Une destination touristique prisée

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Que de plaisir en se rendant au douar d’Amdoun n’Seddouk ! Cette région de cocagne, d’un territoire composé d’un seul flanc qui descend de la montagne d’Achtoug jusqu’à la rivière Tassaft et qui ressemble à un tableau de maître superbement et habilement perfectionné par les mains expertes d’un artiste talentueux.

C’est une région qui émeut et éblouit par son charme inaltérable s’étalant les quatre saisons de l’année. Un changement total de décor passant du vert au blanc a eu lieu la journée du mardi 30 décembre avec la tombée de la neige qui a duré toute la nuit. Les habitants des quatre villages formant ce douar se sont réveillés dans la joie en trouvant de la neige partout, sur les toits, les ruelles et les jardins. Une journée radieuse où les yeux sont fascinés par ce panorama splendide que nous offre la nature une à deux fois par an, généralement en hiver, comme c’est le cas aujourd’hui, et rarement en automne ou au printemps. La fonte de la neige a provoqué des ruissèlements d’eau partout. Cet agréable décor qui agrémente une belle journée hivernale mérite bien d’être vécu à travers ce reportage que nous vous proposons. Tôt le matin on s’est rendu dans cette contrée de cocagne où ce décor fabuleux n’a laissé indifférent personne. Les services météorologiques ont annoncé par différents canaux l’arrivée de la neige dans la soirée du lundi à mardi sur les hauteurs de plus de 800 mètres d’altitude, ce qui suppose que les quatre villages et la montagne d’Achtoug qui les surplombe vont connaître d’importantes chutes de neige. Ce bulletin météorologique n’est pas passé inaperçu auprès des pères de famille qui ont entamé les approvisionnements en gaz butane et en denrées alimentaires et chez les jeunes et les moins jeunes qui attendaient impatiemment le jour «J» pour s’adonner à leur jeu préféré qui est le combat avec les boules de neige. En arrivant à la ville de Seddouk, les jeunes sont sortis pour jouer aux boules mais malheureusement la frustration fut grande pour eux, vu la faible altitude ne dépassant pas 400 mètres, les flocons tombées la nuit en ville ont immédiatement fondu. Cherif, un garçon de15 ans, nous avouera son amertume la mort dans l’âme. «Toute la nuit, j’attendais le lever du jour pour jouer avec mes collègues au boules ou ériger sur la terrasse un bonhomme de neige. Ce rêve a fini en illusion perdue. Il ne me reste qu’à regarder de loin les montagnes du Djurdjura, d’Achtoug ou de Gueldamen habillées de leurs burnous blancs. Mon père m’a promis tout de même de m’emmener à la montagne dès l’apparition d’une accalmie» a laissé éclater sa colère ce jeune citadin. Nous continuons notre route vers Amdoun n’Seddouk le lieu de notre destination. 

Un décor pittoresque 

Sur la route, nous rencontrons des voitures descendant des villages situés en haute montagne avec des toits pleins de neige ce qui atteste que la poudreuse a atteint des épaisseurs sur les hauteurs entre 20 et 50 centimètres, suivant les endroits. Au détour d’un virage apparaît le village Tibouamouchine languissant au froid hivernal. En traversant le village Tiza, d’abord il y a cette petite baraque au bord de la route où on trouve de toutes les viandes à vendre, caprine et fraîche, notamment. Ensuite, nous avons remarqué que l’huilerie que compte ce quartier travaille le plus normalement du monde malgré le froid qui sévit. Amdoune n Seddouk compte six huileries en tout, ce qui atteste que c’est une région agricole ou prédomine l’olivier. Athmane que nous avons rencontré et qui nous accueille avec un sourire chaleureux, nous dira qu’à 20h, les rues étaient désertes, car un froid glacial jamais vécu ces dernières années a fait fuir les gens chez eux. «Vraiment on a cru qu’on se dirigeait vers une année de sécheresse. Mais la nature nous a montré qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit l’adage. Et voilà qu’on a eu beaucoup d’eau tombée du ciel avec en prime de la neige. C’est le retour du bon vieux temps. La descente du mercure à moins de zéro degré a créé du verglas qu’on n’a pas vu chez nous depuis des lustres. Certains ne croyaient pas leurs yeux en trouvant toute cette blancheur le matin sur les toits et les jardins. La boucle est bouclée par les «stalactites» qui descendent des toits des maisons que nous n’avons pas vus aussi depuis des décennies. Il ne nous reste plus qu’à couronner tout ça par des crêpes et un bon couscous aux fèves sèches, comme faisaient nos aïeux autrefois en de pareilles circonstances », expliquait notre interlocuteur. C’est un cadeau venu du ciel pour les enfants qui sont en vacances scolaires d’hiver. Les rues sont remplies de chérubins qui jouent et se querellent.

