L’élevage caprin dédaigné

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La chèvre dénommée « la vache du pauvre » a toujours été privilégiée par les éleveurs, du fait de ses multiples utilités pour l'homme.

À commencer par sa viande et son lait aux multiples vertus thérapeutiques et médicinales, grâce notamment à son alimentation, composée de diverses espèces de végétaux, ensuite sa peau utilisée comme outre pour le stockage de l’eau, l’huile, le beurre et même pour la fabrication de chaussures, ensuite étant animal des plus rustique, elle survie facilement en terrain rescapé et en haute montagne, d’où son élevage à grande échelle par nos ancêtres. Il n’y a pas un foyer qui ne possède pas au moins deux chèvres. Malheureusement, l’élevage du caprin est en très nette régression. Les éleveurs dans cette filière se font de plus en plus rares, alors qu’elle constitue au jour d’aujourd’hui un créneau loin d’être négligeable, grâce à l’introduction de nouvelles technologies, qui permettent la transformation de lait en matière alimentaire des plus recherchées. En effet et dans la majorité des communes des daïra de M’Chedallah et de Bechloul, notamment celles dont le territoire est en partie montagneux ou semi-aride, cette filière connait une fulgurante expansion à moyen terme. Si on prend comme exemple Ahnif, dont seul 30% de son vaste territoire sont à vocation agricole, le reste est constitué de surfaces forestières et parcours de pâturage, d’immenses étendues inexploitées, avec une superficie particulière du tissu végétal propice à l’élevage de caprins (chèvres). Cela fait de cette filière l’une des toutes premières activités agricoles, notamment à l’Aârch Imellahen, dont les habitants sont passés maîtres dans cette filière qu’ils exercent de père en fils depuis des générations. À l’origine de la réussite du caprin dans cette région qui s’étend sur plusieurs centaines de milliers d’hectares, dont la moitié rescapée, est la disponibilité abondante au niveau des surfaces nues de l’armoise (Echih). Cette dernière est une plante, fort appréciée par les chèvres et qui en plus constitue à elle seule, un aliment de bétail complet riche en azote, sels minéraux et autres protéines. Cela, en parallèle à des buissons et arbustes tel l’olivier sauvage, le chêne vert, la bruyère et les ronces, qui enrichissent la ration alimentaire des chèvres. Le tout couronné par un climat des plus favorables à ce genre d’élevage qui peut se pratiquer à grande échelle et sans grands frais de surcroît. Avec l’introduction, à partir des années 1980, des chèvres de race espagnole, dont la production du lait fait le double de celui de la race locale, avec une moyenne de 5 litres/jour, conjuguée aux énormes potentialités d’accueil de la région qui peuvent largement suffire à vingt mille têtes, le rendement en lait permettrait d’approvisionner largement une ou deux fromageries, qui fonctionneraient à plein temps. De plus, cette activité d’élevage caprin pourrait devenir dans un temps record la principale richesse à long terme, la matière première que sont les chèvres étant renouvelables pour peu que l’on se penche sérieusement sur le sujet, cela en plus d’absorber un taux considérable du chômage qui ronge cette région. À noter que la chèvre est un animal rustique, facile à nourrir et beaucoup plus résistant à toutes sortes de maladies. C’est le type d’élevage qui enregistre le plus bas taux de mortalité et qui se reproduit en plus d’une manière fulgurante, il est fréquent de voir une chèvre en bonne santé mettre bas, entre 3 à 4 chevreaux par portée à raison de 2 portées minimum par année. Cela, sans évoquer les chairs très recherchées pour le fait que la plupart des plantes dont elle se nourrit sont à caractère médicinal, dont la répercussion positive, tant sur son lait que ses chairs, sur la santé du consommateur ne sont pas à souligner. Ce qui n’empêchera pas, aussi bizarre que cela puisse paraître, que la viande caprine est la moins chère sur les étals, malgré ses goûts des plus succulents et son utilité à la santé. Une fromagerie caprine à Ahnif est un rêve que le dernier des investisseurs peut réaliser en moins de 2 ans, cela au même titre que ceux des services de l’État, et dont la politique économique actuelle s’inscrit dans l’optique de la relance du secteur de l’agriculture et sa diversification. Voila un créneau porteur auquel ils n’ont jamais réservé le moindre intérêt ni une quelconque réflexion, alors qu’il constitue une richesse particulière loin d’être négligeable et à moindre coût.

Oulaid Soualah

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