Rassemblement de soutien à Kamel Daoud

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La place Said Mekbel a accueilli, hier, un rassemblement de soutien à Kamel Daoud. Il y a avait quelques dizaines de militants, à l’exclusion de la grande foule attendue. Le meeting a commencé vers onze heures sur une place relativement vide. Seuls quelques militants politiques et des droits de l’Homme étaient présents au début. Petit à petit, d’autres personnes ont rejoint le groupe pour arriver péniblement à une centaine de personnes. Il faut dire que la presse n’a pas été associée à l’évènement, et l’appel au rassemblement n’a été que très faiblement relayé. Plusieurs personnes se sont succédé pour prononcer des discours qui se répétaient, à l’image des responsables du bureau local de la ligue des doit de l’Homme, les représentants du MDS, du RCD et du PST, le représentant du Café Littéraire de Béjaïa, dont nous avions déjà relayé le communiqué de soutien à Kamel Daoud dans ces mêmes colonnes. Au vu de l’absence de la communauté universitaire, en tant que telle, à ce rassemblement, une étudiante a été invitée à prononcer un discours, tandis qu’un journaliste est intervenu en sa qualité de « citoyen », suivi d’une femme médecin et d’un représentant du Mouvement Barakat. En plus de la population, le mouvement associatif a été l’un des grands absents à ce rassemblement. Les intervenants étaient tous d’accord pour condamner l’appel au meurtre de Kamel Daoud, prononcé par le salafiste Hamadache. Chacun à sa façon, il a été rappelé à l’assistance, le combat des intellectuels et leur massacre par les hordes islamistes durant les années quatre-vingt-dix. Personne n’est prêt à revivre la tragédie de la décennie noire. Ce salafiste, disait-on, « n’a pu prononcer son appel au meurtre qu’avec la complaisance du pouvoir ». On a rappelé à l’assistance qu’il n’en était pas à son premier forfait. Cet ancien militant du FIS dissous s’était déjà fait remarquer par son opposition à l’enterrement de Hachemi Cherif au cimetière de Miramar à Alger, de son appel au meurtre d’Amina Bouraoui et de Ferhat Mehenni. Jusque-là personne n’a réussi à le faire condamner, ni à le faire taire. Un appel a été lancé à tous les militants de la démocratie et de la liberté pour s’unir et faire face à ce courant salafiste intégriste et assurer à tout un chacun, conformément à la constitution, le droit à la liberté de pensée et d’expression. Toujours est-il que Béjaïa a exprimé son refus net de la violence et de l’intolérance. Mais il est à noter que le rassemblement souffrait beaucoup de l’improvisation de ses organisateurs. Le choix du jour, de l’endroit et des moyens techniques ont joué un rôle négatif dans le déroulement du rassemblement. Le porte-voix ne portait pas suffisamment, et l’assistance avait du mal à entendre les discours des intervenants. Ce qui provoquait des discussions parallèle des assistants entre eux, accentuant le bruit des voitures qui passaient à côté. Les intervenants eux-mêmes ne semblaient pas avoir préparé leurs discours, faisant dans l’improvisation pure et simple. Si tous les intervenants étaient unanimes à condamner l’appel au meurtre de Kamel Daoud par le sinistre Hamadache, le rassemblement n’a proposé aucune démarche pour organiser une riposte intelligente, pour éviter le retour aux années de plomb et la réédition de la série de crimes qui avait touché la classe intellectuelle : Boucebci, Boukhobza, Djaout, Alloula et autres Mekbel dont le lieu de rassemblement porte le nom. Aucun programme, aucune perspective. Parfois, juste des discours politiques creux, tentant ici et là la récupération politicienne du combat des intellectuels. En matière d’organisation de la résistance, on a vu mieux. Les belles paroles à elles toutes seules n’ont jamais empêché les intégristes de tout bord d’avancer. Il reste que Kamel Daoud n’a pas véritablement fait l’objet de soutien concret. Tout au plus, s’était-il agi de la défense générale de la liberté de pensée et d’expression. Kamel semblait avoir été oublié puisque le rassemblement n’a pas dégagé une motion de soutien à son égard, ni constitué un comité de suivi de l’affaire le concernant, notamment en se mettant en contact avec d’autres groupes ayant organisé une manifestation similaire pour unir les forces des patriotes intellectuels.

 N. Si Yani

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