«Pareil enchantement on ne le vit qu’une à deux fois maximum dans l’année, autant en profiter aujourd’hui de cette merveille que nous offre gracieusement la nature, notamment en cette période de vacances », dira un enfant visiblement rendu heureux par la poudreuse. Coté marmaille, les jeunes forment des bandes rivales et jouent aux boules de neige. Parfois on entend des cris de joie, des pleures. Tiens ! lance un enfant. Et aie ! réplique un autre qui l’a reçue dans le dos. Les moins jeunes préfèrent rouler sur le tapis blanc. D’autre sont passionnés par le montage des bonhommes de neige. «J’ai tout prévu. J’ai ramené avec moi une carotte pour le nez et un bonnet à lui mettre sur la tête», s’exclame un enfant qui, aidé par sa mère a réussi à dresser un bonhomme sur l’accotement de la RN 74. Un bonhomme de neige qui attire les regards des passants et beaucoup d’automobilistes qui s’arrêtaient pour prendre des photos à côté de lui. Coté femmes, l’ambiance tourne aux souvenirs. Sur les terrasses ou dans les jardins, certaines usent de leurs appareils à photos, d’autres de leurs caméscopes. Tous les moyens sont bons pour immortaliser un événement qui ne se répète pas plusieurs fois dans l’année. Quand aux papas, ils surveillent les enfants et se tiennent prêts à intervenir en cas d’accident. Mais la neige n’apporte pas que de la joie. Elle engendre aussi des problèmes aux familles telles que les tracasseries de la bouteille de gaz butane devenue rare et chère pour des motifs que nous expliquera un commerçant : «Les camions livreurs de Naftal nous approvisionnent comme d’habitude. Mais à pareille période, la demande en gaz butane augmente considérablement. Certaines familles constituent des stocks, voilà les raisons qui ont créé cette tension». 

