«Protégez l’environnement dans notre village»

Partager

Mesloub est un village paisible de huit mille âmes installé sur la crête qui surplombe le chef-lieu communal de Mekla. Mesloub, dont la superficie territoriale semble énorme, souffre du relief accidenté qui commence aux frontières avec Mekla et continue jusqu’au village de Agouni Bouafir. Tout lieu est difficile d’accès. De loin déjà sa façade apparaît comme déchirée et charcutée par les carrières qui continuent leur œuvre d’extraction. Il est traversé par une seule et unique route sinueuse qui permet à l’usager de rejoindre Ain El Hammam. Seule animation, la fête organisée par les villageois chaque Taachourth au mausolée d’El Kola, qui voit les citoyens affluer de toutes parts. Une fois la fête terminée, le village retombe dans la torpeur et l’oubli, avec le bruit sempiternel des engins et des camions. Après s’être contenté d’écrire aux autorités, les villageois se sont vus contraints de passer hier matin à une autre démarche plus percutante, démarche devenue coutume en Kabylie et ailleurs en Algérie : bloquer le siège de la daïra. Selon un représentant du comité M. Akmoussi, les doléances sont multiples, mais «l’existence sur le flanc du mont (et mausolée) El Kola d’une carrière, qui défigure les lieux et qui demeure un danger permanent, est un problème qui doit impérativement être solutionné». Les villageois ont interrompu les activités de l’entreprise pour des raisons de sécurité de protection de l’environnement, ces carrières provoquant des dégâts écologiques irréversibles. Un membre du comité Ammi Mohand, a constaté ironiquement : «Mesloub ? Je ne reconnais plus ce village à voir comment il a été défiguré !». «D’autant plus que le village n’a jamais bénéficié d’une quelconque structure socio-éducative», s’insurge un jeune vite remis à sa place. En accord avec les autorités communales, le village a entrepris des travaux d’aménagement d’une plate-forme sise au bas de la carrière, dans les environs du cimetière du mausolée El Kola, et ce, pour la réalisation d’un terrain de jeux, mais, sur réclamation de tiers et de la DEM, les travaux ont été interrompus. La solution ne dépendant pas des autorités communales, le comité en appelle à une commission d’enquête ministérielle. Cependant, après la rencontre de la délégation avec le wali de Tizi-Ouzou, il semble que les portes du dialogue sont encore ouvertes et l’espoir de voir ce village «sortir du passé folklorique et entrer de plain-pied dans le vingtième siècle» renaît enfin.

Sofiane Mecherri 

Partager