Feu de tout bois

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C’est un Nebbou offensif à souhait qui s’en est pris presque à tous, hier, lors d’un meeting animé à Tizi-Ouzou pour dire la « frustration » du FFS de ne pas avoir été suivi dans son projet du consensus national. Tout le monde aura eu en effet sa part des piques lancées par le premier secrétaire national du FFS. A commencer par les « décideurs » chez qui il relève «que la volonté politique d’opérer de réels changements est encore absente, alors que c’est la condition basique pour qu’émerge une volonté nationale et pour réunir les conditions d’un dépassement de la crise. Malheureusement et malgré cette situation périlleuse pour l’Etat et la nation, ceux qui gouvernent le pays ne semblent pas avoir d’autres préoccupations, que celles de se maintenir au pouvoir et de pérenniser le régime en vigueur». Nebbou y saisit une transition presque instantanée pour dire la «responsabilité des gouvernants» dans le non aboutissement du projet de la conférence nationale du consensus cher au FFS. Du moins jusque-là. Sur la récente sortie d’Ouyahia, qui a réaffirmé aussitôt après son retour à la tête du RND, les intentions définitives de son parti à ne pas adhérer à l’initiative, il s’est retenu d’allonger son commentaire, se contentant de réaffirmer que «nos propositions s’adressent à tous et non pas à une personne. Cela dit, il serait utile de savoir en qualité de qui et au nom de qui parlait-il», s’interroge Nebbou. La Coordination nationale pour les libertés et une transition démocratique (CNLTD), «qui considère que la crise réside dans une seule personne», a été tout aussi ciblée. «Cette partie de la classe politique oublie ou tente de nous faire oublier que la machine qui a fabriqué ce Président peut en fabriquer un autre sans que la situation des Algériennes et des Algériens ne soit changée et sans la réappropriation de leur souveraineté usurpée. Il n’y a pas lieu de s’étonner, car cette partie de la classe politique n’est autre que le produit de la même machine et elle fait partie de ce système». Au passage, même le MAK de Ferhat M’Heni sera « rafalé » sans être nommé : «Soutenir que la Kabylie peut évoluer en dehors du destin national est une erreur et un leurre dans lequel nous ne nous laisserons pas enfermer. Les visées de ceux qui enlèvent l’emblème national sont une injure faite aux innombrables et glorieux martyrs de la Kabylie morts pour ce drapeau». Au milieu de «ces tiraillements», Nebbou affirme que «le FFS a choisi de se positionner avec et à côté de la population (…) Seul un consensus national comme solution à la crise», plaide-t-il encore. Et de s’interroger : «Quel est le bénéfice de rester ou d’accéder au pouvoir si l’Algérie doit s’effondrer ?». L’insinuation est lâchée. Flagrante même. Nebbou confirmait-il alors que le FFS a été bien approché pour intégrer le gouvernement ? «Oui, cela a été le cas, pas pour le dernier mais celui qui l’avait précédé», révèle-t-il en aparté. Manière de mettre déjà cet épisode à la rubrique du passé. Aujourd’hui, les liens sont visiblement devenus plus tendus entre les deux parties. En témoigne cette offensive sans concessions de Nebbou à l’égard des gouvernants chargés de «mener le pays à la dérive» : «La dépolitisation, la dictature et la corruption marchent ensemble et se donnent la réplique pour vider de toute substance le débat politique et ne laisser la place qu’à un grotesque carnaval. (…) Ce système est usé jusqu’à la corde et il menace d’effondrement l’Etat et la société. Notre appel au consensus vise à soustraire l’Etat et la société à l’effondrement inéluctable du système». Selon Nebbou, «la situation urge, et il y a vraiment risque, si le FFS n’est pas écouté avant que ce ne soit trop tard». Sauf que face au dos que lui tournent les partis au pouvoir et la dispersion des forces de l’opposition, le FFS semble comme désarmé. D’où cette option à retourner chez la base à travers cette série de meetings enclenchée. «Il est vrai que nous n’avons pas tenu la conférence nationale de consensus comme nous le souhaitions, mais les efforts visant la reconstruction de ce consensus se poursuivent. Nous avons constaté à travers nos rencontres avec les partis, les personnalités et les organisations de la société civile, qu’il existe une grande volonté pour concrétiser cette initiative. C’est pour cela que nous sommes convaincus et nous ferons de notre mieux pour en faire un succès national». Difficile et longue mission de mobilisation sans doute que celle que s’assigne la direction actuelle du FFS.

Djaffar Chilab

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