Profond désaccord entre l’APC d’Amizour et la wilaya

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Le Conseil communal consultatif de la commune d’Amizour s’est réuni pour étudier le nouveau projet de PDAU intercommunal proposé par la wilaya. Ledit projet a fait l’unanimité contre lui. Le Plan Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme, PDAU, est un plan que les pouvoirs publics mettent en place pour assurer un développement harmonieux des territoires sous sa responsabilité. Le PDAU ainsi mis en place par la wilaya est dit «intercommunal», parce qu’il permet d’équilibrer les projets de développements, au travers des aménagements et des investissements à répartir entre plusieurs communes d’une même région. Depuis plusieurs mois, l’APC d’Amizour a engagé une série d’études afin de mettre en place un projet de PDAU viable, pour lui permettre d’envisager le développement de la commune, en vue d’améliorer la qualité de vie des habitants de la région. Plusieurs réunions ont été organisées avec les différents acteurs intervenant normalement dans la mise en place de ce Plan, dont l’agence URBASE, qui a réellement joué son rôle dans l’élaboration de l’étude réalisée par la commune d’Amizour. Une réunion a même été organisée entre l’APC et l’Agence en début de l’année en cours, en date du dix-huit janvier dernier, et une assiette de terrain de plus de cent hectares a été choisie pour la réalisation d’une zone d’activités économiques à Amizour. Cette commune a été désignée comme l’un des quatre pôles de développement de la wilaya de Béjaïa. Deux importants projets ont même été approuvés et les assiettes de trois et quatre hectares ont été choisies et réservées dans cette même zone désignée pour accueillir la future Zone d’Activités Economiques. Ce sont des projets agro-industriels de réalisation de silos à grains ainsi que d’entrepôts frigorifiques. Même si l’APC n’était pas chaude pour la formule choisie, elle a fini par accepter. Car pour le Président de l’APC, un projet qui consiste à construire des entrepôts frigorifiques pour accueillir des produits importés ne donne pas satisfaction. Il faudrait l’accompagner d’une vraie activité de production au niveau local, qui donnerait à la région une vraie impulsion économique, en créant de l’emploi et des richesses. Mais lesdits projets étaient quand même bons à prendre, en attendant autre chose de plus important. Ces deux projets donc ont même fait l’objet d’une décision de distraction par le gouvernement, lors d’un conseil inter ministériel (CIM) en date du quatorze octobre de l’année dernière. Dans cette étude pour la réalisation du PDAU, d’autres importants projets ont été inscrits. Il s’agit, par exemple, de l’aménagement de l’Oued Amizour, avec l’installation d’une station d’épuration, la création d’une forêt récréative et d’un village de vacances, un parc d’attraction et de loisirs, un supermarché ainsi que de l’implantation d’un Institut de formation professionnelles (INSFP) et d’autres projets encore pour la formation Paramédicale. Mais à la surprise du conseil communal consultatif, la wilaya de Béjaïa vient de faire parvenir à l’APC d’Amizour un courrier lui demandant l’approbation d’un PDAU intercommunal assez différent de celui qui avait été projeté initialement. Ainsi, la zone d’activité économique y a tout simplement disparu de cette nouvelle mouture du projet. Selon M. Bouzidi, le Président de l’APC, «les documents de présentation et d’analyse et le règlement dudit projet de PDAU ainsi que les documents graphiques accompagnant le projet en enquête publique sont en nette régression par rapport aux mêmes documents présentés ultérieurement». Lors de cette réunion du conseil communal consultatif tenue le cinq mai dernier au siège de l’APC, le maire a présenté les faits devant toute l’assistance constituée de l’essentiel des représentants de la société civile de la commune. Les éléments dudit projet ont donc été présentés et les griefs à son encontre ont été exposés. Ainsi, «les cartes des secteurs et les plans d’occupation des sols (POS) ont été profondément remaniés et unilatéralement modifiés par l’administration», selon le maire. Sur un certain nombre de projets, alors que la DSA, Direction des Services Agricoles, s’était opposée à leur implantation sur des terrains classés comme de nature «agricole», elle a fini par donner son accord pour leur déclassement, sans donner aucune explication ni motivation. «Plusieurs autres projets étudiés ultérieurement et discutés avec les autorités concernées ont été unilatéralement remaniés», ajoute le PAPC, à la surprise des responsables qui y avaient travaillé depuis de nombreux mois. Après un long débat, le conseil consultatif a recommandé le rejet pur et simple dudit projet, dans sa version actuelle. L’APC ne compte donc pas accepter ledit projet tel qu’il a été proposé par la wilaya, «parce qu’il ne répond pas aux aspirations de développement de la commune et va même à leurs encontre». Un grand travail avait pourtant été réalisé des mois durant, avec les services concernés pour mettre en place un projet cohérant et satisfaisant, capable de répondre aux attentes de la population. Les membres du conseil se sont demandés s’il y avait pas quelque chose qui se cachait derrière cette volte-face de la wilaya. On soupçonne l’existence d’une volonté d’obstruction et de marginalisation et d’isolement de la commune d’Amizour. Certains ont même avancé l’idée d’une volonté de saboter tous les efforts consentis pour la faire sortir de son isolement. De là à penser qu’il y aurait des bas calculs politiciens derrière cette volonté de blocage que connaît en réalité toute la wilaya de Béjaïa. De forts soupçons pèsent sur l’administration, et les membres du conseil se plaignent qu’au lieu de libérer les initiatives, on passe son temps à créer toutes sortes de problèmes pour retarder, voire même détruire toute velléité de développement de la région. Ainsi, «le conseil communal consultatif soutient le président de l’APC pour formaliser le rejet du projet de PDAU dans sa forme actuelle», et le charge de «proposer la tenue de nouvelles séances de travail pour la prise en compte des propositions de la commune et de rappeler que le PDAU est un projet à caractère communal». Selon le PV de la réunion que nous avons pu consulter, «il s’agit d’une étude prospective qui conditionnera et encadrera le développement de cette collectivité pour les vingt prochaines années». Il a aussi «demandé au président de l’APC d’informer la société civile et la population de cette situation, et de demander une audience au wali de Béjaïa afin de clarifier les choses». Une large campagne médiatique a même été recommandée afin de sensibiliser l’opinion publique à cette situation. Depuis, l’APC a informé officiellement la wilaya des résultats des délibérations de son conseil consultatif communal, et de sa décision de rejeter la proposition envoyée par la wilaya. Le P/APC rappelle même que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait annoncé lors de sa visite à Amizour, son accord pour la création d’une zone industrielle dans la commune. Chose que le wali avait confirmée dans un discours à la Maison de la culture de Béjaïa. L’APC envisageait alors de lancer à moyen terme, une zone industrielle d’une superficie avoisinant les trois cents hectares. Comment réagira la wilaya à ce rejet ? La réglementation en vigueur et la loi ne lui permettent pas de passer outre l’avis de la commune. Mais elle a les moyens de faire pression, en faisant traîner les choses en longueur, et continuer à faire perdre patience aux citoyens qui ne comprennent pas l’origine de l’immobilisme constaté dans le développement de leur wilaya. Alors que les wilayas environnantes assistent au développement gigantesque de toutes sortes de projets, Béjaïa en est réduite à être montrée du doigt par les visiteurs qui ne comprennent pas qu’une telle région souffre de cette négligence.

N. Si Yani

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