Les animateurs du Manifeste Kabyle, réunis dernièrement à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, ont retenu, a-t-on indiqué dans un communiqué «l’idée de susciter et d’accompagner tout processus visant la réhabilitation de la démocratie villageoise en renforçant et en modernisant nos traditions ancestrales, notamment par des actions volontaristes qui permettront l’expression entière et autonome de la femme kabyle», estimant que «les tentatives d’infiltration du courant salafiste, les atteintes à l’autorité des villages par l’action de mercenaires du wahhabisme sur le terrain des pratiques religieuses doivent être combattues de manière énergique par la force et la solidarité communautaire».
Dans leur analyse, les animateurs du Manifeste Kabyle issus de Tizi-Ouzou, Bouira, Boumerdès, Béjaïa et de l’émigration font observer qu’«en Kabylie, il n’y a de place que pour l’Islam de nos ancêtres, celui qui a réussi à s’adapter et à renforcer la culture du peuple kabyle». En abordant les questions économiques, lit-on dans le communiqué «les animateurs du Manifeste Kabyle ont relevé une remise en cause de certains projets en Kabylie, sous prétexte de la politique d’austérité engagée par le gouvernement».
Sur le plan national, ajoute-t-on, la priorité est orientée sur la situation au niveau de la vallée du M’zab, en réaffirmant leur solidarité à la communauté mozabite. En ce qui concerne la polémique engagée autour des langues d’enseignement à l’école, les animateurs du Manifeste ne cachent pas leur indignation s’agissant de questions aussi fondamentales abordées sur le terrain de l’affrontement idéologique alors que les considérations pédagogiques légitimes sont évacuées.
«La réduction des langues maternelles à «un langage de rue» par les milieux islamo-conservateurs est un acte de mutilation identitaire, une atteinte profonde aux référents de l’Algérie et participe de la négation d’une réalité culturelle millénaire. La langue maternelle amazighe, dans sa variante kabyle, sera non seulement enseignée mais érigée comme langue première de la Kabylie. La langue d’acquisition des connaissances restera quant à elle celle qui offrira aux futures générations les savoirs, les qualifications à même de leur garantir une place dans un monde qui se différencie de plus en plus par le développement scientifique et technologique», souligne-t-on. Les animateurs du Manifeste Kabyle ont également abordé lors de la même rencontre, la question du prolongement politique de leur initiative.
Ils se sont accordés sur la nécessité de multiplier les initiatives de rassemblement et d’élargir les contacts avec les militants de la Kabylie pour assurer un meilleur succès. «L’approfondissement du débat démocratique et l’association des kabyles, installés et à l’intérieur et à l’extérieur de la Kabylie, sur toutes les questions qui engagent l’avenir de la Kabylie, sont considérés comme des principes intangibles desquels il ne faut jamais s’éloigner», estime-t-on, en révélant qu’une «commission pour la préparation de la Conférence Régionale de la Kabylie a été installée, et un Bureau de coordination des animateurs, présidé par M. Ahmed Ait Bachir, a été élu.
Au niveau international, le Dr Malika Baraka a été chargée de fédérer l’ensemble des initiatives de la diaspora kabyle qui se multiplient autour du Manifeste Kabyle, conformément à la résolution arrêtée au cours de l’interrégionale tenue à Akbou le 29 mai 2015». Par ailleurs, le débat engagé autour des fondements du Manifeste Kabyle a fait ressortir la nécessité d’expliciter certains concepts politiques et de les traduire en propositions concrètes à soumettre au débat dans les rencontres avec la population.
«En abordant la notion de statut politique particulier, certains animateurs ont mis l’accent sur la nécessité de s’appuyer sur les expériences des autres peuples (tels les peuples catalan, basque, québécois et de l’Amérique latine) pour s’en inspirer et mettre en évidence la diversité des formes d’organisation des Etats dans les nations multiculturelles», plaide-t-on.
D. S.