Chakib Khelil fait des pieds de nez à Santa Cruz, le Roi Philippe pleure Bruxelles et regrette que «ce 22 mars ne sera plus jamais une journée comme les autres», le député spécifique de ksar Boukhari est remis sur le tapis de la vulgarité le FFCD et le FLRND se disputent la journée du 30 mars et un peuple qui n’a d’yeux que pour le cours du Brent et les indices pluviométriques, Lbachir la Besace attend toujours sa coulée… Pendant ce temps, d’étranges étrangers bivouaquent à l’entrée d’At Rgad. Ghilas, un ado de quinze ans, le premier à les avoir vus, donne l’alerte. «On ne voit que leurs yeux. Ils portent des kachabias et des pantacourts. Ils parlent comme dans les dix commandements doublés en arabe», décrit-il à Tajmait, les étrangers, avant de conclure : «J’ai vu un documentaire sur National géographie qui parlait d’hommes des cavernes, ces étrangers leurs ressemblent comme deux gouttes d’eau». Da Militant a tout de suite compris qui étaient ces étrangers. Il va voir Sadiya n l’Euro, Kaci l’Angoisse et le vieux Dezdeg.
– Ils sont là !
– Qui ça ?, lui demande Kaci Dezdeg
– Les salafistes wahabistes.
– C’est quoi ça ? demande à son tour Sadiya n l’Euro. Da Militant essaye tant bien que mal d’expliquer à son ainée ce qu’est un salafiste wahabiste. Elle ne le laissera pas finir :
– Tu ne pouvais pas dire tout simplement terroriste !
– Euh… oui. Allons les voir ! tu viens Kaci ?
– Non, j’ai mieux à faire : je découvre «Ighil d wefru» de Salem Zenia. Un quart d’heure après, ils se plantent en face des cinq étrangers.
– Azul fella-awen ! Les salue Sadiya n l’Euro
– Salem wa rahmatu lah taâla wa barakatuhu, répondent-ils en chœur et en détournant les yeux.
– Que faites-vous à At Rgad ? Qu’êtes-vous venus vendre ? Que peut-on faire pour vous ?
– Nous sommes venus répandre la parole d’Allah dans cette contrée athée, répond l’un d’eux la tête baissée.
– Vous êtes très gentils, mais la parole d’Allah, de Dieu, de Jésus, de Bouddha et de Nietzsche nous en avons à en revendre, intervient le vieux Dezdeg.
– C’est qui ce Nietzsche ? demande Sadiya à Rezki
– C’est le Dieu de ceux qui n’en ont pas !
– Que Allah vous pardonne !, réagit un autre salafiste en levant les mains vers le ciel.
– Écoutez, vous m’avez l’air fatigués et affamés. Reposez-vous quelques instants, on va vous chercher à manger. Mais d’abord, vous vous laverez et raserez vos barbes qui empêchent Allah de vous voir. Après ça, libérez les lieux. Je vous conseille de vous rendre chez les Deach y répandre la parole d’Allah, je vous conseille de la combiner avec celle de Nietzsche.
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr

