Tribulations pour un sachet de lait

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Dans la ville de Béjaïa, acheter un sachet de lait à 25 DA relève, ces derniers jours, d’un véritable parcours du combattant.

C’est-à-dire carrément de l’impossible quels que soit le magasin d’alimentation générale ou la supérette à laquelle vous vous présentez. On vous dira toujours qu’il n’y en a plus : toutes les caisses de lait ont été vendues et pour preuve, il vous montera quelques coulées de lait sur le trottoir où sont empilées les caisses vides ou de revenir plus tard, car le livreur de lait n’est pas encore passé. Si vous revenez à l’heure indiquée, parce que vous tenez vraiment à votre sachet, dans la majeure partie des cas, il osera vous dire que le camion de lait ne passera pas ce jour-là. Ce sera, donc, pour le lendemain après-midi si Dieu le veut. Cependant, il arrive parfois que roulant en voiture ou passant dans un bus et au moment où vous vous y attendez le moins, comme par surprise, vous voyez sur le trottoir vingt ou trente personnes en train de faire la chaîne pour acheter du lait. Là vous vous garez illico-presto au prochain créneau qui s’offre à vous ou vous descendez au prochain arrêt pour revenir en courant vous mettre en queue de la chaîne et attendre que votre tour arrive. Et commence alors la progression vers la pile de caisses de lait. Vous avancez demi-pas par demi-pas et vous priez Dieu et les saints que votre tour arrive avant que les sachets de lait ne soient épuisés. Vous jetez un coup d’œil par-dessus votre épaule et vous constatez, avec une certaine satisfaction, que vous n’êtes plus le dernier, la chaine s’est considérablement allongée derrière vous et cela vous encourage à tenir le coup. Lorsqu’il ne restera que deux ou trois personnes entre vous et le vendeur, vous apprendrez par des discussions parfois très vives que le vendeur oblige systématiquement tous les clients à prendre en plus des quatre sachets à 25 DA l’unité un autre, soi-disant de lait de vache, alors que son prix normal est fixé à 45 DA, à 60, 65 ou 70 DA, voire plus suivant l’humeur du commerçant qui a, d’ailleurs, préparé à l’avance des lots de quatre sachets plus un (4 + 1) à prendre ou à laisser. « La vente concomitante est interdite par la loi », commente un client dans la chaîne. Exacte, lui rétorque un autre derrière lui, «mais sur du papier seulement, pas dans les faits».

B. Mouhoub

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