L’Algérie retient son souffle

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Contrairement aux années précédentes, l’euphorie que suscitaient les Verts lors de leurs sorties continentales s’est quelque peu estompée cette année.

L’on se souvient tous des quatre coins de l’Algérie qui vibraient au rythme de «Mâak y’El Khadra», et ce, des jours, voire des semaines avant l’entame de la compétition. Cette année, l’ambiance est toute autre. On oublierait presque que nos Guerriers du désert, selon certains experts du football national et mondial, sont les favoris pour remporter le trophée africain. Nous sommes bien loin de la «fièvre verte», qui s’était emparée des Algériens et Algériennes, avant, durant et après la Coupe du monde du Brésil l’été dernier, ou encore celle qui a régné durant les épreuves qualificatives, notamment durant les matchs face à l’Egypte en 2010. A Alger, Constantine, Annaba et Oran, en passant par Béjaïa, Tizi-Ouzou, Boumerdès et Bouira, les divers médias font le même constat : La ferveur autour de l’EN s’est quelque peu émoussée. Faut-il voir en ce «timide» engouement les signes d’un certain désamour ? Tous les spécialistes disent que c’est plutôt l’inverse. L’Algérie possède actuellement l’une des meilleures équipes du continent africain. Mais alors, à quoi est dû ce «désintérêt » pour l’équipe nationale, du moins durant les quelques jours qui ont précédé leur entrée en lice dans la compétition, prévue ce soir à 20h ? 

La «bérézina» sud-africaine toujours dans les mémoires 

L’adage populaire qui dit : «Chat échaudé craint l’eau froide » peut en partie expliquer cet état de fait. Comment ? Eh bien, tout amoureux du ballon rond ou simple tout supporteur d’«El Khadra» a en tête le triste souvenir de la coupe d’Afrique des nations 2013, organisée en Afrique du Sud. Les Verts y avaient, pour ainsi dire, pris une véritable douche écossaise. Eliminée au premier tour, la bande de l’ex-Coach national Vahid Halilhodzic avait déçu tout un peuple. Ce dernier avait commencé à faire la fête des jours avant le début de la compétition, croyant que ses «coqueluches» allaient, au bas mot, atteindre le seuil des quarts de finale. Pour rappel, l’Algérie était la première nation à avoir été officiellement éliminée de cette CAN 2013, avec deux défaites, face à la Tunisie (0-1) et au Togo (2-0), et un nul face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire (2-2), dans une rencontre sans enjeu. Notre équipe était très loin du niveau de jeu qu’elle avait laissé entrevoir pendant sa campagne des éliminatoires. Pris d’une «honte» née de ce naufrage collectif, les joueurs, comme l’ex-entraîneur, avaient «assumé» leur échec et demandé «pardon» au peuple. Une année plus tard, au pays du roi Pelé ils se sont bel et bien rattrapés et de la plus belle des manières. Mais les séquelles de cette cruelle élimination sont toujours là. A Bouira, comme ailleurs, on refuse de «vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué». C’est du moins ce que nous ont déclaré bon nombre de citoyens interrogés. «Nous attendons le premier match pour mettre le feu ! Nous avons ras-le bol d’être déçus à chaque fois, surtout en coupe d’Afrique», nous dira Mansour, un jeune du quartier Aissat Idir. Il est vrai que l’ambiance qui règne à travers les quatre coins de la wilaya est plutôt morose, dans un climat froid et pluvieux. Le rendez-vous footballistique, bien qu’il soit commenté ne suscite visiblement pas d’enthousiasme. Point d’animation dans les quartiers et très peu de commerces font étalage d’articles sportifs aux couleurs nationales (drapeaux, écharpes, bonnets, etc.). «Je me rappelle en 2013, j’avais commencé à vendre les maillots et autres écharpes au moins une semaine avant le début de la compétition. Résultat : on s’est fait éliminer au premier tour et j’ai dû brader le reste de ma marchandise. Cette fois-ci, j’attends de voir nos débuts, pour décider si je dois commander d’autres articles ou non», confiera un vendeur à la sauvette, rencontré au niveau de la cité des 120 logements. Globalement, c’est le « Wait and see» qui prédomine. C’est ce que nous indiquera Adjaout Mhena, journaliste sportif et fin connaisseur de la scène footballistique : «Il est vrai qu’on observe un certain calme par rapport aux années précédentes. Les supporters algériens pensent globalement que nous avons une belle équipe, capable de réaliser un véritable exploit. Cependant, c’est plutôt la prudence qui est de mise, car comme chacun le sait, le football africain réserve beaucoup de surprises», a-t-il souligné. Pour notre interlocuteur, «l’effervescence et l’enthousiasme qu’ont les supporters pour leur équipe vont se manifester d’une manière intense si notre équipe nationale remporte son premier match», a-t-il estimé.

Ramdane.B/ Oussama.K 

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