 minutes

Au même moment, alors que les transactions, illégales faut-il le préciser, s’effectuaient, une brigade mobile relevant de la police judiciaire (BMPJ), de la sûreté de daïra d’El Hachimia a fait irruption. Il était 9h30 du matin. Les services de sécurité ont en premier lieu interpellé les «gardiens» de ce marché illégal : des adolescents portant un badge de l’entreprise et dont les yeux étaient enflés et rouges écarlates. Après en avoir terminé avec les gardiens, qui faisaient office également de rabatteurs, les agents de l’ordre iront questionner les personnes qui se trouvaient à bord des véhicules. «Que faites-vous là ? Vos papiers s’il vous plait !», dira un agent à un potentiel acheteur, qui était à bord d’une voiture de marque Hyundai i10, immatriculée dans la wilaya de Médéa. Une fois les papiers vérifiés, l’agent en question intimera l’ordre à cet individu de le suivre au poste de police. Le véhicule a bien entendu était saisi. Quelques minutes plus tard, un autre véhicule, une Dacia Logan, de couleur gris métallisé attira l’attention d’un autre policier. Et pour cause. A son bord trois personnes, qui s’échangeaient leurs coordonnés, tout en tenant à la main des cartes grises. Il était clair qu’une transaction «douteuse» se déroulait à l’intérieur de cette voiture. Même procédé l’agent s’approche, demande au conducteur de sortir du véhicule, tout en lui demandant de présenter ses papiers d’identité au même titre que les deux autres individus qui étaient assis à côté de lui. Là encore, les occupants ont été priés de monter dans la fourgonnette de la police et le véhicule a été aussitôt saisi. Alors qu’on croyait la «descente» terminée, un autre policier «épingle» une autre personne à bord d’une Peugeot 207 blanche, 2010 et immatriculée à Alger. Son conducteur a fait mine de ne rien savoir sur ce marché et qu’il était stationné afin d’aller s’acheter un café. Mais pas de chance pour lui, l’agent de police avait préalablement constaté que des cartes grises entaient dissimulées à proximité de la boite à gants. Après vérification, il s’est finalement avéré que l’individu s’apprêtait à vendre son véhicule. Comme les autres, il a été prié de se rendre au poste de police. En un quart d’heure, le marché s’est vidé la foule s’était dispersée. Nous apprendrons plus tard dans la journée, que les personnes interpellées ont toutes été relâchées.

Ramdane.B/Oussama.K 

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