«Les étudiants doivent contribuer à la gouvernance de l’université»

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A l’initiative de la faculté des sciences de gestion commerciales et économiques de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, une conférence abordant les franchises universitaires, l’éthique et la déontologie, a été animée, hier, à l’auditorium de Hasnaoua, par le professeur Dahmani. La conférence se voulait la dernière prestation à l’université avant son départ à la retraite, de ce professeur en économie qui a tant donné à l’université algérienne, celle de Tizi-Ouzou en particulier. Avant d’entamer sa conférence, le professeur s’est adressé à la salle pleine d’étudiants, les exhortant à ne pas prendre la conférence pour une cérémonie d’adieu. Le professeur Dahmani a exprimé par ailleurs, son regret quant au mauvais sort qui réservé à l’université algérienne, et plus singulièrement à celle de Tizi-Ouzou : «Si l’on ne parle qu’en termes de propreté nos universités sont les plus sales au monde. En Tunisie, au Maroc et même en Afrique noire, où je me suis déjà produit, les universités sont beaucoup plus acceptables que les nôtres», dira le conférencier, avant d’ajouter : «Cette saleté m’a fait accélérer les démarches de mon départ à la retraite». M. Dahmani remontera ensuite aux origines de l’université dont il dira : «au début, vers 1220, l’université en Europe formait des gens pour la fonction urbaine tels les comptables et les administrateurs, mais l’université a été créée dans le but de mettre fin à la mainmise des religieux, des nobles et de la royauté sur le savoir qu’assurait l’église, et généraliser le privilège d’accès aux études à toutes les classes sociales». Concernant l’université de Tizi-Ouzou, l’orateur dira : «Comme un grand nombre de jeunes de Tizi-Ouzou étaient étudiants à l’université d’Alger, les responsables du secteur en 1977 ont opté pour une université sous forme de locaux à Tizi-Ouzou.» Le Professeur présentera ensuite l’université les principes et les lois qui la gèrent dans ses trois concepts : franchises de l’université éthique et déontologie : «Grace à l’université même les enfants issus des classes les plus modestes de la société ont la chance de devenir médecins, ingénieurs… devenir tout simplement des cadres d’Etat, chose qui n’existait pas avant où le Savoir était réservé uniquement aux hommes de l’église, la classe des nobles et la royauté d’où le grand intérêt de préserver, aujourd’hui, ce bijou acquis». Le professeur nommera l’éthique, la déontologie, franchises universitaires auxquelles il ajoutera la gouvernance, le règlement intérieur ainsi que la laïcisation de l’établissement pédagogique, comme des piliers sur lesquels l’université est posée. Pour l’éthique, dira-t-il, «c’est l’ensemble des règles morales individuelles non écrites, dans le sens où chacun sais réellement quel comportement est attendu de son statut d’étudiant, d’enseignant, d’agent de sécurité… et ce, contrairement aux règles de la déontologie qui sont écrites et codifiées et auxquelles tout le monde peut se référer concrètement. Pour les franchises universitaires, elles protègent l’université la liberté d’expression et de la recherche, et ces franchises ne doivent être franchies par aucune tutelle ni autorité quelles qu’elles soient». Enchaînant sur la gouvernance, le règlement intérieur et la laïcisation, le professeur dira : «Les étudiants, les enseignants et les ATS doivent contribuer à la gouvernance de l’université. Le règlement intérieur doit être clair, afin que chacun puisse s’assigner ses devoirs et s’offrir ses droits. La laïcisation de l’université doit aussi avoir lieu. Il n’y a pas de couleurs, ni politique ni de peau, à l’université». Au terme de la conférence, le professeur Dahmani a avoué qu’il allait désormais consacrer son temps à la réalisation de son projet à lui et son groupe, qui consiste en un musée de céramique à Tizi-Ouzou. Il dira : «Plus de 45 000 pièces ayant rapport au patrimoine de notre région sont collectionnées et il reste juste de trouver une assiette de terrain pour la réalisation du projet, puisque financièrement il sera pris en charges par les responsables de la culture nationale».

Noureddine Tidjedam

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