Les travailleurs du chantier « persécutés »

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Les travailleurs du chantier de réalisation des 2000 logements AADL à Tizi-Ouzou dénoncent «la persécution» subie de la part de l’entreprise Turque «GURBAG», chargée de la réalisation du projet et qui leur refuse le droit de s’organiser en section syndicale.

Ce n’est pas la première fois qu’un maître d’ouvrage étranger, chargé de la réalisation d’un quelconque projet, réfute aux travailleurs le droit de s’organiser en section syndicale. Les travailleurs s’en retrouvent à chaque fois «sanctionnés» de manière arbitraire. Une situation vécue, cette fois-ci, par les travailleurs du chantier de réalisation du projet de 2000 logements AADL de Tizi-Ouzou. Les travailleurs ont, en effet, dénoncé «la persécution» dont ils font objet de la part de leur employeur. Cette situation à laquelle ils font face est le résultat de leur décision de former une section syndicale pour défendre leurs droits. Depuis quelque temps, les ouvriers du chantier, à travers la section syndicale mise à pied d’œuvre, sont affiliés à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). De son côté l’entreprise rejette catégoriquement ce genre d’initiative. Dans une lettre adressée par l’Union locale de Tizi-Ouzou au Premier ministre, dont nous détenons une copie, le syndicat dénonce une telle position de la part de l’entreprise, défendant le droit de tout travailleur de s’organiser en section syndicale afin, écrit-t-on, de «défendre leur dignité et leurs droits moraux et matériels». Il rappelle, d’ailleurs, qu’il s’agit là «d’une réglementation et de textes fondamentaux du pays qui consacre le droit syndical comme un acquis», sauf que les responsables de l’entreprise en question «faisant-fi» de cette réglementation, «refusent tout mise en place d’un cadre syndical», écrit-t-on dans la lettre adressée au chef du gouvernement. Ils vont plus loin et déclarent que ces mêmes responsables de l’entreprise agissent en véritables despotes, en prenant les travailleurs algériens pour leurs esclaves pour qui tout droit de revendication est banni de leur jargon. Le syndicat estime aussi que la dignité et les droits moraux et matériels des ouvriers s’en retrouvent «bafoués». Dans le même document, on reproche aussi à la direction de l’entreprise d’avoir renié les engagements pris par son directeur de projet et qui consiste en la réintégration immédiate des neuf (09) travailleurs licenciés et la reconnaissance de la section syndicale. Poursuivant dans sa dénonciation, l’union de wilaya souligne qu’ «au lieu d’exécuter les décisions de ce PV signé conjointement par notre instance et le directeur du projet, cette direction est allée jusqu’à ester en justice les travailleurs dont le seul tort est de défendre leurs droits fondamentaux». Un peu pus loin dans la lettre de l’UGTA, on estime que l’entreprise supposée donner un toit aux algériens grâce à l’argent de ces derniers, accuse un retard dans la livraison du projet, ajoutant qu’elle fait tout pour avilir les travailleurs algériens au moment même où ces derniers fêtent le 60ème anniversaire de la création de l’UGTA. Il est à rappeler que cette même situation a été vécue par les travailleurs du chantier de réalisation du transport par câble à Tizi-Ouzou. Les travailleurs avaient vu leur relation se dégrader avec l’employeur, l’entreprise SNC BA.P.IVA en l’occurrence, dès l’annonce de la création d’une section syndicale. Ils ont, d’ailleurs, initié une grève illimitée afin de dénoncer les sanctions arbitraires prises par la direction suite à la décision de la mise en place de cette organisation syndicale. Et là ce n’est que des échantillons de cas de travailleurs sur les chantiers persécutés par les entreprises en charge de réalisation de projets parfois d’envergures. Mais souvent les ouvriers préfèrent se taire et endurer au risque de se voir mis dehors. Ainsi, des dures conditions de travail, à l’absence de conditions de sécurité des travailleurs, en passant par la déclaration de ces derniers à la caisse des assurances, il semblerait que tous les écarts sont permis sur les chantiers.

Tassadit Ch.

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