Engouement pour l'apprentissage de tamazight

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Deux mois après le coup d'envoi de l'enseignement de tamazight pour adultes, au siège de l'association ‘’Iqra’’ à la cité Ibn Khaldoun de Boumerdès, le groupe pédagogique affiche un intérêt de plus en plus grandissant pour cette matière.

«Les cours ne sont effectivement assurés que depuis le 07 novembre dernier, mais ma classe au nombre d’une quinzaine d’apprenants est très réceptive», se félicite Mme Kaci, enseignante de tamazight au collège d’Ammal. Cette dame a été désignée pour une telle mission éducative et culturelle conjointement par le haut commissariat à l’amazighité et l’association nationale de l’alphabétisation des adultes. En présence des responsables des deux institutions étatiques citées, Hachemi Issaad et Mme Aicha Barki, Mme Kaci a animé une leçon expérimentale face à un groupe de femmes qui étaient fortement impressionnées et intéressées.

Appliquant la méthode de l’approche par compétence s’appuyant sur les facultés de l’élève et de ses connaissances de base, l’enseignante a abordé hier, en milieu de journée, la leçon se rapportant au verbe ‘’Amyay’’. Après avoir demandé aux apprenants des deux sexes des exemples sur ce vocable exprimant l’action ou l’état, elle passera aux temps de conjugaison qui sont au nombre de trois: le présent avec sa variante de futur proche (umrir ), le passé (izri) et le futur (annad). Employant dans le même contexte d’autres exemples, en les traduisant en arabe et en français, elle expliquera les formes affirmative et négative. Des exercices ponctueront le cours et ce pour s’assurer que ses étudiants l’ont parfaitement assimilé. Les précédentes leçons avaient été consacrées aux chiffres, comme prélude à l’apprentissage des mathématiques. Mais déjà les apprenants ne cachent point leur contentement d’avoir appris à compter en tamazight, en dépassant largement les chiffres connus de tous. «Quelle joie de savoir, après toutes ces années, que le chiffre 100 signifie tiwinest et que le nombre 1000 est synonyme de igim», nous a confié une quinquagénaire, en avouant qu’elle ne connaissait jusque-là que les deux premiers nombres, comme la très grande majorité des Algériens. Ce chapitre avait été précédé par une série de leçons sur l’alphabet amazigh, qui se compose de 33 lettres. Et pour chaque lettre, Mme Kaci utilisait judicieusement des vocables ou des verbes auxquels elle donnait des synonymes, qui différent parfois d’une région à une autre. Les différents dialectes qui composent la langue amazighe, aussi bien en Algérie qu’ailleurs au Maghreb, en Egypte ou aux Iles Canaries, seront rappelés à ces apprenants, lesquels disposeront gratuitement d’un manuel scolaire à partir de janvier 2016. Des voyages à destination de Ouargla, Oran et Aïn Defla seront programmés au début du mois prochain, entre le 9 et le 11, au profit d’une dizaine d’élèves. Ils y rencontreront d’autres apprenants adultes de tamazight pour un échange fructueux de connaissances et d’expériences. D’autres groupes d’apprenants bénéficieront, eux aussi, d’excursions vers d’autres wilayas concernées, à partir de cette année, par l’apprentissage de tamazight pour adultes. A tout âge, l’être humain s’ouvre à la connaissance. Inscrits à ces cours, le président de l’association des donneurs de sang, M. Djemaoune et son épouse, septuagénaires tous les deux, en donnent le meilleur l’exemple.

Salim Haddou

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