Thizi Larbaâ, un petit hameau composé d’un pâté d’environ 25 maisons collées les unes aux autres, est classé zone déshéritée. Il est livré à lui-même. Perché sur un monticule dominant toute la vallée d’Akbou, il attend toujours des autorités locales des projets qui pourront le sortir de sa léthargie.Administrativement, il dépend de la commune de Seddouk, mais ils sont rares les Seddoukois qui ont entendu parler de lui, car il est situé à quelques encablures du chef-lieu communal d’Amalou et presque tout le monde le considère comme Amaloucien. Il croule sous moult difficultés, ce qui a fait que certains de ses habitants ont préféré déguerpir des lieux pour une vie meilleure en ville ; d’autres résistent encore aux affres d’une vie difficile, faite d’indigence et de précarité absolue où l’absence de moyens est criante. Pour s’y rendre, on emprunte la piste sinueuse et caillouteuse qui serpente sur environ trois kilomètres, à partir de la CAPCS de Bizou, laquelle piste est dans un état de détérioration avancée. Truffée de saillies, de nids-de-poules et de mares d’eau qui rendent la circulation automobile difficile de par la gadoue qui fait glisser les roues de voitures en hiver, et la poussière qui se soulève en été, provoquant l’affaiblissement de la visibilité. “La piste desservant le village et ce depuis son ouverture, n’a jamais été revêtue même pas d’une couche de TVO”, a tenu à témoigner un habitant, en l’occurrence Farah Arabe, lequel a soulevé, par ailleurs, le problème de l’absence d’un réseau d’assainissement des eaux usées. “Chaque maison possède sa fosse septique. Le plus dur pour nous, c’est lorsque l’une d’elles est pleine et laisse dégager des odeurs nauséabondes intenables, faisant proliférer les mouches et les moustiques”, renchérit-il. La principale et unique ruelle, qui est un chemin sans issue, partage en deux des maisons dont certaines nouvellement construites, d’autres rafistolées dans leur style original ou frisant l’effondrement ou simplement tombées en ruines. Celle-ci n’a jamais connu d’aménagement et, de par son étroitesse, permet juste le passage à pied ou à dos de mulet. “Ceux qui ont des véhicules les garent à l’entrée du village. La municipalité peut nous faciliter l’accès par des moyens carrossables par l’ouverture d’une piste que nous avons envisagée il y a belle lurette”, abonde notre interlocuteur qui met en avant, cette fois-ci, la scolarité difficile des enfants. “Nos écoliers font environ trois km à pieds pour rejoindre l’école primaire, située à Biziou. L’absence d’une cantine scolaire les oblige à rentrer à la maison, même à midi, pour manger et retourner ensuite”, se lamente ce parent d’élève.Abondant dans la foulée, il met en évidence l’absence d’une mosquée. “Les fidèles, pour accomplir leur devoir, notamment le vendredi, se déplacent jusqu’à la mosquée de Biziou”, se désole-t-il. Evoquant les pénuries d’eau récurrentes, en été, qui durent des lustres, il dira à cet effet : “L’eau en été est un vrai casse-tête chinois. Durant les pannes fréquentes qui durent une semaine ou plus, nous nous débrouillons seuls pour aller chercher ce précieux liquide des puits du voisinage”. Enfin, il a mis l’accent sur l’éclairage public qui fait défaut. “La nuit, on reste cloîtré à la maison par manque d’éclairage public”, regrette-t-il. Aux dernières nouvelles nous avons appris, auprès du président de l’APC de Seddouk, que la piste reliant le CW141 à Tizi Larbaâ a été projetée dans les PCD prévisionnels de l’année en cours. Ainsi, si le projet venait à être accordé par la wilaya, la chaussée serait revêtue de TVO (tout venant). Mine de rien, et même si tout n’est pas encore acquis, un net espoir fait jubiler les habitants en apprenant la bonne information.Quoi qu’il en soit, ce village s’efface doucement sous d’innombrables problèmes insidieux qui rongent ses habitants, ces damnés de la terre – on ne peut dire mieux – qui ne savent pas à quel saint se vouer pour qu’un représentant de l’Etat attentionné décide de prendre en charge leurs déboires quotidiens en les tirant du fond des abysses.
L. Beddar