La réapparition, sur le marché du lait en sachet après sa disparition des étals pendant quelques jours, a renoué les consommateurs de la commune d’Aïn El Hammam, avec la psychose des pénuries sporadiques de ce produit, auxquelles ils sont maintenant habitués. Du coup, les arrivages sont pris d’assaut par une foule, insatiable quelles que soient les quantités mises en ventes. D’interminables chaines se sont formées, jeudi dernier, devant les points de vente de ce produit prisé surtout par les petites et moyennes bourses qui, comme le dit un citoyen, «ne peuvent se permettre le lait en poudre, hors de prix». «C’est surtout parce que j’ai des enfants à la maison, que je viens faire la chaine, sinon, les adultes peuvent prendre le thé» nous confie Da Makhlouf, un sexagénaire. Comme à chaque pénurie, les vieux réflexes reviennent. En position «de force», les commerçants favorisent leurs clients habituels et se justifient : «ce sont eux qui m’achètent les autres produits pendant tout le mois. Je ne peux pas les mettre sur le même pied d’égalité que les clients de passage». Tous acceptent ses arguments de peur de ne pas recevoir leurs deux sachets qu’il distribue comme «s’il nous faisait la charité», disent en aparté les clients. Intrigués par le manque de demande chez un distributeur qui avait présenté une vingtaine de bacs pleins à craquer, nous demandons combien de sachets on peut acheter. «Autant que vous voulez, à condition que vous preniez aussi un sachet de lait de vache (à cinquante dinars), pour deux laits à vingt cinq dinars», répondra-t-on. Un lot qui, tout compte fait, revient à cent dinars, soit à près de trente cinq dinars le litre. Inutile de demander des explications, sachant que le même revendeur qui avait déjà procédé à la même opération de vente, avait, à l’époque, mis cette pratique sur le dos des distributeurs. Pris dans le tourbillon de la pénurie du lait en sachet, les consommateurs en sont arrivés à oublier tout autre sujet de l’actualité nationale. Les «chainards» ne parlent que de la meilleure façon de renflouer les stocks. S’ils arrivent à se débrouiller huit sachets par jour, c’est grâce au centre commercial du centre-ville qui «dépanne» les citoyens à chaque pénurie.
A.O.T.