M. Ben Hamna Smail est le président de la commission sociale, culturelle, du Culte, des Waqfs et de la Jeunesse et des Sports au niveau de l’APW de Tizi-Ouzou. Cet homme âgé de 36 ans était un ancien cadre à la CNAS. Aujourd’hui, en plus de la présidence de la commission sociale à l’APW, Ben Hamna Smail, qui est lui-même handicapé, est également président de l’association sportive des jeunes handicapés de Tizi-Ouzou, vice-président de la ligue handisport et secrétaire général de l’association AWICIPHA. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Mr Ben Hamna a bien voulu répondre à nos questions.
La Dépêche de Kabylie : Quel regard portez-vous sur la situation générale des personnes handicapées au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou ?
M. Ben Hamna : La situation des personnes à mobilité réduite, des inadaptés mentaux, des non-voyants et de toutes les autres catégories est malheureusement lamentable. Beaucoup reste à faire pour améliorer leur vie. Les personnes aux besoins spécifiques vivotent avec une pension mensuelle de 4 000 DA, ce qui ne suffit même pas à payer leur tasse de café quotidienne, alors que dire du reste ? Toutefois, le premier souci, qui est de taille pour une personne de cette catégorie, est sans nul doute l’inaccessibilité. Toutes les administrations ne sont pas dotées d’accès. Les trottoirs, les chemins et tous les services ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les difficultés relatives à la scolarisation, à la prise en charge médicale, à l’emploi et au logement sont des problèmes qui leur pourrissent la vie. Au niveau de notre wilaya, nous n’avons que 3 centres d’accueil pour 32 000 handicapés dont 16 000 malades mentaux. Le manque de centres de formation professionnels spécialisés et d’insertion sociale et professionnelle est flagrant. En fait, l’handicapé souffre doublement : son handicap et l’absence de commodités et de moyens.
Quel est le remède qui aiderait ces personnes à vivre dans la dignité ?
Pour aider toutes ces personnes à recouvrir leur dignité il faut l’apport de toutes les parties, à commencer par les autorités locales et nationales. Le législateur Algérien est appelé à élaborer un statut pour cette catégorie. L’Etat est appelé à revoir la pension de 4 000 DA à la hausse au niveau au moins du SNMG. Il faut également inciter les employeurs à appliquer la loi et surtout prévoir un quota de logements pour cette frange de la société. Il est aussi impératif de construire plus de centres d’accueil et de formation professionnelle spécialisés. La société civile, les bienfaiteurs sont également invités à être plus généreux. En somme, c’est l’affaire de tout le monde.
Justement, qu’est ce qu’a fait votre APW à l’égard de cette frange ?
Depuis notre prise de fonction en 2012, nous avons réellement pensé à cette catégorie sociale en relevant la subvention réservée aux associations à caractère social de 5 à 20 millions de dinars. On a également voté un montant de 6 millions de dinars à la DAS et 7 millions de dinars pour l’achat du matériel pour les handicapés, lequel (le matériel) a d’ailleurs été distribué aux associations. Nous avons encouragé la création d’associations à caractère social dont le nombre était de 60 avant 2012 mais qui est passé actuellement à 120. Cette année, notre assemblée vient de voter un montant de 10 millions de dinars pour l’acquisition du matériel orthopédique. Notre assemblée restera toujours à l’écoute et est disponible pour accompagner et soutenir avec tous les moyens disponibles cette catégorie de la société.
Nous vous laissons le soin de conclure…
Nous appelons d’abord les personnes handicapées et leur parents à se rapprocher du mouvement associatif pour connaître leurs droits et bénéficier des mécanismes prévus par l’Etat. Nous tenons à l’encourager, lui qui comble bien des lacunes et qui fait de très bonnes choses au profit des personnes handicapées. Enfin, merci à votre quotidien pour le travail de proximité qu’il accomplit quotidiennement.
Propos recueillis par Hocine Taib