Le manque de gaz butane ressurgit 

C’est la dernière année que les gens d’Amdoun n’Seddouk souffriront des aléas de la bouteille de gaz butane du fait que les quatre villages ont bénéficie d’un projet commun d’alimentation des foyers en gaz naturel. Un projet en cours de réalisation. Tout porte à croire qu’il sera mis en service au plus tard vers l’été prochain. Fait remarquable aussi, pour la première fois, le lait en sachet qui se vend sous le manteau et disponible à gogo. Un camion livreur ne pouvant continuer sur la commune de Benidjellil, située en haute montagne craignant l’obstruction de la route a laissé toute sa cargaison chez un commerçant qui l’a mise en vente libre. C’était vraiment la ruée vers ce commerçant des citoyens qui achetaient entre cinq et dix sachets. En continuant notre route, on est passé à côté du village Seddouk Oufella situé au piémont de la montagne d’Achtoug. Certaines personnes qu’on a trouvées emmitouflées dans leurs burnous ne montrant que le nez, montrent à quel point le froid torride sévit chez eux. Ce qui nous a impressionnés le plus, en continuant notre escapade en roulant sur la route nationale 74, de plus en plus qu’on prend de l’altitude le mercure descend davantage et la conduite devient difficile. L’engin qui n’a pas cessé de dégager la chaussée ne suffisait pas puisqu’aussitôt enlevée la neige qui continue à tomber obstrue de nouveau la chaussée en attendant un autre passage de l’engin. Cette tracasserie n’influe pas du tout du fait qu’on est occupé à regarder passionnément un immense panorama montagneux qui côtoie le ciel par l’intermède d’un brouillard cotonneux. Cette nature inviolée, encore à l’état pur et sauvage affiche les allures d’un autre monde. Les visiteurs qui nous précédent et ceux qui nous suivent s’arrêtent tous, comme nous d’ailleurs, pour prendre un bol d’air pur qu’on ne trouve nulle part ailleurs et qualifient l’endroit magique d’un éden en haute montagne généreusement doté par la nature des paysages enchanteurs à couper le souffle, le revêtant de ses plus beaux atours de séduction en cette belle journée de l’hiver. «Cette région recèle des potentialités touristiques avérées qui ne demandent qu’à être développées pour attirer davantage de visiteurs. Cette montagne d’Achtoug qui s’élève à quelque 1200 mètres d’altitude serait la destination privilégiée des touristes, vacanciers et familles locales si elle possédait des voies d’accès. Ce décor fabuleux que nous offre ce plateau coloré de blanc neige et de vert végétal est irrésistible et nous invite à s’y rendre. Pour le plaisir des yeux, nous nous contenterons à le regarder et le filmer de loin. Cette montagne possède une histoire millénaire. Elle renferme en son sein une multitude de sources naturelles gardant farouchement un secret et des gouffres et grottes naturelles dont les parois intérieures sont truffées de stalagmites et stalactites en formes diverses qui subliment tout visiteur de passage. Et ce n’est pas tout. Sur le pic de la montagne, un vieux chalet centenaire s’accroche sur un éperon rocheux. «C’est la cabane de Sidi Ali Ouchtoug, un saint de la région vénéré et adulé pas les populations de la région. Autrefois des malades venaient lui demander des guérisons. On montait à pied jusqu’à ce point culminant de la montagne qui a des vues imprenables, à l’Ouest, sur toute la haute vallée de la Soummam, particulièrement le territoire de la commune de Seddouk, à l’Est sur la vallée de Tansaout et le douar d’Ath Yaâla. Une nature sylvestre très belle qui laisse les yeux écarquillés», expliquait ce visiteur qui semble bien de la région connaissant parfaitement cet endroit. Nous terminons notre randonnée en s’arrêtant au village Thighit Oumetchim, le fief de la figue fraîche et sèche, un produit du terroir qui fait la fierté de toute la région. Le froid qui plane sur le village perché à plus de mille mètres d’altitude n’a pas dissuadé les habitants à sortir, notamment les enfants qui ont fait de cette journée, une journée de distraction et de défoulement en s’adonnant à différents jeux. Un vieux assis sur une pierre sur l’accotement de la route regardant ces familles qui viennent à la montagne vivre un tant soit peu la neige, ses décors et son froid glacial nous a expliqué que les abondantes chutes de pluies suivies de la neige sont annonciatrices d’une bonne saison où les arbres comme l’olivier éprouvés par un été chaud qui s’est prolongé en automne guériront vite. «La terre qui a soif a été arrosée comme il se doit et ce sont les différentes cultures, notamment arboricoles qui vont en bénéficier. L’hiver ne vient que de commencer et l’espoir est permis de rêver que d’autres pluies et neige suivront. L’eau qui tombe du ciel est bénéfique à n’importe quel moment de l’année. Mais moi, j’attends le retour du soleil pour aller cueillir les champignons. Il y en aura en abondance, j’en suis sûr», a avoué ce fellah bien au fait des choses.

L. Beddar

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