Où sont nos cafés d’antan ?

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Nos cafés maures ne sont plus ce qu’ils étaient jadis, des lieux  de rencontres conviviales qui ne désemplissaient pas. Le cafetier, ami des clients, pouvait participer à la conversation, entamée autour d’une tasse de café fumant dont les effluves arrivent jusque sur le trottoir. 

Bien que bruyantes,  les parties de dominos qui se déroulaient au fond de la salle contribuaient à égayer un tant soi peu les lieux. On s’en accommodait. Les clients faisaient cercle autour des joueurs qui se taquinaient  créant une ambiance bon enfant dans le café. Autres temps, autres mœurs, dirait l’autre.

Le café du coin, bien que plus joli que son prédécesseur d’autrefois, n’est plus ce lieu de rencontre où l’on dégustait son café dans une belle tasse en porcelaine. Le gobelet en carton a,  depuis quelques temps, pris la relève. «Les  jetables ont tout de même l’avantage de faire les économies d’un plongeur», nous dit un vieil homme.

Anonymes, les clients pénètrent dans les cafés comme dans une cathédrale où le silence est de mise. Les tables alignées contre le mur permettent juste à deux personnes de prendre place. Point de rire sonore ni de conversation.

Les présents sont presque priés de prendre leurs consommations et de quitter les lieux pour laisser la place à d’autres clients. D’ailleurs, la plupart d’entre eux, comme pressés, s’accoudent au comptoir pour avaler rapidement leur jus et partir.

Le sourire du patron a depuis longtemps été remplacé par un rictus vous signifiant que vous n’êtes pas roi chez lui. Il dépose devant vous votre gobelet et tourne les talons. Certains ne se donnent même pas la peine de sortir de derrière leur comptoir. Il vous somme de vous déplacer de votre place pour faire le service à sa place ; « voilà votre café !» ordonne-t-il.

Les toilettes au fond de la salle, ne sont ouvertes qu’au service d’hygiène qui vient, à l’occasion, pour un contrôle de propreté de l’établissement.

Pour y accéder le garçon vous indique qu’il faut demander la clé et ne pas s’y attarder. Parfois, «les toilettes subissent des travaux» qui n’en finissent pas.

A.O.T

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