Au moment où les prix des viandes rouges et des viandes blanches enregistrent une légère baisse, ceux des fruits et légumes accusent une hausse vertigineuse. A en croire les dires de certains commerçants exerçant au marché communal de Sidi Aïch (Béjaïa), le comportement des consommateurs détermine la fixation des prix.“A l’approche de la fête du sacrifice, les pères de famille dépensent avec parcimonie. Ils se privent de viandes et orientent leurs dépenses vers l’achat des légumes nécessaires à la consommation courante afin de se préparer à l’achat du mouton”, a expliqué un marchand. Toutefois, cette tentative micro-économique, adoptée par les chefs de famille, soucieux de défendre leurs frêles économies, est vite déjouée par les spéculateurs qui contrôlent le marché. Ce sont les mandataires et les intermédiaires qui s’interposent le long du processus de la commercialisation de ces produits qui sont à l’origine de cette flambée des prix. “Ils savent quand il faut les stabiliser”, a déclaré le même marchand. En effet, les détenteurs des bourses modestes sont mis à rude épreuve. En sus des factures d’eau, de gaz et d’électricité qui s’avèrent très salées, ils doivent faire face à l’achat des légumes qui constituent leur alimentation de base. Néanmoins, cette situation critique a empiré. Les spéculateurs ont dû saisir l’opportunité pour majorer les prix des fruits et légumes. Pour ce faire, ils évoquent les difficultés rencontrées au cours de la récolte effectuée en temps pluvieux. Ces mêmes spéculateurs prétendent que les exploitants agricoles n’engagent pas de main-d’œuvre au moment des pluies; cette main-d’œuvre leur reviendrait cher.En conséquence, la demande est nettement supérieure à l’offre et les prix augmentent “automatiquement”. Rien n’est moins faux. “Ce sont eux qui commandent le marché en l’alimentant au compte-gouttes, afin d’imposer leur prix”, a révélé le même interlocuteur. A titre d’exemple, juste après les dernières averses, les légumes de saison, entre autres les carottes et les navets, ont été cédés à 45 DA/kg, la salade à 65 DA et la pomme de terre à 35 DA. Présentement, les prix de la pomme de terre, des carottes et des navets sont fixés autour de 30 DA/kg.Les autres légumes de saison se placent hors de la portée des ménages ; ils frôlent les 80 DA/kg. Les artichauts frisent les 70 DA/kg, les petits pois se vendent à partir de 100 DA/kg, la courgette et les piments se négocient respectivement à 65, 100, 120 DA/kg. Les fruits relevant de la production locale ainsi que ceux de l’importation qui n’échappent pas à cette hausse démesurée des prix. Ils évoquent tous l’absence des mécanismes de régulation du marché, à commencer par l’exploitant agricole et jusqu’au consommateur. Les fluctuations affectant le marché, ne sont pas spontanées. Elles sont orchestrées par les mandataires qui font main-basse sur le circuit de la commercialisation, a conclu le même interlocuteur.
Benreguia Omar
