Les infrastructures ne font pas la culture

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Azzedine Mihoubi, ministre de la Culture, est venu, jeudi passé à Bouira prendre le pouls d’une culture moribonde. Bien évidemment, la feuille de route pavlovienne soumise au nouveau ministre ne retiendra que «l’auscultation de l’édifice». Aller à la rencontre du tissu associatif pour avoir une meilleure appréciation de l’état de santé de son secteur dans la wilaya n’a pas été fait. Ainsi, l’on continue d’amalgamer contenant et contenu. Il est vrai que si l’on s’arrête à la seule appréciation de l’infrastructure (dont faut-il le souligner la réalisation a pris un temps Guinness), l’on retiendra difficilement les «houra !» de joie. Hélas, tout comme les chiffres ne font pas l’école, l’infrastructure ne fait pas la culture.

Une Maison de la culture, un théâtre de verdure (qui un jour finira bien par être livré), un institut régional de musique, un autre institut régional de théâtre, une annexe de la bibliothèque nationale (qui en cours de route changera de statut pour devenir bibliothèque principale de la lecture publique), l’école régionale des beaux-arts (en chantier), pas moins d’une cinquante de centres culturels et centres de jeunes, une quarantaine de bibliothèque communales… bref, de quoi rendre jaloux un Canton suisse. En retour, toutes ces réalisations ne rendent compte que de l’effervescence circonstancielle décidée par des cols blancs de derrière les bureaux. Passée la circonstance, l’édifice devient fantôme, sinon réceptacle de l’activité politique et autres portes ouvertes sur ceci et cela. Cependant, une parenthèse à mettre à l’actif de Bouguerra Ali, l’ancien wali, et son directeur de la culture d’alors, Omar Reghal, a connu une dynamique culturelle sans précédent.

La culture se voulait aussi de proximité et était allée jusqu’à dans les hameaux de la wilaya. La parenthèse avait déterré Bahia Farah, Cheikh Nadhor, Guerrouabi et était en passe de consacrer un colloque à Bélaid At Ali, natif de Bouira. Il y avait aussi ce festival de Tikjda. Visionnaire, l’ancien wali voulait rentabiliser le site en terme culturelle mais aussi économique. Ils ne ménageront aucun effort, lui et son directeur de la culture, pour mettre sur la rompe du lancement le Festival de Tikjda. Les deux premières éditions, au-delà de la réussite organisationnelle, avaient le mérite de se réapproprier Tikjda en y délogeant le spectre du terrorisme. Depuis, du festival il n’en restera que le nom. «Lorsque la culture va, tout va», dit-on à juste titre. Il est alors urgent que la culture aille pour que le reste suive.

S.O.A

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