Alors qu’il ne reste à peine que quelques jours pour que débute le mois de Ramadan, les citoyens de la daïra de Tizi-Gheniff ne semblent avoir aucun souci pour s’y préparer alors que ce n’était nullement le cas dans les années soixante-dix par exemple. «Il est vrai que le mois de carême, ce mois de piété revêt un caractère particulier pour toutes les familles qui tiennent à le passer d’une façon singulière, dans la sérénité et l’entraide», nous déclare ce septuagénaire, rencontré dans les allées du marché des fruits et légumes du chef-lieu de Tizi-Gheniff.
«Il ne faut pas surtout dramatiser la situation à chaque approche du mois de Ramadan pour mettre tout sur le dos des commerçants alors que ces derniers n’obéissent qu’à la loi du marché qu’est l’offre et la demande, d’autant plus que nous, en tant que détaillants, sommes attributaires du marché de gros», a tenu à se justifier ce commerçant qui n’exclut pas que le prix de certains produits va connaître certainement une hausse en cette période, tout en indiquant que d’autres produits dont la récolte tombe à pic resteront accessibles à toutes les bourses. «Beaucoup de produits, comme la pomme de terre, les oignons, les poivrons, les piments ou la tomate, ne subiront aucune hausse des prix. La courgette et la carotte qui avaient atteint, il y a trois années, deux cents dinars le kilogramme, trouvent difficilement aujourd’hui preneur à vingt-cinq (25) ou trente (30) dinars pour l’une et cinquante (50) à soixante-dix (70) dinars le kilogramme pour l’autre», tient à ajouter notre interlocuteur. Cependant, c’est la disponibilité du lait qui semble préoccuper tous les commerçants, car la demande dépasse trop l’offre, du fait que la livraison se fait au compte-gouttes.
«Le problème de distribution du lait n’est pas spécifique à la localité de Tizi-Gheniff, mais dès le début du Ramadan, la situation va dégénérer car la consommation de ce produit va connaître une hausse vertigineuse qui peu atteindre le triple de celle des jours habituels, alors que le quota qui nous sera livré sera toujours le même et la distribution sera d’une journée sur deux», nous fait remarquer cet épicier qui n’exclut pas qu’il fera appel à d’autres distributeurs de lait des wilayas limitrophes, comme Boumerdès et Bouira, pour satisfaire sa nombreuse clientèle.
Au demeurant, si tous les autres produits d’épicerie sont disponibles à longueur d’année et avec les mêmes tarifs, à l’image de la sauce tomate, des épices, des pâtes ou des légumes secs, il reste que pour préparer la chorba traditionnelle, certains ménages ont d’ores et déjà acquis une bonne quantité de Frik auprès des fellahs au prix de 220 à 250 dinars le kilo.
Néanmoins, le problème épineux des ménages reste la viande, dont le prix n’est pas à la portée de tous. «C’est quasiment impossible pour un fonctionnaire qui touche un salaire de moins de dix millions de centimes de pouvoir se payer quotidiennement un morceau de viande ovine dont le prix est à mille cinq cents (1 500) dinars le kilogramme, ou bovine (avec os) qui est à 1 000 DA», se plaint ce père de famille qui nourrit l’espoir de voir les choses s’améliorer avec les mesures prises par le ministre du Commerce dans ce sens.
Essaid Mouas
